samedi 3 août 2019

Kristen en couverture du magazine Vanity Fair [Septembre 2019]

A l'occasion de la sortie de Charlie's Angels, à l'automne prochain (le 30 octobre en France), Kristen fait la couverture du magazine américain Vanity Fair, pour son édition de septembre 2019, avec un photoshoot réalisé par le photographe Alasdair McLellan.
Dans une longue interview, elle parle de son futur rôle d'Ange dans le film réalisé par Elizabeth Banks, de
 la saga Twilight, de sa vie amoureuse, des fantômes, de ses projets futurs notamment l'adaptation de The Chronology Of Water.
Les cinéastes Olivier Assayas et Elizabeth Banks mentionnent l'actrice tout comme l'auteure Lidia Yuknavitch, dont le livre sera prochainement adapté sur grand écran par Kristen. 







Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs.

En couverture : Kristen Stewart la joue cool !

Charlie’s Angels, Agains All Enemies [aujourd'hui Seberg], la réalisation d’un prochain long-métrage – l’actrice et muse de Chanel se tient occupée. Mais K.Stew reste toujours aussi cool alors qu’elle commence ce nouveau chapitre de sa carrière.

Par Durga CHEW-BOSE
Photographiée par Alasdair MCLELLAN
Habillée par Samira NASR

Kristen Stewart se laisse tomber sur un banc, à l’ouest du bassin de retenue du Silver Lake. Elle se met à l’aise, repoussant ses cheveux de son visage. Les cheveux en bataille du même blond que ses sourcils. Tout deux poussent. Ils ont la couleur de l’herbe sèche, conservant la mémoire de son vert passé.

Une blonde aux cheveux très courts me vient à l’esprit, laquelle sera bientôt incarné par Stewart : Jean Seberg, dans le thriller politique réalisé par Benedict Andrews, Against All Enemies. Il raconte en détails la chute fatale de la défunte actrice mis en lumière par le programme de surveillance COINSTELPRO du FBI, qui ciblé et essayé de discréditer Seberg à cause de sa relation avec Hakim Jamal et avec le parti du Black Panther.

Stewart bouge comme un acteur/auteur, si on parlait en langage Morse. Elle envoie des signaux avec son front ou une mèche rebelle de ses cheveux, transmet son appréhension à travers une énergie farouche qui se renferme dans ses épaules ou sa mâchoire. Ses yeux verts inquisiteurs – ses réponses sont données à la vitesse éclair, de manière sobre et annotée.

Elle apparaît rarement maladroite quand elle est en mouvement parce que son contrôle s’évapore un peu. Il n’y a qu’à la voir conduire une moto dans les bois (New Moon) ou rouler dans une Mustang en portant un jean troué (dans une vidéo des Rolling Stones). Elle est attirée par les émotions, créant sa propre architecture de l’impatience : sortir d’une voiture alors qu’elle n’est pas arrêtée (Personal Shopper), écouter (exaspérée) un de ses parents (Still Alice), oublier d’enlever les couverts de la serviette avant de s’en servir (Certain Women), commander des pancakes à la myrtilles (notre déjeuner).

En Novembre [en octobre en France], Stewart ouvre le reboot de Charlie’s Angels très, très blonde, dans une perruque Platinium Barbie, qui dissimule bien des secrets. Racontant l’histoire d’une ingénieure en systèmes électroniques qui sonne l’alarme et qui se cache, protégée par les Anges ; la comédie d’action réalisée par Elizabeth Banks (qui joue aussi Bosley) avec les partenaires Naomi Scott et Ella Balinska. Stewart interprète Sabina, une héritière de Park Avenue qui s’est transformé en espionne internationale. C’est une ‘andouille’ adorable, une frimeuse au grand cœur. Elle a une faiblesse pour chasser les méchants, elle est toujours dans des situations qui se jouent dans un mouchoir de poche et c’est très bien gérer la pression. Elle est constamment en train de grignoter. C’est un tournant dans la comédie pour Stewart. 'Je ne suis pas comme ça dans la vie. [Banks] mettait tous les jours des chutes sur mes blagues. J’ai tendance à sur-réfléchir les choses, je rends les choses beaucoup trop longues. Elle dit, ‘Mec, dis-le plus vite''.

