Kristen est en couverture du magazine français des cinémas UGC Illimité - Édition Spéciale Festival de Cannes (Mai 2016), magazine dans lequel elle parle de Jesse Eisenberg, Woody Allen, Café Society ou encore le Festival de Cannes 2016.
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BELLA CIAO ?
Rendue plus 'femme' dans le Café Society de Woody Allen, Kristen
Stewart y dit-elle pour autant adieu à sa légendaire capacité à séduire en tomboy
évanescent ? Pas sûr.
Par Anouk
Brissac | Photos © Gravier Productions,
Inc., Photographer - Sabrina Lantos
Woody Allen l’a voulue
plus féminine que jamais. Les jambes tantôt nues sous des jupes très courtes,
tantôt drapées d’un
fourreau, une étole de dame en fourrure à portée de main. Dans Café Society, il
est loin l’éternel sweat à capuche de Bella (Twilight), la princesse gothique
qui fit d’elle une étoile, le même qu’elle arbore comme une seconde peau dans
la 'vraie vie', préférant les oripeaux grunge aux tralalas de jolie fille. Mais
si Allen est parvenu à la relooker en poupée coquette, il se heurte à une
réalité qui colle aux baskets – pourries – de l’actrice : celle d’être
parfaitement indifférente au bruit que provoque sa beauté, pourtant
assourdissant.
D’imposer, envers et
contre tous ceux qui la filment, un profil obstinément bas vis-à-vis de sa
capacité à séduire, en un clin d’œil couleur menthe voilé d’une mèche noire, le
moindre spectateur. Alors oui, quand Vonnie fait son apparition dans Café
Society il est immédiatement entendu que l’objet du désir, ce sera (encore)
elle. Que les hommes de l’histoire sombreront dans ses bras ou dans le chagrin selon
qu’elle les considérera, ou pas. Mais très vite la nature discrète et passive
de ’actrice, qu’on aime et qu’on guettait, reprend le dessus. Et l’on retrouve
alors le garçon manqué au regard inquiet, cette allure gauche et juvénile et ce
sourire gentil qui confèrent à Stewart un pouvoir qui vire à l’envoûtement, au
sortilège, et même à la douleur qu’implique toute claque esthétique. D’autant
plus retentissante qu’elle est inoffensive.
'K-Stew' est la
nouvelle égérie de Mister Woody, qui fait d’elle l’appât irrépressible de Café Society,
confirmant au passage l’implantation de la mégastar de 26 ans dans le cinéma
d’auteur.
Illimité lui a passé
un coup de fil à Los Angeles, histoire de débriefer. C’est parti ma Kiki.
UGC Illimité: Vous voilà chez Woody Allen ! La consécration
et la légitimation ultimes non ?
Kristen Stewart : Quand j’ai passé l’audition, mon premier gros
challenge a été de vaincre mon manque d’assurance. J’étais
tétanisée à l’idée de bosser avec un tel monument, et dans son univers si singulier, avec son
propre vocabulaire 'allénien'. Si tu t’en sors pas avec ses codes, c’est mort. J’ai auditionné
sans avoir lu le script, sans avoir la moindre idée du sujet du film. On m’a juste donné une
feuille volante avec quelques dialogues. Mais bon, c’est tellement bien écrit un
film de Woody Allen, tellement malin...
UGC Illimité : Il vous a bichonnée, genre 'la petite nouvelle' ?
Kristen : Ses
films, c’est de l’artisanat de luxe, de l’orfèvrerie de grand maître. Sur le
plateau, il t’emmène dans son monde. Il fait tout pour que tu te sentes à
l’aise, pour t’amuser, si bien que, à la fin de la journée de tournage, tu n’as
pas du tout le sentiment d’avoir travaillé.
UGC Illimité : Je voudrais revenir sur ce que vous avez dit :
vous auditionnez encore pour décrocher un rôle ?!
Kristen Stewart : Oui !
Mon personnage, Vonnie, on ne peut pas faire plus éloigné de ceux que j’ai
incarnés avant. Elle est légère, pétillante, des qualités que je ne dégage pas
naturellement. J’imagine qu’il voulait s’assurer que j’étais capable de les jouer.
Vous savez, ça ne me pose aucun problème de passer des auditions. C’est rare
mais ça m’irait qu’on me le demande plus souvent. J’aime me prouver que je
mérite ce que j’ai. Et ça donne confiance d’être choisie après avoir été «
jugée sur pièce ».
UGC Illimité : En effet, Vonnie est souriante et candide, elle
virevolte dans de petites robes avec un nœud dans les cheveux. Ça va faire drôle
au public qui vous connaît surtout énigmatique et taiseuse...
Kristen : Encore
une fois, c’est si bien écrit que je n’ai pas eu beaucoup à faire pour me
glisser dans
ses jupes. J’ai
travaillé mon accent californien, tout en veillant à rester naturelle, pas 'cartoonesque'. Et surtout j’avais comme partenaire Jesse (Eisenberg), avec qui
j’ai déjà beaucoup tourné (Adventureland : un job d’été à éviter en 2008 et American
Ultra en 2015). On est amis, on s’est vus grandir sur ces trois films. C’est
drôle d’ailleurs, de voir l’évolution dans le temps des trois couples qu’on a
formés, des gosses innocents jusqu’à la dure réalité de la vie, les mauvais
choix sentimentaux... Entre nous, ça colle et ça décolle ! On peut vite avoir un
côté nerd tous les deux. Du coup, je suis à l’aise avec lui. Je n’ai honte de
rien, c’est LE partenaire qui sait me détendre.
