A l'occasion de la press junket de Seberg, le réalisateur Benedict Andrews mentionne Kristen et parle de leur collaboration et de son son admiration pour l'actrice mais aussi du film, des personnages, du tournage, de la directrice de la photographie Rachel Morrison ou encore du contexte politique de l'époque dans un interview avec The Australian.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Vérité et mensonges
et Seberg
Le dernier film de
Benedict Andrews, Seberg, examine la vie et l'activisme
politique de l'actrice américaine, interprétée par Kristen
Stewart.
Pour Benedict Andrews,
Kristen Stewart a certaines qualités distinctives en tant
qu'actrice : 'En tant qu'interprète, elle travaille dans
un endroit assez brut. Elle va se lancer dans les prises et elle va
se redresser souvent si elle a le sentiment qu'elle est désaccordée.
Elle va cesser une prise, râler et jurer comme un marin. Elle a un
baromètre de vérité incroyable'.
Lorqu'il l'a rencontrée
pour la première fois dans un restaurant de Los Angeles pour
discuter du scénario de son nouveau film, Seberg, elle était
en mode affaires : 'Il n'y a pas eu de petites
discussions. Nous avons directement plongé dans le déballage du
scénario, en parlant du [personnage], et dans cette première
session, c'était comme si nous avions déjà retroussé nos manches
et commencé à travailler ensemble et nous n'avons jamais regardé
en arrière'.
Andrews,
un réalisateur australien basé en Islande qui a une longue histoire
dans le théâtre et l'opéra, se tourne de plus en plus vers le
cinéma.
À
première vue, Seberg,
son second long métrage, est un biopic un portrait de l'actrice
américaine dont on se souviendra à jamais de son rôle de 1960 dans
A Bout De Souffle
de Jean Luc Godard : cheveux courts blond, tee shirt du New York
Herald Tribune et un acte de trahison insouciant.
Le
portrait d'Andrews de Jean Seberg, tiré d'un scénario de Joe
Shrapnel et Anna Waterhouse, explore certains des hauts et des bas de
sa carrière et de sa vie privée à Hollywood et en Europe, mais il
se focalise sur l'actrice à un moment particulier.
Dans
les années 60, une Seberg politiquement consciente a commencé à
donner de l'argent à des causes en faveur des droits civiques,
notamment en soutenant les Black Panthers. Elle a attiré l'attention
du FBI, qui l'a mise sous surveillance et a utilisé des contacts
avec des médias pour diffuser des histoires à son sujet qui
visaient à détruire sa réputation.
Cette
tension, explique Andrews, forme le centre de Seberg :
'La tragédie de voir une vie lumineuse être
endommagée et détruite par le harcèlement du FBI et la vérité de
sa vie transformée en mensonge'.
Le
film est en quelque sorte un double portrait : il s'agit d'une
exploration de la figure de l'agent fictif du FBI Jack Salomon (Jack
O'Connell), un jeune agent zélé qui se lance initialement dans la
tâche d'observation secrète avec une conviction totale.
Pour
faire ressortir la nature obsessionnelle et voyeuriste de ce
processus, Andrews a réalisé un film qui le voyait 'entrelacer
l'histoire de l'observateur et de l'observé'.
Il
reconnaît rapidement qu'un film sur le cinéma accentue également
certains des thèmes du film : 'La
surveillance a été un grand sujet dans mon travail théâtral et je
pense que l'intérêt pour le voyeurisme vient avec le travail. Après
tout, au théâtre et au cinéma, je passe mon temps à regarder les
gens révéler les aspects les plus privés de leur vie et leurs
êtres, puis j'invite d'autres personnes, le public, à venir et
faire de même'.
C'est
une activité à laquelle Jack, l'agent du FBI, participe également,
'en utilisant les mêmes machines que le cinéma,
les caméras et les microphones, pour examiner les moindres détails
de la vie de quelqu'un. J'étais très intéressée par ces
parallèles entre le cinéma et la surveillance et l'idée de vérité
dans les deux'.
'Jean essaie de
trouver la vérité en tant qu'actrice',
dit-il, 'pour exploiter ses souvenirs, rêtes et
émotions les plus intimes et toutes les choses qui sont également
cachées. Elle doit les révéler pour son travail. Et elle essaie
aussi de trouver une authenticité dans ses convictions et sa vie
amoureuse'.
Cette
partie de son monde comprenait une relation avec [le membre] des
Black Panthers, Hakim Jamal (Anthony Mackie).
'Jack
pense qu'il cherche la vérité', déclare Andrews. 'Il
croit au début du film dans le rêve américain et il croit en son
rôle d'agent, qu'il mène le bon combat. Puis, il se rend compte
qu'il est impliqué dans sa corruption et dans la militarisation de
la vérité pour détruire les ennemis politiques'.