'On lui a écrit beaucoup de blagues' , dit Banks. 'On a aussi beaucoup improvisé car je viens de ce milieu, ça remonte à l’époque de Wet Hot American Summer – on trouve quelque chose sur le moment', Stewart, explique Banks, 'sort autant de blagues dans ce film que n’importe quel acteur comique'. Banks a approché l’écriture pour Stewart comme si c’était une fanfiction. 'Qu’est-ce que je veux voir Kristen faire dans un film ? Genre, le fan en moi veut voir Kristen Stewart faire ça. Et puis je lui simplement fait faire'.

Vous n’allez pas attraper Stewart en train de surjouer. Elle est comme un disjoncteur. A l’écran, si elle mange un sandwich, elle est vraiment en train de manger un sandwich. Si elle essaye une robe, elle n’est pas en train de simplement poser. Elle est l’image et le ‘Coupez !’. Elle est discrète et vraiment cool ! Les facéties pleines d’actions de Charlie’s Angels (course hippique à Istanbul, utilisation des armes à feu, Krav Maga) se lie avec la comédie. Le film ne ralentie jamais, célébrant, comme c’est la tradition avec cette franchise, la PG diversion : un numéro de dans se transforme en confrontation, avec les gadgets d’espion, la couleur rose, Noah Centineo.

Ce Charlie’s Angels ressort les sensations du même genre récoltées avec le dernier film – celui sorti il y a 20 ans, avec Drew Barrymore, Cameron Diaz et Lucy Liu. C’est une bonne chose. C’est extra-léger et agréablement décalé. Le style d’atmosphère qui suggère que le casting – pour le dire clairement – a aimé travailler ensemble. Je demande à Stewart pourquoi pense-t-elle le ton de Charlie’s Angels est efficace. Sa réponse est simple. C’est un film à propos 'des femmes à l’aise'.

Kristen Stewart est née le 9 Avril 1990, à Los Angeles. Elle a grandi à San Fernando Valley, avec ses parents qu’elle décrit comme « géniaux ». Leurs prénoms sont John et Jules ('C’est mieux que J-e-w-e-l-s'  dit Stewart), ils travaillent dans l’industrie du film. John est régisseur et Jules assistante de production. Son frère, Cameron est machiniste caméra. Elle a grandi dans une famille qui s’est agrandie avec l’arrivée de garçons qui sont pour des frères pour elle. 'Mes parents ont accueilli des ados seuls', dit-elle. 'Mon meilleur ami a eu une éducation très précaire et il est devenu un membre de la famille quand il avait 13 ans. Un très bon ami de mon frère vivait toujours avec nous. Sa mère était très amie avec ma mère. Nous formions une famille. Il y a toujours eu une ambiance ‘nous tous contre le monde’, ce qui était vraiment agréable et protecteur'.

Elle parle de Mickey Moore, le mentor de sa mère. Il faisait office de parrain qui travaillait avec Cecil B. DeMille sur Les 10 Commandements et John Sturges sur Gunfight At the O.K. Corral, et il a réalisé plusieurs films musicaux d’Elvis Presley. Moore était trop vieux pour vraiment faire partie du folklore de la vie de Stewart. La réalisation de film – sans extravagance – coule dans ses veines.

'Je traînais avec mes parents sur les plateaux de tournage quand j’étais petite et je leur ai demandé si je pouvais commencer à auditionner pour quelque chose, parce que je voyais les autres enfants sur le tournage. Je ne voulais même pas devenir actrice. Je voulais simplement être là', dit-elle. 'Je voulais m’enfuir du monde universitaire. Pourtant, je m’y intéresse beaucoup. Je l’admire. J’ai presque 30 ans, je me sens comme une enfant. Je ne suis pas allée à l’école. J’ai un gros vide sur mes épaules'.

