mercredi 11 mai 2016

Cannes 2016 : Interview de Kristen avec Le Point

A l'occasion de la press junket de Café Society lors du Festival de Cannes 2016, Kristen aborde le film, Woody Allen, Personal Shopper, Olivier Assayas et sa célébrité dans une interview avec Le Point.
  

Cannes - Kristen Stewart : 'Des gens ont essayé de me détraquer'

Celle qu'on ne devrait plus présenter comme 'la star de Twilight' donne aujourd'hui le coup d'envoi du Festival de Cannes. Entretien d'une belle franchise.

À l'affiche de Café Society, qui fait l'ouverture du Festival de Cannes, l'actrice se laisse découvrir sous un nouveau jour. Comme dans cette interview au cours de laquelle l'auteur de ces lignes a compris qu'il ne fallait pas se fier aux racontars. Maussade et désagréable, Kristen Stewart ? Quelle drôle d'idée !

Le Point : Vous avez gagné votre carte de membre du club de Woody Allen. Jouer dans l'un de ses films faisait-il partie de votre check-list d'actrice ?
Kristen Stewart : Honnêtement, c'est difficile de s'imaginer dans un environnement comme le sien. Le monde qu'il crée est si particulier qu'on se demande si on sera capable de s'y intégrer. De prime abord, ce n'était donc pas une chose à laquelle je pensais vraiment. D'ailleurs, j'ai auditionné pour le rôle de Vonnie en pensant que je ne l'aurais jamais.

Le Point : Pourquoi ?
Kristen Stewart : Eh bien, parce que Vonnie est un personnage vraiment léger et plein d'entrain. Woody m'a dit que ça ne pourrait fonctionner que si j'étais capable de déployer ce genre d'énergie joyeuse. J'ai dû beaucoup travailler pour y parvenir, parce que ce n'était pas spontané.
Le Point : Qu'est-ce qui vous a attirée dans ce rôle ?
Kristen Stewart : J'aime que ce soit une héroïne totalement à l'aise avec l'idée de prendre une voie non conventionnelle. Je trouve réjouissant qu'elle n'éprouve aucune culpabilité. Elle choisit l'un [de ses deux prétendants], elle pourrait choisir l'autre. C'est naturel d'hésiter, il y a tellement de routes différentes qu'on peut prendre dans la vie. D'ailleurs, je ne pense pas qu'elle fasse d'erreur dans son choix. C'est juste que toute vie vécue pleinement vous fera éprouver simultanément de la tristesse et du bonheur.
Le Point : Comment choisissez-vous vos films en règle générale ?
Kristen Stewart : Évidemment, j'aime travailler avec de bons réalisateurs. Mais, en même temps, j'aime bien prendre des risques et parier sur des gens aussi. Un rôle peut être parfait sur le papier, un film peut apparemment m'offrir tout ce que je veux, mais si je n'éprouve pas cette putain de motivation viscérale qui me dit qu'il faut que je le fasse, je ne le fais pas.

