mardi 2 octobre 2018

Lizzie : Interview de la costumière Natalie O'Brien avec Fashionista

A l'occasion de la press junket américaine de Lizzie, la créatrice de costumes Natalie O'Brien mentionne Kristen et Chloë Sevigny et parle des recherches et de la création des costumes, du cadre historique, de sa collaboration avec les actrices et le tournage dans une interview avec Fashionista. 



Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs

La productrice et actrice Chloë Sevigny a passé près d'une décennie à porter à l'écran la dernière mise en scène de l'assassinat présumé de son père et de sa belle mère par Lizzie Borden en 1892. sa vision pour Lizzie, écrit par son ami Bryce Kass, explore les préparatifs des meurtres macabres encore non résolus et le célèbre procès de la meurtrière accusée, interprétée par Sevigny, du point de vie d'une féministe et de quelqu'un qui veut 'faire voler en éclat le patriarcat'.

En tant que décideur devant et derrière la caméra, elle était complètement investie ; elle a même passé une nuit dans la maison où le meurtre a été commis à Fall River, dans le Massachusetts (devenue aujourd'hui un musée et un 'bed and breakfast', qui ne peuvent pas être hantés, soyons honnête). Cela signifiait que tout dans le film, y compris les costumes, exigeait un dévouement méticuleux à l'authenticité. En raison du caractère salace et de la brutalité des meurtres à la hache – et du fait que les Borden étaient des membres éminents de la communauté – l'affaire était similaire au procès d'O.J. Simpson. Donc, le département des costumes avait de nombreuses vieilles photos, des croquis et de la documentation sur les procédures à analyser.

La créatrice de costumes Natalie O'Brien, qui a également habillé Elizabeth Olsen en tant qu'influenceuse à la pointe dans Intgrid Goes West, a soigneusement étudié Parallel Lives : A Social History Of Lizzie A. Borden And Her Fall River par Michael Martins et Dennis A. Binnette – une 'bible' complète au sujet de Borden.

'Il y a ce genre de détail comme le fait que Lizzie Borden portait une jupe bleue lorsque les meurtres ont eu lieu', a expliqué O'Brien au téléphone depuis Los Angeles.

Pendant environ la première moitié du film, Lizzie porte également une broche sur son col, dont les touches apportées par 'O'Brien sont visibles sur un certain nombre d'images de la tueuse accusée. Dans les coulisses, la créatrice de costumes et Sevigny ont réfléchi à une possible histoire derrière et ont décidé que la broche devait être un cadeau du père de Lizzie et le bijou le plus cher qu'elle possédait.

En tant que productrice, actrice chevronnée et icône de style, Sevigny a régulièrement contribué à ses costumes et O'Brien a salué cette collaboration. 'C'est beau de parler avec vos acteurs, et de se dire, 'Comment le voyez-vous ? Comment envisagez-vous cela ?'', explique la créatrice de costumes. '[Sevigny] a joué un rôle important dans l'histoire'.

Le rôle principal avait également une question importante et intimidante : porter tout le vintage original. 'Comme le vintage authentique des années 1890', précise O'Brien. 'Et c'est quelque chose de très difficile à conserver – et même à obtenir – donc nous étions définitivement des petits guerriers à la recherche de toutes sortes de pièces'. Lizzie a eu beaucoup de changements de costumes, y compris une robe à plissée, avec un col à volants, de couleur bleue datant de la fin du 19ème siècle, lorsqu'elle rencontre la nouvelle femme de chambre, un intérêt amoureux dramatisé et une éventuelle future complice prénommée Bridget (Kristen Stewart).

'C'était en train de s'effondrer', dit O'Brien. 'Tous les jours, il fallait que les couturières françaises les reprisent parce qu'il faut chaud à Savannah [où ils ont tourné] et tout était plus ou moins usé ça et là'. Au début du film, Lizzie se rend au théâtre dans une robe de soirée vert olive raffinée, qui suscite des compliments de la part de sa belle mère et spectatrice du spectacle acariâtre.

Le look a également été intentionnellement dissimulée pour communiquer la nature distante et protégée de Lizzie à une époque où les femmes aimaient révéler un morceau de clavicule ou une touche de décolleté (ohhh, sexy). 'Les gens se disaient à propos de ça et de Lizzie Borden, 'Ugh, quel est son problème ? Pourquoi est-elle si fermée ?'. Nous ne savons pas', ajoute O'Brien, qui a sourcé ses recherches 'partout' , y compris des maisons de location de costumes, Ebay, Etsy et des collectionneurs privés.