Elle admire tout autant un plateau de tournage. Au téléphone, le réalisateur Olivier Assayas – qui parle de Stewart comme étant ‘sa sœur d’âme’ et avec qui il a travaillé sur Sils Maria (2014), pour lequel Stewart a reçu un César (la toute première actrice américaine), et le thriller surnaturel, Personal Shopper (2016) – mentionne sa facilité sur le tournage comme un star qui se balade, s’asseoie sur une caisse et commence à discuter avec l’équipe du film.

'Ça m’a vraiment frappé un jour. J’avais un problème : le film était trop long. A un moment j’ai dit, ‘Pourquoi ne simplifierons-nous tout simplement pas les crédits de fin. Il y a tellement de monde dans ses crédits. Personne ne les lit jamais', se rappelle Assayas. 'Et de suite, Kristen était en colère après moi. Elle a dit, ‘Qu’est-ce que tu veux dire ? Ça représente tout pour ces gens. C’est tellement important pour eux. Pour toi, c’est qu’une petite seconde. Pour eux, c’est vital''.
Quand Stewart avait 11 ans, elle a partagé l’écran avec Jodie Foster, jouant le rôle de sa fille dans le thriller de David Fincher, Panic Room. C’est un film intense qui test l’endurance au suspens de l’audience. Ca fonctionne car Stewart, comme Foster, ont développé un talent très tôt pour tout donner dans les sensations. Inquiétude, colère, pur effroi : elle les abrège.

Plus tard, Stewart a rejoint Jesse Eisenberg dans Adventureland (avec qui elle a de nouveau travaillé dans American Ultra et Café Society), ce qui l'a conduite finalement â être castée dans le rôle de Bella Swan dans Twilight, la franchise d'histoire d'amour vampirique qui a propulsé Stewart dans la stratosphère – et dans la merde – de la célébrité. Grâce à une génération de 'Twi-hards', devenus majeurs sur les réseaux sociaux au cours des cinq films, obsédés par sa relation concurrente avec la vedette Robert Pattinson, la vie privée de Stewart est devenue un spectacle de tabloïd. Ce même intérêt fébrile prospère encore. En 2017, Stewart a animé le Saturday Night Live, et dans son monologue d'ouverture, tout en racontant les onze moments différents où Donald Trump a tweeté à son sujet – tous liés à sa rupture avec Pattinson – elle a dit, 'Donald, si tu n'aimais pas, alors tu ne vas probablement pas m'aimer maintenant, parce que j'anime le SNL et je suis foutrement gay mon pote'.

M'enquérant de la vie amoureuse de Stewart – elle revoit son ex petite amie, la mannequin néo zélandaise Stella Maxwell, qui a assisté au photoshoot Vanity Fair avec elle – est futile. Stewart reste intelligente (et drôle) sur la protection de sa vie privée. Je lui demande ce qu'ellr cherche. Elle répond : 'Je ne fréquente que des personnes qui me complètent'.

L'impact de cette période de confinement dans sa vie est toujours en recul. C'est lorsque Stewart a commencé à travailler avec des réalisateurs indépendants tels que Kelly Reichardt et Assayas que son travail s'est ouvert. 'Cela m'a donné une chance de ne pas alourdir quelque chose. C'était tellement plus gros que moi. Mes bagages étaient si minuscules par rapport à l'histoire [de Reichardt et d'Assayas] en tant que cinéastes. On m'a finalement donné la chance d'être regardée, pas comme cette chose dans cette culture obsédée par les célébrités qui disait, 'Oh c'est la film de Twilight''.


Est-ce qu'elle ressent l'impact de ces malentendus ou est-elle passée à autre chose ? 'Je pense que j'ai grandi hors de cela, mais j'étais vraiment frustrée parce que je n'avais pas sauté volontairement pour être au centre d'une certaine attention, c'était comme si j'étais une abrutie. Je veux simplement que les gens m'aiment'.

