A quelques jours de l'ouverture du Festival de Cannes 2016, où elle sera incontestablement la vedette, Kristen se confie sur Café Society et Personal Shopper dans une interview avec Le Point. Olivier Assayas s'exprime également sur l'actrice.
Cannes : Kristen Stewart,
double jeu
La star de Twiligt
brillera à Cannes avec Café Society de Woody Allen et Personal
Shopper d'Olivier Assayas
'Je suis devenue
excessivement, ridiculeusement et stupidement célèbre à l'âge de
18 ans. C'est arrivé du jour au lendemain et ça a engendré une
industrie entière de potins capitalisant sur l'intérêt que me
portaient des gamins. Des gens ont essayé de me détraquer juste
pour avoir une bonne histoire à raconter. Je n'étais qu'une enfant,
je n'avais pas encore appris à évaluer les intentions de ceux qui
m'interviewaient. J'étais donc constamment sur la défensive et je
comprends qu'on ait pu me trouver difficile ou antipathique'. S'il y
a une chose dont Kristen Stewart ne manque pas, c'est de lucidité.
Quatre ans seulement se sont écoulés depuis la fin de Twilight, la
saga qui a transformé les vampires en princes charmants et la
comédienne en idole des adolescents, mais elle en a déjà tiré
toutes les leçons. Elle sait que, de l'époque où son visage ornait
la une de tous les tabloïds, l'opinion a gardé l'image d'une
actrice maussade, incapable de gérer sa popularité. Elle sait aussi
que la presse continuera de la présenter comme la star de Twilight,
quand elle fera l'ouverture du Festival de Cannes le 11 mai avec le
dernier film de Woody Allen, Café Society, ce alors que c'est la
troisième fois qu'elle fait ses preuves sur les marches du Palais
après Sur La Route de Walter Salles en 2012 et Sils Maria d'Olivier
Assayas en 2014. Elle le sait et elle s'en moque : le temps fera
son œuvre.
Il suffit d'ailleurs de
voir le délicieux Café Society pour s'en convaincre. Jupe
mignonnette, rose aux joues, serre-tête à nœud sur coupe au carré,
Kristen Stewart pétille comme elle n'avait jamais osé le faire dans
la peau de Vonnie, jeune secrétaire courtisée par deux hommes dans
le Hollywood des années 30. Il faut dire que c'était la condition
sine qua non de son embauche : 'C'est même pour ça que je ne
pensais pas avoir le rôle !', nous raconte t-elle. 'Vonnie est
un personnage vraiment léger et plein d'entrain. Woody m'a dit ça
ne pourrait fonctionner que si j'étais capable de déployer ce genre
d'énergie joyeuse. J'ai dû beaucoup travailler'. Le résultat est
d'autant plus fascinant qu'il n'est jamais acquis. Loin du charme et
de la pétulance innés d'une Emma Stone, la précédente muse du
réalisateur, Kristen Stewart semble toujours sur le point de
vaciller. Belle sans l'être vraiment, pleine d'une gaieté derrière
laquelle on sent confusément pointer la mélancolie, fade et
pourtant follement magnétique.
On comprend mieux Olivier
Assayas quand il affirme avoir vu en elle 'plus qu'une comédienne
talentueuse, quelqu'un d'assez unique'. Leur collaboration sur Sils
Maria aura valu à Kristen Stewart le premier Césae de la Meilleure
Actrice Dans Un Second Rôle jamais attribué à une Américaine. Il
lui aura surtout valu de gagner, selon Assayas, 'un espace de liberté
qu'elle n'avait jamais connu dans ses autres films'. 'Je suis
habituée à ce que les réalisateurs soient très directifs. Aux
Etats Unis, la plupart du temps, on t'indique ce que tu dois faire et
ressentir', confirme l’intéressée. 'Olivier, lui, est un homme de
peu de mots. De façon générale, le cinéma français est plus
intuitif'. Inspirés l'un par l'autre, ils se retrouvent dans
Personal Shopper, présenté à Cannes cette année. 'Il y a quelque
chose de l'observation de Kristen qui a fait chemin dans mon
écriture', nous confie le cinéaste français, qui a concocté pour
elle ce thriller fantastique mettant en scène une Américaine
chargée de la garde-robe d'une célébrité à Paris et endeuillée
par la mort d'un frère avec lequel elle attend de pouvoir …
communiquer ! 'J'avais envie de parler de ce tiraillement qu'on
ressent tous entre le matérialisme du monde contemporain, subi au
centuple quand on est une star comme Kristen, et la dimension intime
propre à chaque individu, hanté par ses rêves, ses fantasmes, ses
inquiétudes et, globalement, par une forme d'invisible', explique
t-il.
Ambiguïté. Twilight
signifie 'crépuscule', ce moment de la journée entre le jour et la
nuit et qui va décidément bien à Kristen Stewart, jamais aussi
elle-même que dans le clair-obscur. De son personnage Café Society,
celle qui affole les hommes – mais qui serait, signalent ceux qui
ça intéresse, actuellement en couple avec une femme (l'actrice et
chanteuse Soko) – dit sans ambages : 'J'aime que ce soit une
héroïne totalement à l'aise avec l'idée de prendre une voie non
conventionnelle. Je trouve réjouissant qu'elle n'éprouve aucune
culpabilité. Elle choisit l'un [de ses deux prétendants], elle
pourrait choisir l'autre. C'est naturel d'hésiter, il y a tellement
de routes différentes qu'on peut prendre dans la vie'. En d'autres
termes, décochés plus crûment à un journaliste américain qui
l'interrogeait l'an dernier sur sa sexualité : 'Je suis une
actrice, mec. Je vais dans la putain d’ambiguïté de la vie !'
Aujourd'hui, l'actrice
s'apprête à ajouter une autre ambiguïté à son arc en passant
derrière la caméra. 'L'envie de réaliser', assure t-elle, 'La
démange depuis des années'. Il est vrai qu'avec son passé d'enfant
californien élevé par une maman scénariste et un papa producteur
de télé, tombé dans la grande marmite du cinéma à l'âge de 12
(dans Panic Room au côté de Jodie Foster), il y avait des chances
qu'elle s'y essaie tôt au tard. 'J'ai grandi sur les plateaux de
tournage, j'adore leur côté colonie de vacances. Je suis fascinée
par le processus de création d'un film et je veux trouver une œuvre
pour laquelle je serais prête à donner ma vie'. Pour l'heure, il
s'agira simplement 'd'un petit film d'étudiante', mais il sera
'sacrément cool', prévient t-elle. On n'en apprendra plus davantage
sinon qu'elle ne le tournera cet été et n'acceptera aucun rôle
tant qu'il ne sera pas fini. Raison de plus pour bien savourer sa
double exposition sur le tapis rouge cannois. Après le crépuscule,
l'or de la palme ?
Via: @InfamousRosie20
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire