A l'occasion de la press junket de Billy Lynn's Long Halftime Walk lors du Festival du Film de New York [NYFF 2016], Kristen, Ang Lee et Steve Martin parlent du format du film, des personnages et du cinéma dans une interview avec Nashville Scene.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Nous parlons avec Ang
Lee, Steve Martin et Kristen Stewart à propos de Billy Lynn's
Long Halftime Walk
L'adaptation novatrice de
Lee sort en salles partout ce week end [note du staff : aux
USA].
Si vous avez lu le roman
de Ben Fountain Billy Lynn's Long Halftime Walk
– et beaucoup l'ont fait – alors vous êtes bien conscient d'un
aspect qui le distingue de la grande majorité de la littérature
contemporaine là-bas. Le roman se déroule dans le temps présent à
la troisième personne, qui est un étrange acte d'équilibre tonal
qui introduit l'immédiateté viscérale mais reste à une distance
objective de son sujet. Alors qu'il semble être déterminé à
rester fidèle à ce choix spécifique, le réalisateur Ang Lee a
fondamentalement développé une technologie visuelle entièrement
nouvelle pour l'incarner.
Dans
son format idéale, Billy Lynn's Long Halftime Walk
est montré en 120 images par seconde, en 4K 3D, un format jamais
utilisé auparavant pour les longs métrages. (Il sort vendredi à
Nashville, probablement en 2D et 3D ; le format de fréquence de
l'image n'est pour le moment pas encore déterminé, mais cela vaut
le coup de demander le choix dans votre complexe de cinéma). Billy
Lynn ne ressemble pas du tout à un film – il ressemble à la vie,
s'étendant simplement plus loin que ce à quoi nous attendons
généralement en tant que téléspectateur. Ce qui permet de
maintenir cette combinaison de l'immédiateté naturaliste que nous
associons à l'expérience réelle et de la mêler à la distance
divine de spectateur (à la fois comme cinéphiles et non combattants
observant le combat). Et bien que les expériences précédentes avec
un format de diffusion de l'image plus rapide (la trilogie du Hobbit
de Peter Jackson) semblaient en désaccord avec son emphase de
présentation, ce film – se concentrant sur le personnage principal
et les autres membres survivants de son escadron et leur tournée
publicitaire surréaliste de 2004 en tant que héros de la guerre en
Irak – s'immerge dans l'action militaire et le spectacle dérivé
du sport, deux idiomes qui prennent leur sens dans le regard ultra
lisse, sans clignement de la vidéo HFR. Ce qui en résulte est une
version éditée et condensée d'une discussion avec Lee et les
partenaires Steve Martin et Kristen Stewart qui s'est déroulée lors
d'une conférence de presse intime le lendemain de l'avant première
mondiale du film lors du Festival du Film de New York.
Journaliste :
Quelle était la motivation derrière l'invention d'un nouveau genre
de langage cinématographique pour ce film ?
Ang Lee : Je
crois que l'art est ce que vous n'avez pas, pas nécessairement ce
que vous avez. Cette compensation devient très souvent l'art
lui-même. 24 images par seconde a été la norme depuis près de 100
ans et nous a donné tellement de grand art et et tant de grands
films. De quelle manière ose-je le défier ? Mais quand il
s'agit du cinéma numérique, j'ai simplement envie de voir la
dimension et quand je vois la dimension, 24 images par seconde ne
suffit pas, ce qui conduit à l'étape suivante. Et je sais que c'est
un grand saut.
Journaliste :
Pensez-vous que ce soit la prochaine étape dans l'évolution du
cinéma ?
Ang
Lee : Je n'ai aucun
intérêt pour la technologie. Mais depuis que j'ai fait L'Odyssée
de Pi, j'ai vu ce que le cinéma
numérique peut faire et ce qu'il fait est de permettre au cinéma de
se dimensionner, d'être vu de la façon dont nos yeux voient. Cela
me semble une étape logique. Je pense que c'est simplement le début.
Cela peut être n'importe quoi, aussi longtemps que vous savez
comment le faire. Je sais finalement que je veux la réalité d'une
chose, de l'information. Je veux lire des visages et le gros plan du
visage humain et les espaces dans lesquels vous les mettez – cela
m'attire vraiment.
Journaliste :
En tant qu'acteur, comment était-ce d'être abordé avec toute cette
nouvelle façon de faire un film ?
Steve
Martin : En me
lançant, j'ai pensé, 'J'ai
70 ans et je vais être filmé en haute définition, sans maquillage.
Je vais avoir l'air fantastique'.
