Alors qu'il assure la promotion de Clouds Of Sils Maria, Olivier Assayas mentionne Kristen, Juliette Binoche, leur collaboration et le tournage avec The Film Stage.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs.
Journaliste :
Juste une aparté. Quoiqu'il en soit, je pense que Clouds
Of Sils Maria est parmi vos exploits les plus complexes en
tant que scénariste. Une chose qui m'a le plus intrigué était que
Binoche et Stewart récitant leurs dialogues pour le jeu, et la
manière, même si c'est assez évident que la relation de ces
personnages supporte des similitudes avec ce qui a été écrit ici,
ces corrélations qui (en quelque sorte) ne sautent pas au nez. Il y
a une danse en quelque sorte entre les deux histoires et j'ai aimé
entendre parler de cet équilibre – obtenir quelque chose qui est
très clair et pourtant subitement pas clair.
Olivier Assayas :
[Pause] Vous savez, la vérité c'est que pour les trucs que j'ai
fait, je n'avais pas envie d'avoir quelconque contrôle dessus –
dans le sens où ce sont deux mouvements parallèles. Et je savais
qu'il y allait y avoir des interactions, mais, honnêtement, j'avais
très peu d'idées de l'exactitude dans ce que ça donnerait,
jusqu'où ça irait, et ainsi de suite. Si vous regardez la façon
dont l'histoire évolue, je me suis vraiment concentré sur les
moments importants dans le jeu. Quand elles sont ensemble, lorsque
les choses commencent à aller mal, lorsqu'elles rompent – des
trucs comme ça. Donc, c'est assez simple. Les quatre scènes sont en
quelque sorte quatre points tournants dans la relation entre ces deux
femmes.
Et en même temps, vous
avez, bien sûr, l'évolution de la relation entre le personnage de
Valentine et Maria comme si en quelque sorte c'était impacté ou
transformé par la nature de la relation entre les personnages dans
la pièce. D'une certaine manière, cela ressemble à ce que j'ai
essayé de faire dans Irma Vep quand, tout à coup, vous
avez ce 'fantôme' d'Irma Vep, qui en quelque sorte prend possession
de tous les personnages, d'une certaine manière. Ici, c'est comme si
les fantômes de ces personnages finissent par habiter les actrices.
Donc, c'est très subtil,
car c'est nuancé. Mais, d'une certaine manière, y a t-il vraiment
une attraction entre elles ou est-ce comme si elles se rapprochent
des personnages car elles les interprètent, et, en quelque sorte,
elles sont d'une certaine manière contaminées ? C'est comme le
personnage de Maria qui, à travers le film, devient de plus en plus
masculin – de plus en plus Helena – mais, finalement, est-ce
vraiment ce qu'elle est ? Va t-elle rester comme ça ? Peut
être pas. C'est juste un chemin qui l'emmène à un point où elle
peut incarner ce personnage, puis elle évoluera et elle jouera, vous
savez, ce mutant dans ce film de science fiction bizarre. [Rires]
Concernant le besoin
de connaissance : en tant que conteur, comment travaillez-vous
votre cheminement jusqu'à l'interaction finale entre Binoche et
Stewart, qui forme ce point très mystérieux, L'Avventura-esque ?
Ce sont des très
petites, minuscules nuances, en fin de compte. Ce sont comme des
petits cailloux sur le chemin. En fin de compte, je pense que ça
finit par se passer dans la salle de montage, car ce sont les prises
que je choisis, car j'ai fait énormément de variations dans les
scènes. Je veux dire, j'ai des versions très différentes de toutes
ces scènes, donc il s'agit de la construction lorsque vous êtes en
train d'éditer, étape par étape – avoir des choses à construire
en utilisant le matériel que vous avez. Ici, l'élément sensuel de
l'histoire est quelque chose qui doit être discret, mais toujours
présent. Ici, c'est plutôt une question d'ajustement. Il ne faut
pas aller trop loin, mais cela doit être présent, donc c'est
vraiment un équilibre très délicat. J'ai des choses qui auraient
pu être poussées plus loin et j'ai des choses qui auraient pu être
effacées également. J'étais content de l'équilibre que nous avons
trouvé – mais, encore une fois, dans la salle de montage.
Au sujet de
l'ajustement, mais par rapport à la pré-production : avez-vous
trouvé que l'une de vos conceptions initiales de ce projet a
grandement changé quand le rôle de Valentine est revenu à Kristen
Stewart, en remplacement de votre choix initial, Mia Wasikowska ?
