mercredi 15 mars 2017

Personal Shopper : Interview d'Olivier Assayas avec Entertainment Weekly

A l'occasion de la press junket américaine de Personal Shopper, Olivier Assayas évoque sa collaboration et son amitié avec Kristen, les qualités de l'actrice, le tournage du film ou encore l'intrigue du projet dans une interview avec Entertainment Weekly.




Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs

 Le réalisateur de Personal Shopper Olivier Assayas dit que Kristen Stewart a 'donné vie' au film

La collaboration la plus fascinante actuelle réalisateur/acteur appartient peut être au réalisateur français Olivier Assayas et sa muse par deux fois Kristen Stewart. L'actrice, âgée de 26 ans, a poursuivi son rôle primé dans Clouds Of Sils Maria d'Assayas avec sa performance nuancée, texturée et émouvante en tant qu'assistante d'une star de cinéma, affligée par la perte de son frère jumeau, dans Personal Shopper, dans le nouveau film hardiment imaginatif avec des éléments du genre du réalisateur.

Récemment à New York, Assayas, 62 ans, a partagé ses réflexions à propos du film et de sa collaboration avec Stewart, qu'il qualifie comme étant 'véritablement l'une des actrices les plus intelligentes avec la gamme la plus large qui fonctionne en ce moment'.

Journaliste : Quelle a été la première idée ou image qui vous a incité à écrire ce film ?
Olivier Assayas : Mon idée originale a commencé avec le personnage. J'imaginais cette fille qui s'ennuyait avec son travail journalier ennuyeux, frustrant, aliénant et elle trouve une certaine protection et consolation dans le monde de son imagination. Puis, dans le processus d'écriture, j'ai également réalisé qu'il s'agissait d'une histoire d'âge. Et cela avait du sens une fois que j'ai réalisé qu'il s'agissait aussi de quelqu'un qui se reconstruisait après une perte dévastatrice. Elle est perdue comme la moitié d'elle-même et elle doit redevenir entière.

Journaliste : En combien de temps avez-vous commencé à écrire ?
Olivier Assayas : J'avais griffonné quelques idées et un jour il y a quelques années, je me suis simplement assis pour comprendre si cela avait un potentiel ou non.

Journaliste : Était-ce le jour avant ou après que vous ayez rencontré Kristen Stewart ?
Olivier Assayas : Eh bien, je suppose que le personnage a pré existé avant Kristen mais je pense que c'est vraiment Kristen qui lui a donné vie. Nous avions fait Clouds Of Sils Maria et j'ai réalisé quelle actrice unique elle était et pour une raison mystérieuse, nous avions une connexion. Et après, j'espérais que nous pourrions aller plus loin. Peut être la raison pour laquelle je n'avais jamais écrit complètement Personal Shopper était parce que je n'avais pas l'actrice pour lui. Pour nous deux, ce film visait à trouver où étaient les limites. Et après avoir terminé, je peux vous dire que j'ai aucune idée où les limites sont pour elle.

Journaliste : Je vous ai vu interagir. On dirait que vous vous appréciez vraiment et que vous vous sentez très à l'aise ensemble.
Olivier Assayas : Oui c'est le cas, réellement.

Journaliste : Qu'en est-il de votre amitié et de votre collaboration qui matchent si bien ?
Olivier Assayas : Je pense que j'ai été le réalisateur qui lui a peut être donné plus d'espace et de liberté. Lorsque nous avons travaillé sur Clouds Of Sils Maria, j'ai été celui qui a dit à Kristen, 'C'est ok d'être toi-même'. Pour moi, elle n'était pas une star de cinéma, même si son nom contribuait à faire financer mon film. Ce pour quoi j'étais intéressé est Kristen en tant qu'être humain et j'ai adoré découvrir qu'elle était si instinctive.

Journaliste : Elle a dit que ce film était un travail très laborieux pour elle, mais qu'elle avait vraiment compris ce personnage.
Olivier Assayas : Je pense qu'elle a mieux compris mon scénario que moi. Je plaisante à moitié, mais l'autre moitié est extrêmement sérieuse. Par exemple, j'ai écrit le scénario très rapidement et je voulais le tourner tout de suite. Et Kristen ne cessait de me dire, 'Oh non, je fais ce film de Woody Allen [Café Society] pendant l'été et j'ai vraiment besoin de me préparer à cela'. Et je disais, 'Kristen, tu n'as pas besoin de plusieurs mois pour te préparer pour un film de Woody Allen'.
Mais j'ai accepté et nous avons reporté le film jusqu'à ce qu'elle ait fini avec le film de Woody Allen, que j'ai adoré par ailleurs. Mais une fois que nous avons commencé à tourner, alors je me suis rendu compte de son processus de préparation. C'est incroyable. Elle avait besoin de temps pour s'approprier le deuil, l'angoisse et se retrouver dans tous les endroits où ce personnage la prend. J'ai pleinement réalisé qu'elle avait besoin de tout ce temps supplémentaire. En dans ce sens, Kristen était beaucoup plus adulte dans la pièce que je ne l'étais.