UGC Illimité : D’autant que vous n’avez aucune technique à
laquelle vous raccrocher en cas de loupé. Vous revendiquez n’avoir jamais pris
de cours de théâtre, ne pas travailler avec un coach et préférer l’impro ...
Kristen Stewart : Je ne
suis pas contre, c’est juste que, jusqu’à présent, aucun de mes rôles ne
nécessitait de coach. Si j’en
décrochais un qui me demandait d’accéder à des zones émotionnelles que je n’ai
jamais explorées, j’y penserais. Mais même les répétitions en amont me gênent. Elles
flinguent ce que je peux donner dès que la caméra tourne, le vertige de la
première prise. Elles tuent le réel, l’instant, on tombe dans l’imitation de la
vie, et alors je ne pense plus qu’au fait que tout est 'pour de faux'. Être
coachée, c’est comme faire une thérapie. Tu finis par te connaître si bien que,
face à une situation, tu sais quel levier actionner pour avoir la bonne
réaction. Cet aspect intentionnel me gêne. Moi j’ai besoin de trembler de peur,
de nerfs, d’énergie, pas d’être bien préparée et confiante. C’est pas très pro
? Faux, c’est ainsi que j’ai construit ma carrière donc c’est que ça fonctionne
avec moi. Jusqu’à présent du moins (rires) !
UGC Illimité : Café Society épingle la cruauté d’Hollywood, la
célébrité, le star system, des impondérables de votre métier que vous déplorez
publiquement. Déjà, dans Sils Maria d’Olivier Assayas, en vous glissant dans la
peau de l’assistante d’une star de cinéma, vous leur disiez, en substance, un
gros 'merde' ...
Kristen Stewart : Je ne
dis pas 'Fuck you' à la célébrité. J’adore mon métier et, oui, je déplore ses
à-côtés mais, vous savez, les films et ce qu’on y dit, c’est de la fiction
hein, c’est faux ...
UGC Illimité : Certes, mais quand
même. Robert Pattinson et vous êtes devenus des stars planétaires avec Twilight. La saga achevée, lui
joue un chauffeur de stars hystériques dans Maps to The Stars tandis que vous
faites Sils Maria et qu’on vous verra cet automne dans Personal Shopper, toujours
d’Assayas, où vous serez encore au service d’une célébrité. Ça ne raconte rien
ça, selon vous ?
Kristen Stewart : Peut-être
que ces personnages dans la peau d’une autre actrice n’auraient pas sonné si pertinents,
en effet. Si un metteur en scène veut parler de ça, alors oui, ça raconte
quelque chose qu’il confie ces rôles à des gens qui connaissent bien de quoi il
retourne, qui ont vraiment mais alors vraiment mis les mains dedans. Olivier et
Woody Allen ont compris ça ...
UGC Illimité : Après Twilight, ce genre de cinéastes, vous
avez pris conscience que vous vouliez vous en rapprocher, histoire d’effacer un
peu l’impact Bella Swan-teen idol-saga young adult ?
Kristen : Je n’ai
jamais rien fait dans ce but précis, même si j’ai conscience que cet impact est
très fort. Dans mes choix il y a aussi l’aspect 'vie'. Même un film moyen, s’il
me permet de vivre une expérience forte, je fonce, sans prendre à chaque fois
la précaution de vouloir être dans un chef-d’œuvre. Pas de choix de carrière
stratégiques ou trop précautionneux.
UGC Illimité : Mais c’est important tout de même d’être adoubée
par l’intelligentsia ...
Kristen Stewart : Je suis
consciente que c’est cool d’être associée à ce type de cinéastes. En tant
qu’actrice américaine, travailler hors de chez soi c’est une chance. Il y a une
vraie différence avec les États-Unis, c’est la prise de risque et la motivation.
À l’image d’Olivier ils ne vendent pas leur âme. En France les gens ne font pas
des films pour l’argent et devenir célèbres, ils les font par passion, tout
entiers, par nécessité et sans concession.
UGC Illimité : Merci pour elle. Elle vous le rend bien, Cannes
a sélectionné Café Society et Personal Shopper ...
Kristen Stewart : C’est
mon tapis rouge préféré entre tous les tapis rouges du monde ! Vous savez
pourquoi ? Vous n’êtes obligée de parler à personne, personne ne vous parle et
vous ne montez pas seule mais avec tout le casting et le réalisateur. Vous
regardez le film et comme dans la salle on sent tous les fantômes prestigieux
du passé, même si tout le monde déteste le film, ça se passe bien. C’est cool.
Source : asp.zone-secure.net
Très bon article ! Merci de nous l'avoir fait partager :). Kristen est vraiment une perle rare, quelle artrice et quelle personne surtout !
RépondreSupprimerEst-ce que vous avez des infos sur la projection spéciale dont ils parlent dans l'article ?
Excellente journée