Vous savez comment vous prenez une photo de votre chien avec votre
téléphone, et leur nez sort et c'est tellement mignon, parce que le
nez semble presque aussi grand que leur tête ? J'ai pensé, 'Je
vais être en 3D. Est-ce que cela veut dire que mon nez va pointer en
direction du public ?'.
Mais je me suis préparé pour le rôle – je suis allé dans des
restaurants chics, j'ai conduit des voitures de luxe. Mais j'ai été
impressionnée par l'idée de la technologie.
Journaliste :
Donc, il y a un attrait à la nouveauté et le potentiel de
celui-ci ?
Steve
Martin : La caméra
était en fait plutôt belle physiquement et je suis devenu plutôt
attiré par elle. C'est une superbe machine et son fonctionnement est
si habile. J'ai eu le sentiment que je pouvais seulement interpréter
et faire mon travail. Et cela a donné l'impression, la plupart du
temps, que nous n'étions pas vraiment en train d'interpréter ;
cela est devenu une expérience tout à fait naturelle. En tant que
processus, cela est devenu vraiment amusant, particulièrement
lorsqu'on travaille avec tant de gens talentueux.
Journaliste :
Il semble que l'une des principales récidives dans le livre de
Fountain et dans le film est la façon dont aucune des deux personnes
ne semblent savoir ce que le concept de 'soutenir les troupes'
signifie or implique. De quelle manière avez-vous abordé cela ?
Kristen
Stewart :
Ce que j'ai trouvé le plus intéressant à propos de ce sujet, c'est
que vous avez [Kathryn, la sœur du personnage principal] qui est
essentiellement pacifiste, mais qui n'exprime jamais son libéralisme
d'une manière qui n'est pas humanitaire. Elle ne provoque jamais
personne et on lui fait reconnaître un écart qui s'est développé
entre elle et quelqu'un qu'elle connaît toute sa vie, mais ne peut
maintenant plus se tenir aussi près qu'elle ne l'a été auparavant,
parce qu'ils sont maintenant des êtres complètement différents.
Cela change une personne, lorsque vous ne pouvez plus garder
quelqu'un assez près pour les aimer et les réconforter autant que
vous le souhaitez. Vous êtes tellement profondément à l'intérieur
de quelque chose dont vous n'avez jamais été en mesure d'obtenir
une perspective extérieure, et est-ce juste ? Pouvez-vous en
être fier ?
Journaliste :
C'est très contentieux aujourd'hui dans la narration moderne :
qui peut représenter qui ? Comment raconter de façon
responsable l'histoire des autres ?
Kristen
Stewart : J'ai tellement
plus de distance que quelqu'un qui a servi, mais j'ai toujours ce
même sentiment. Puis-je posséder mes sentiments . Est-ce que je
comprends vraiment la situation ? Je pense que Kathryn vient
d'un endroit qui dit, 'Comprenons
ce pour quoi nous nous battons'.
Il s'agit d'une réponse personnelle, mais elle est vraiment inquiète
pour lui. Parce que ce qui va se passer lorsque sa formation
s'efface, lorsque les réponses conditionnées se fanent et que vous
devez être de nouveau un être humain qui ne sait pas nécessairement
comment faire face à ce qui s'est passé ? Et plus
généralement, comment pouvons-nous lutter en ayant mis ces gens-là
dans cette situation ?
Journaliste :
Elle est un type de personnage différent de ce nous retrouvons
habituellement dans les histoires sur les familles des militaires.
Kristen
Stewart : Elle est la
personnification de la Question, plutôt que l'Opinion.
Journaliste :
Y a t-il l'un de vos autres films pour lequel vous souhaitez que vous
ayez pu avoir cette technologie ?
Ang
Lee :
Non. Seulement quelques prises dans Hulk.
Il a une grosse tête et la séparation entre les yeux est plus
grande qu'une tête humaine normale, de sorte que vous puissiez
représenter 'l'humain chétif'. Cela n'est pas pour tout.
Journaliste :
Êtes-vous préoccupé par la façon dont le public va réagir au
film, en particulier selon la façon dont il est capable de le voir ?
Ang
Lee :
Mes yeux sont différents de vos yeux, parce que j'ai fait ce film
pendant 2 ans. Avant cela, il s'agissait d'une lutte de 4 ans pour
entrer dans le cinéma numérique et la 3D. Je pense que vous vous y
habituez. Je pense qu'il peut vous permettre d'avoir plus de façons
d'assembler les choses dans votre esprit et lorsque vous obtenez de
plus en plus de détails de la part de l'image, plus d'informations,
cela n'est pas nécessairement écrasant. Cela devient réconfortant.
Source: NashvilleScene
Via: TeamKristenSite
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