Journaliste : A quoi ressemble la collaboration pendant vous tournez sur le plateau ?
Olivier Assayas : Nous ne parlons pas vraiment beaucoup. Nous sommes tous très intuitif. J'aime discuter de mon travail une fois qu'il est achevé parce que d'une façon ou d'une autre, je finis par comprendre. Mais c'est beaucoup plus brut dans le processus de fabrication du film. Et Kristen fonctionne comme cela. Je ne fais pas de répétitions. Je n'explique pas les choses. Avec Kristen, elle va venir me voir et dire, 'J'aime ce moment', et je vais dire, 'Très bien, alors essayons de l'élargir'. Nous avons un style de discussion très rudimentaire.
Cependant, c'est amusant. Lorsque nous discutons du film avec des journalistes ou que nous faisons une interview conjointe, je pense déjà que je lui dis plus de choses que je ne lui ai dit au cours du tournage. Je pense que les mots sont une limite à la complexité que nous créons sur le plateau de tournage. Mettre trop de mots tout en faisant quelque chose en quelque chose pour gâcher le processus.

Journaliste : Avez-vous le sentiment que c'est étrange de parler du film sans elle ?
Olivier Assayas : D'une certaine façon, oui. J'ai l'impression de m'approprier quelque chose qui est vraiment une collaboration. Tous mes films ont été des collaborations avec mes acteurs, mais j'espère que le public réalisera à quel point ce film doit vraiment à Kristen. D'une certaine manière, il a été inspiré par elle, en un sens, parce que nous avions travaillé ensemble sur Clouds Of Sils Maria et j'ai appris à la connaître.
Et j'ai réalisé qu'il avait un lien entre nous, quelque chose qui se passait. Je veux dire, nous ne sommes certainement pas de la même génération ou avec les mêmes origines, mais il y a quelque chose qui relève [du lien] frère et sœur sur la façon dont nous fonctionnons. Je voulais vraiment étendre cela. Et puis, je me suis assis et j'ai commencé à écrire cette histoire qui était au sujet d'une jeune fille américaine. Et mon expérience en ce qui concerne les connaissances sur les jeunes filles américaines vient principalement de Kristen. Donc c'est devenu quelque chose.

Journaliste : Vous avez abordé la douleur familiale comme sujet auparavant, comme dans le merveilleux film L'Heure D'Eté. Mais d'où vient l'idée d'ajouter un élément de thriller ? Il y a un iPhone dans Personal Shopper qui est comme un tableau Ouija. C'est incroyable.
Olivier Assayas : Le fait est que le personnage de Kristen était seul depuis le début. Ce qui la transforme est la transgression, en faisant quelque chose d'interdit. Je pense qu'elle l'accepte et le comprend, mais elle lutte avec cela. C'est aussi un film sur la solitude.
J'ai aimé l'idée de ce monde fantomatique dans lequel nous vivons, qui se rapporte avec les SMS dans le film et également la communication que nous avons avec quelqu'un qui n'est pas vraiment présent et que nous ne connaissons pas. J'aime l'idée que sa solitude soit informée et habitée par le monde de la communication moderne. J'ai aimé cela en termes artistiques, mais je pense qu'il aborde également des façons étranges avec lesquelles nos vies ont changé. Les outils de la communication ont changé notre cerveau et notre mode de vie et la façon dont nous nous relions les uns aux autres. C'est une dimension majeure dans l'évolution de l'humanité moderne.

Journaliste : Qu'est-ce que le public doit garder à l'esprit tout en regardant Personal Shopper ? Les gens pourraient ne pas savoir qu'il y a un élément surnaturel dans le film.
Olivier Assayas : C'est vrai, mais je pense qu'il y a toujours eu des fantômes dans mes films. Il y a toujours des portes entre des choses connues et des choses inconnues. Une chose que les publics devraient garder à l'esprit est qu'ils n'obtiendront pas toutes les réponses. Je pense que les films sont plus des questions que des réponses. Les films m'ont aidé à penser au monde et à remettre en question l'expérience humaine pour toute ma vie. J'espère que c'est ce que je partage avec un public.


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