Une collectionneuse privée en particulier s'est montrée désireuse de prêter [des costumes] : Sevigny, elle-même, qui avait acquis un ensemble de pièces du 19ème siècle. O'Brien était initialement sceptique, car la décennie au cours de laquelle les meurtres ont eu lieu était une période très particulière de l'histoire de la mode, au cours de laquelle 'les manches bouffantes' étaient de mise. 'C'était une époque très étrange et cela n'a duré aussi longtemps que parce que c'était étrangement extravagant', déclare O'Brien. Mais elle a été agréablement surprise après avoir parcouru la collection de Sevigny, qui comprenait une robe noire à pois avec des plis magnifiques et un liseré de dentelle, que Lizzie met après les meurtres pour rencontrer la police.

'Elle avait de très beaux objets qui correspondent vraiment à l'époque', poursuit O'Brien. 'Je me suis dit, 'Wow, elle fait vraiment ses recherches depuis un moment''. Cependant, la jupe à gallons bleue de Lizzie coordonnée avec un chemisier imprimé pour le meurtre devaient être confectionnés sur mesure, en raison de la nécessité d'en avoir plusieurs – à cause du sang.

L'équipe d'O'Brien a également confectionné sur mesure des uniformes de femme de chambre pour Bridget et une garde robe type classe ouvrière composée de chandails foncés et de vestes pratiques, associés à des jupes évasées, offrant un contraste socio économique grâce à la palette de couleurs et la condition sociale. 'Lorsqu'elle arrive pour la première fois, vous pouvez voir ses chevilles et c'était un gros non', explique t-elle. 'Cela montre que Brigdet n'avait rien d'adapté à sa taille et que c'était plutôt quelque chose fait main'. Les spectateurs aux yeux d'expert peuvent également remarquer une déchirure sur l'épaule de sa veste.

O'Brien a même fait preuve d'un peu de méthode en s'assurant que tous les costumes de Bridget entrent littéralement dans la valise qu'elle apporte dans la maison des Borden. Bien qu'elle n'ait pas réussi à ajouter un uniforme de femme de chambre supplémentaire. 'Je me suis dit, 'Ok, peut être l'a t-elle fabriqué ou acheté [après son arrivée], alors je vais laisser tomber cette idée', rigole O'Brien.

On peut également remarquer – en particulier dans quelques scènes de déshabillage clés – le manque de boutons et de complexité lorsqu'il s'agit des vêtements de Bridget en comparaison aux rangées de boutons fins dans le dos [des vêtements] de Lizzie. A l'époque, les femmes d'une certaine classe avaient besoin de l'aide des domestiques pour s'habiller, ce qui permettait également un moment d'intimité entre les deux. 'Bridget n'aurait pas eu cette aide', explique O'Brien. 'Donc tout ce qu'elle portait devait être des choses qu'elle avait fait elle-même'.

À la fin des années 1800, les femmes devaient toujours porter des corsets, ce qui signifiait que les actrices avaient toutes besoin de l'aide du département des costumes pour s'habiller. 'J'amenais personnellement le corset de Fiona Shaw le matin parce qu'elle est un rayon de soleil', dit O'Brien, à propos de l'actrice qui joue la belle mère de Lizzie (et de la délicieuse énigmatique Carolyn Martens dans Killing Eve – sérieusement, toutes les personnes participant à vos émissions télévisées sont également dans ce film). Par souci d'authenticité, le fait de revêtir un costume d'époque était un processus complet. 'Cela va des jupes culottes aux chaussures, puis ensuite le corset parce qu'elles [les actrices] ne peuvent pas se pencher et mettre leurs chaussures', explique O'Brien.

Sans surprise, Sevigny s'engage également pleinement dans la situation présumée tortueuse du corset afin de s'immerger dans le personnage. 'Dans la matinée, elle venait et disait, 'Puis-je avoir mon corset ?'', dit O'Brien. 'Je disais, 'Tu n'as pas de scène avant quatre heures'. Sans surprise non plus, Stewart qui adore les jeans souples, les casquettes décontractées et les tee shirts larges en dehors des heures de tournage, n'était pas aussi heureuse d'enfiler le vêtement de base restrictif. O'Brien desserrait avec sympathie les corsets de l'actrice lorsqu'ils ne tournaient pas.

'Parfois, elle portait ses jeans sous ses robes', explique O'Brien, à propos de Stewart qui enfilait son uniforme préféré lors de gros plans. 'Je passais à côté d'elle et je disais, 'Qu'est-ce que tu fais ? Non ça n'a pas l'air authentique'. Elle disait, 'Je sais, je suis désolée''.

O'Brien lui a donné un laissez passer. 'Il y a même des images amusantes sur le plateau de tournage que les paparazzi ont prises avec son corset et son chapeau, puis elle a son jean et ses Converses ou ses Vans à ses pieds'. C'était un type d'authenticité différent de celui sur lequel O'Brien était concentrée, mais une authenticité néanmoins.



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