L'année prochaine, Stewart adaptera à l'écran le livre de Lidia Yuknavitch, The Chronology Of Water. Les mémoires, un récit du genre, de la sexualité, de la violence et du corps, est devenu aussi viral qu'un livre peut l'être après sa parution en 2011, recueillant ainsi une communauté de lecteurs sectaire et aboutissant finalement à la lecture recommandée par le Kindle de Stewart. Avec ce film, Stewart fera ses débuts comme réalisatrice avec un long métrage, après la création d'un court métrage, Come Swim, en 2017. L'écouter parler de la première lecture de ce livre donne le sentiment d'être sacré et endoctriné, comme si Stewart était la vedette. 'La façon dont [Yuknavitch] parle du fait d'avoir un corps et de la honte de l'avoir. La façon dont elle est vraiment salle, embarrassante, étrange, dégoutante, comme fille. C'est une histoire de passage à l'âge adulte que je n'avais pas encore vu. J'ai grandi en regardant le putain d'American Pie, ces mecs qui jouissent dans leurs chaussettes comme si c'était la chose la plus normale et c'était hilarant. Imaginez une fille qui fait ça – c'est genre, si effrayant et si bizarre. J'ai l'impression d'avoir commencé à lire ses écrits et elle articulait des choses qui me ressemblaient, 'Mon pote, je n'avais pas les mots pour ça, mais merci''.

Elle a écrit un email à Yuknavitch. Leur connexion a été rapide – elles décrivent toutes les deux le destin comme un destin partagé. Stewart a depuis écrit et édité un brouillon. Elle a lu le texte à haute voix à Yuknavitch et à son mari, qui ont ensuite pleuré et se sont tenus l'un contre l'autre pendant que Stewart jetait sa copie déchirée du livre à travers la pièce. Elle était validée, soulagée.

'C'est plus difficile pour moi d'être acteur à mesure que je vieillis. Je suis plus à l'aise dans l'idée de faire quelque chose de fond en comble, plutôt que de me livrer à elle. Certains acteurs sont fous et tellement transitoires dans leur présence qu'ils peuvent tellement se convaincre et convaincre les autres à propos de tout et n'importe quoi', dit-elle. 'J'ai plus de difficulté à le faire en vieillissant'.

Ce qui fait presque chavirer Stewart la guide, la provoque à se démolir. The Chrolonogy Of Water a accédé à ce que Yuknavitch appelle 'le code nomade' de Stewart. L'actrice s'est installée à Portland pendant quelques semaines et elle a écrit : elle se garait parfois devant la maison de Yuknavitch et elle dormait dans une fourgonnette Sprinter avec son chien Cole.

Elle me dit qu'elle permet des choses ou des histoires qui se produisent dans le temps et que le miracle de l'instinct s'en mêle. 'Même s'il y a une petite palourse à ramasser dans un océan de merde, même s'il y a une scène ou une ligne, je dois me rapprocher de ça, je dois vivre ça. Il n'y a pas d'équation sur laquelle on puisse vraiment compter'.

Elle me parle du type de film qui la contraint – cela pourrait, je suppose, lui servir de boussole quand elle réalisé son propre film. 'J'adore les films qui ne prétendent rien savoir mais qui s'émaillent littéralement dans tous les sens, et puis d'une manière ou d'une autre, à la fin, on se rend compte que la seule raison pour laquelle ils ont pu le faire était parce qu'ils étaient tenus précieusement par quelqu'un, dans cet échaufaudage. J'adore Cassavetes. J'aime toutes les conneries qui nous ont fait penser que nous pouvons faire des petits films sur des sujets qui ne sont pas basés sur l'intrigue. Mais nous sommes motivés par la pensée et les explorations'. Elle parle de films non pas de manière romantique, mais comme du format plus révélateur pour arranger ce qui n'est pas fini.