Le Point : Vous êtes également à Cannes pour présenter Personal Shopper d'Olivier Assayas. C'est la deuxième fois que vous travaillez avec lui. Était-ce différent de la première (Sils Maria, en 2014) ?
Kristen Stewart : Olivier, quand il travaille, est un homme de peu de mots. Je suis habituée à ce que les réalisateurs soient très directifs. Aux États-Unis, la plupart du temps, on t'indique ce que tu dois faire et ressentir. Olivier, lui, s'épanouit dans le non-dit, l'invisible. Donc, la deuxième fois, je crois que j'étais un peu plus habituée à son style et j'avais un désir encore plus fort de satisfaire sa vision du film.
Le Point : Trouvez-vous le cinéma français très différent du cinéma américain ?
Kristen Stewart : Je pense que la raison même pour laquelle on fait du cinéma en France indique sa nature. Il est vraiment artistique. De ce que j'ai pu en voir, les gens ici prennent des risques énormes. Ils font les choses par compulsion plutôt que pour des résultats. En France, on vous permet de mener des projets vraiment personnels, même s'ils ne seront sans doute pas des succès commerciaux. Non pas que le cinéma américain ne le permette pas, quand il est bon, c'est exactement ce qu'il fait. C'est juste que je trouve que la crainte de l'échec oriente beaucoup notre industrie dans sa structure même.
Le Point : Il paraît que Juliette Binoche a été extrêmement surprise de votre victoire aux Césars pour Sils Maria. Et vous ?
Kristen Stewart : Oui, elle était complètement sous le choc. Elle m'avait dit que c'était déjà incroyable qu'ils m'aient nommée et qu'ils ne m'attribueraient jamais le prix. On a toutes les deux été très surprises quand ils ont annoncé mon nom. C'est assez surréaliste pour moi. Je n'en mesurais pas l'importance avant de venir ici. Si vous prenez la liste des acteurs américains qui ont été invités aux Césars pour jouer, en quelque sorte, les étudiants internationaux, ce sont toutes des personnes que j'admire. Donc, même si c'est la dernière fois et que je ne reviens jamais, avoir planté ne serait-ce qu'un petit pin sur cette carte, c'est sacrément cool.
Le Point : Ça y est, le chapitre Twilight de votre carrière est définitivement refermé ...
Kristen Stewart : Vous savez, je n'ai pas travaillé sur un Twilight depuis ... [longue pause de réflexion] ... des années ! Donc oui, je pense que c'est définitivement derrière moi [rires]. Tous les films que j'ai faits ont la même importance pour moi, qu'ils soient ou non populaires. Twlight ne sort donc pas autant du lot que ce que les gens pensent.
Le Point : Vous avez l'image d'une actrice difficile à interviewer. Pourtant, tout semble bien se passer ! D'où cette réputation vient-elle ?
Kristen Stewart : Je suis devenue excessivement, ridiculement et stupidement célèbre à l'âge de 18 ans. C'est arrivé du jour au lendemain et ça a engendré une industrie entière de potins capitalisant sur l'intérêt que me portaient des gamins. Des gens ont essayé de me détraquer juste pour avoir une bonne histoire à raconter. Je n'étais qu'une enfant, je n'avais pas encore appris à évaluer les intentions de ceux qui m'interviewaient. J'étais donc constamment sur la défensive et je comprends qu'on ait pu me trouver difficile ou antipathique. Quand j'étais plus jeune, j'étais vraiment à fleur de peau, je laissais les gens m'affecter. Aujourd'hui, je suis beaucoup plus consciente de la nature de la personne en face de moi ou au téléphone. Je sens quand ils se déshumanisent pour les besoins de leur boulot, et ça ne me touche plus. En fait, j'adore discuter avec les inconnus et, bien souvent, ces inconnus sont des journalistes !
Le Point : Quelle autre idée reçue circule le plus souvent à votre encontre ?
Kristen Stewart : Eh bien, souvent, les gens pensent ou disent que je ne souris jamais. Je souris beaucoup [rires] ! Mais j'imagine que si vous me comparez à des personnes surexcitées qui font étinceler leur dentition à tout bout de champ et mettent de la vaseline sur leurs lèvres pour être sûres qu'elles ne sèchent jamais... si j'étais comme ça, je serais un robot !
Le Point : Vous allez bientôt passer derrière la caméra...
Kristen Stewart : Oui, je vais réaliser un petit quelque chose cet été. J'ai hâte ! Je ne vais pas travailler sur un autre film avant d'avoir terminé.
Le Point : Les acteurs qui s'essayent à la réalisation sont souvent jugés sévèrement. Ça ne vous effraie pas ?
Kristen Stewart : À vrai dire, c'est ce qui m'a retenue jusqu'à présent. Je me disais que c'était assez injuste de ne pas pouvoir travailler librement, tester des choses sans que le monde entier regarde. Mais, au bout du compte, je me dis que je vais le faire pour moi-même, et tant pis pour ce que les gens en pensent. Je ne vais pas commencer avec un long-métrage. En gros, je fais un petit film d'étudiante. Mais je sais qu'il sera sacrément cool (rires) !
Le Point : Qu'est-ce qui vous donne envie à ce point de jouer les réalisatrices ?
Kristen Stewart : Ma mère est scénariste, mon père producteur. J'ai grandi sur les plateaux de tournage, j'adore leur côté colonie de vacances. Je suis totalement amoureuse du processus de création d'un film et je veux trouver une œuvre pour laquelle je serais prête à donner ma vie.

Le Point : C'est la troisième fois que vous foulerez le tapis rouge cannois. L'exercice vous plaît-il ?
Kristen Stewart : Habituellement, les tapis rouges me rendent un peu nerveuse, il faut parler à tout le monde, faire la promo du film pendant vingt minutes... Mais, à Cannes, c'est différent ! Pas besoin de parler, on arrive aux côtés de son équipe et de son réalisateur, c'est un vrai luxe. Ça ne me rend pas du tout nerveuse, c'est juste sacrément fun !

Source: LePoint

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