Pourtant,
l'acte de surveillance, ajoute Andrews, la collecte des détails les
plus fins de la vie d'une autre personne, permet également à Jack
d'avoir un aperçu de cette vie et un lien émotionnel avec elle, en
particulier lorsqu'il est le témoin d'une Seberg en chute libre. En
même temps, faire un film sur un sujet cinématographique a ses
risques.
'Il y a un réel
danger lorsque les acteurs jouent des acteurs',
explique Andrews. 'Vous pouvez vous retrouver
avec un masque. Certes, Jean n'est pas aussi célèbre qu'un James
Dean ou une Marilyn Monroe, mais même ainsi, un acteur peut se
sentir accablé ou hanté',
représentant quelqu'un avec un héritage cinématographique.
Seberg embrasse
les nombreux visages de Jean, recréant des scènes de ses films, la
montrant lors de photoshoots de mode, de conférences de presse,
d'interviews et de plateaux de tournage, ainsi que dans ses moments
les plus privés, solitaires et fragiles – et en tant que femme
sous observation.
Andrews n'a jamais pensé
que Stewart était vraiment en danger de tomber dans ce piège. 'Elle
se souciait vraiment beaucoup de Jean et de son histoire',
dit-il. 'Mais elle n'est jamais devenue protectrice et elle ne
jouait jamais une idée, elle essayait toujours de trouver la
personne de l'intérieur'.
'C'était important
pour moi et c'était quelque chose que j'avais envie de faire à
cause de ce genre de volatilité qu'elle a en tant qu'actrice'.
Lors de la production de
Seberg, explique Andrews, les événements du film ont des
résonances contemportaines inquiétantes. Les outils analogiques
souvent maladroits de la surveillance des années 60 ont été
transformés en objets familiers, omniprésents et quotidiens qui
nous accompagnent partout et nous enregistrent à notre insu ou sans
notre consentement.
'Il y a cette
culture de masse de la surveillance et le film met en garde contre
les dangers et les abus de cela',
dit-il.
En
même temps, Seberg
a une élégance, même s'il est fait avec ce qu'Andrews décrit
comme 'un budget indépendant décousu, bien en
dessous de [celui pour] un film d'époque tourné sur pellicule à LA
devrait l'être'.
Il attribue une grande
partie de cela à la directrice de la photographie Rachel Morrison et
au créateur de costumes Michael Wilkinson, qui ont travaillé aux
côtés du concepteur de production Jahmin Assa.
Né en Australie,
Wilkinson, qui a été nominé pour un Oscar pour American Hustle,
a une liste éclectique de films de super héros, de l'imagination et
de films indépendants à son nom et a déjà travaillé avec Stewart
sur l'un des films Twilight.
Pour Seberg,
Andrews dit que le défi du créateur était d'invoquer les mondes
distinctifs d'Hollywood, du FBI et des Black Panthers, et 'je
pense que son travail est tout simplement stupéfiant'.
Et Morrison, dit-il,
était particulièrement impressionnante dans sa façon d'aborder le
travail de la caméra portable dans la seconde moitié du film, lors
de scènes qui traduisent la vulnérabilité et le désespoir de
Seberg.
'Elle est
intelligente', dit-il. 'Très sensible et elle avait
une excellente équipe qui travaillait avec elle. Nous étions tous
les deux très heureux de tourner sur pellicule et nous voulions
tourner un film avec une sensibilité très contemportaine en termes
de narration tout en se penchant en même temps sur ces thrillers de
paranoïa des années 70. Nous nous sommes inspirés de ceux-ci, nous
avons utilisé des objectifs similaires à ceux utilisés par Gordon
Willis (sur des films tels que The Parallax View et Klute), mais nous
n'avons jamais voulu faire un film nostalgique'.
Il
est néanmoins plutôt satisfait d'un aspect de Seberg qui pourrait
presque être qualifié de nostalgie.
En
recherchant le mouvement Black Panther, il a trouvé un court métrage
documentaire de 1968 de la cinéaste française Agnès Varda comme
une ressource inestimable. Il avait pensé qu'une partie des images
des Black Panthers pourrait faire partie de Seberg,
mais les droits s'avéraient trop compliqués à acquérir.
Au lieu de cela, il a
trouvé un autre film tourné un des jours où Varda tournait un
événement des Black Panthers. Donc, au lieu des images venant
d'elle, il y a un aperçu fugace de Varda. 'Je suis extrêmement
fier qu'elle soit dans le film',
dit-il.
Source: TheAustralian
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