Je n'ai jamais rencontré d'autre personne qui soit si cool et si synchrone de façon aussi synchrone, secouant sa jambe à plusieurs reprises tout en parlant en chaînes de réflexion. Elle semble profondément attachée à la nature collatérale de son intuition. Elle a besoin de faire bien les choses. Assayas la qualifie 'd'actrice de la première prise'. Et Stewart, réfléchissant sur sa propre écriture – le scénario, sa poésie – s'illumine lorsqu'elle me dit qu'il n'y a rien de plus satisfaisant que de trouver le mot exact pour communiquer un sentiment. 'Je me souviens d'avoir été petite et d'avoir eu une folle anxiété en pensant qu'il y avait des choses que vous ne pourriez jamais exprimer'. Cette tension particulière à laquelle elle est attachée – celle d'être ouverte à l'explicite inexpliqué mais qui est résolue à vouloir 'la transcender' – est essentielle à la puissance de Stewart.

'Elle ne s'adaptera à rien de ce que l'industrie voudra qu'elle fasse, ni à ce qu'un agent sensé lui demandera de faire. Elle s'est protégée et elle a été capable de ne faire qu'elle a jugé juste', explique Assayas, décrivant sa chorégraphie psychologique en solo dans Personal Shopper. 'J'avais peur concernant les endroits où elle allait'.

Considérant que le film est hanté et qu'il contient davantage d'éléments d'apparence, je demande à Stewart : Croyez-vous aux fantômes ? 'Je leur parle', répond-elle. 'Si je suis dans une petite ville étrange, que je fais un film et que je suis dans un appartement étrange, je me dirais littéralement, 'Non je vous en prie, je ne peux pas gérer. Tout le monde le peut, mais ça ne peut pas être moi'. Qui sait ce que les fantômes sont, mais il y a une énergie à laquelle je suis vraiment sensible. Pas seulement avec les fantômes, mais avec les gens. Les gens souillent les chambres tout le temps'.

Conduisant sa voiture – une Porsche Cayenne noire – Stewart navigue sur des routes étroites et enchaîne des virages comme si elle jouait à un jeu vidéo. 'Putain, jésus. Vous voyez ça ?'/ Je hoche la tête. 'C'est quoi ce bordel ? Ce n'est pas normal'. Elle saisit le volant à deux mains. 'Bouge !'. Sa fureur éclair monte, mais expire tout aussi rapidement. Nous parlons du français de Jean Seberg. 'Son accent actuel est merdique, mais elle prononce les mots parfaitement : 'Tr-ay-bee-ehn'. Nous parlons de l'ambiance intellectuelle de Los Angeles et de la façon dont 'les gens sont attirés puis déçus'. Nous passons devant la maison de sa première petite amie et tandis que nous grimpons dans la rue, Stewart frissonne.

Stewart n'a pas peur de s'écraser ou d'exploser, comme le dit Yuknavitch. 'Si quelque chose se passait dans le processus, elle trouverait les fragments les plus intéressants qui lui restent, et elle les ramasserait et elle continuerait. C'est une personne capable de se réinventer tous les jours. Je me force en quelque force dans ma propre vie. Lorsque je l'ai rencontrée, je me suis dit, 'Oh mon dieu, le voilà en mouvement. Le voilà dans une personne''.

Je sais de quoi Yuknavitch parle. Pendant que je traînais avec Stewart au réservoir, si les accalmies gênaient notre conversation, j'avais presque le sentiment – pas que je la déçoive, mais que j'avais oublié d'ajouter de l'argent au compteur. Que j'avais été négligente. Une inefficacité générale s'installerait et je regarderais autour de moi, espérant qu'un chien pourrait bientôt passer devant moi et s'approcherait de notre banc. 'En travaillant avec elle et en lui parlant', dit Yuknavitch, 'il y aura ces moments de feu et d'énergie, et de pulsion, et lorsque cela ne se produit pas, eh bien, à quoi ça sert ?'.

Stewart brûle en toute conscience, le présentant avec désinvolture. Même la façon dont elle s'habille, synthétisant ses racines californiennes avec un cadeau pour la beauté des fainéants, est à la fois déterminée et indifférente. Stewart évite les costumes ringards ; elle a maîtrisé le smeking sans chemise. Elle porte lunettes de soleil et des tee shirts façon crop top à l'aéroport de Los Angeles, des escarpins avec un costume Mugler pour une apparence au Tonight Show, des mocassins et un pantalon en latex noir sur le tapis rouge de Cannes. Lorsque nous nous rencontrons, elle porte un jean Levi's bleu déchiré, des Chuck Taylor noires, un tee shirt HUF troué et un collier à mailles en argent. Sa casquette est blanche ; elle la porte à l'envers.

Tout cela montre à quel point Stewart a le potentiel vestimentaire de quelqu'un qui pourrait se présenter à une avant première, abandonner ses ecarpins et marcher pieds nus (ce qu'elle a déjà fait). En tant qu'ambassadrice pour Chanel, son catalogue de looks ajoute une compétence improbable à son luxe. Elle donne au look en lamé argenté une pression basse et elle recadre la retenue de Chanel en associant une robe rose pâle à une tête rasée. Stewart est arrivé au Gala du MET de cette année vêtue d'un pantalon Chanel à paillettes blanches, d'un haut noir et de cheveux oranges ombrés, rappelant ainsi Katharine Hepburn comme si elle s'était heurtée dans un système lointain avec David Bowie.

'Avec Chanel, je n'ai jamais eu l'impreession de raconter une histoire qui n'était pas extraite de manière vraiment honnête'. De son relation avec Karl Lagerfeld, décédé en février dernier, Stewart parle avec tendresse. 'La façon dont il présente est drôle – si austère et si effrayant. Ce n'était pas le cas', dit-elle. 'Il était incroyablement invitant – incroyablement, sans prétention, d'une manière choquante. Il a aimé ce qu'il a aimé parce qu'il l'a aimé. C'était un enfoiré fantaisiste, mais c'était vrai pour lui. C'est presque comme s'il avait senti qu'il était intimidant, alors il a dit, 'Non. Avoir un cœur créatif est une tâche décourageante, mais battons-le plus vite et plus fort'. Il vous touchait toujours tout en vous parlant. Il nous a jamais parlé – s'il vous parlait, il vous tenait généralement la main', dit-elle. 'Heureusement, il savait comment laisser une trace. C'est simplement un sentiment qu'il m'a donné, une attitude attachante, encourageante qui vous façonne profondément'.

Stewart n'est pas une bonne nageuse. 'Je ne veux pas entrer dans l'eau, jamais', dit-elle. 'Si tout le monde va dans l'océan, je me dis, 'Non''. Elle lève ses mains sur sa poitrine et les plie comme des pattes. 'Lorsque je suis dans l'eau, je nage comme un chien'. J'avais demandé à Yuknavitch, dont la vie en tant que nageuse était fondamentale pour ses mémoires et ses métaphores, si elle envisageait de nager ensemble. 'Nous sommes devenues très proches', m'a dit Yuknavitch. 'C'est un peu effrayant pour Kristen, mais quand elle m'en parle, elle a ce regard magnifique. Donc, nous avons en quelque sorte cette date persistante avec le destin. Ce n'est pas grave, vous entrez dans une piscine avec quelqu'un et vous vous agitez un peu, mais à cause de ce sentiment que j'ai, que le cosmos a envoyé cette créature qui se dirigeait vers moi et qui allait changer ma vie, cela ressemble à une sorte de baptême profane'.

La relation troublée de Stewart avec l'eau à quelque chose de vulnérable et tendre à la tendresse. En fin de compte, elle est tellement prototypique que la Californie est enclin à prendre une vague. Et pourtant, la nage du petit chien. C'est le coup le plus simple, silencieux et simple. C'est celui que nous apprenons en premier et qui, étrangement, convient à Stewart. Un coup de pied propre, les yeux au-dessus de l'eau, et c'est parti. 

* Interview vidéo complète






Source Vanity Fair: 1 2

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