Oui.
Eh bien oui. Vous savez c'est … Eh bien, en fait, j'y aurais mis
des choses différemment. Pour tout ce que j'ai écrit, j'avais à
l'esprit quelque chose d'assez différent de Mia Wasikowska ; je
pense que le personnage était plus proche de Kristen en premier
lieu. Vous savez, pour quelconque raison , lorsque cela ne s'est
pas fait avec Kristen et que je me suis rapproché de Mia Wasikowska
– dont je pense que c'est une actrice incroyable ; je pense
qu'elle est simplement brillante, tellement intelligente – j'ai
dit, 'Ok, elle est
géniale. Je vais adapter. Nous allons trouver un terrain d'entente
et je suis sûr que la dynamique va fonctionner'.
Je ne sais pas exactement comment ils vont travailler, mais ils vont
travailler. Mais, nous allons dans une direction légèrement
différente.
Alors
lorsque – pour plein de raisons différentes – nous avons dû
revenir vers Kristen, l'ensemble du processus a donné en quelque
sorte l'impression d'être plus facile – parce qu'elle était un
ajustement tellement plus évident. Mais le truc c'est que j'aurais
été très heureux de faire le film avec Mia Wasikowska, sauf que
cela aurait été un film complètement différent. Et c'est vraiment
intéressant, d'une certaine manière, car c'est là où il finit,
comme le théâtre, comme sur scène. Lorsque vous avez une pièce,
vous pouvez avoir un million de versions différentes de cette pièce,
basé sur qui vous avez choisi. Ici j'ai eu le sentiment qu'il y
avait des versions différentes de cette histoire. Il y avait des
versions différentes possibles de cette histoire, mais je savais
que, dans tous les cas, je devrais adapter peu importe qui allait
jouer Valentine.
Est-ce que cela arrive
souvent, [cette situation] dans laquelle vous devez changer les
acteurs et cela commence à donner le sentiment que vous pouvez avoir
un film différent dans vos mains ?
Habituellement,
l'étendue est plus étroite. Habituellement, vous avez un genre
d'idée. Il y a des limites que vous pouvez tester, donc c'est
généralement plus ciblé. Ici, je dirais que c'est un rôle qui
était beaucoup plus ouvert que d'habitude pour moi.
L'une des réactions
les plus courantes que j'ai vu vis à vis de ce film, que quelqu'un
l'apprécie ou non, est la surprise à quel point la performance de
Stewart est forte. Peut être parce qu'il y a des préjugés la
concernant. Vous choisissez de travailler avec un acteur, donc je
suppose que vous avez des bons sentiments à leur sujet.
Oui
oui.
Mais êtes-vous
surpris par la surprise des gens ? Trouvez-vous ça étrange ?Je
comprends bien, dans un sens, et d'une certaine manière, je suis
heureux. J'ai décidé de faire ce film avec Kristen basé sur mon
intuition – basé sur le fait que je pense qu'elle a cette
incroyable présence unique à l'écran, incroyablement frappante.
Elle a une présence à l'écran tellement puissante. C'est quelque
chose dont tout le monde est au courant – ou il faut être aveugle
pour ne pas le voir. Mais, je n'avais aucune idée si je serais
capable de l'amener sur le terrain sur ce film. Je n'avais aucune
idée de la manière dont elle fonctionnerait avec Juliette, jusqu'où
elle pourrait aller en termes de réinvention des scènes,
d'improvisation, sans répétition, bla bla bla.
Donc,
j'avais un sentiment que j'étais en train de parier ; j'étais
en train de parier sur quelque chose sur lequel je n'avais aucune
sécurité. Je ne savais pas. Je n'avais que mon instinct. Ce n'est
pas comme si je n'avais pas la moindre preuve qu'elle l'avait déjà
fait ; elle ne l'avait pas fait. Je l'amenais dans un domaine
totalement différent. Mais après, genre, une journée, je savais
qu'elle était tout simplement parfaite pour le rôle et c'était
vraiment génial. Et, le truc c'est que, comme souvent avec de grands
acteurs, elle m'a étonné. Comme, de jour en jour, j'ai pensé, 'Oh
mon dieu. La vitesse à laquelle elle s'adapte'.
Car Juliette faisait des trucs dont je savais qu'elle … Que j'avais
vu … Je la connais. Je la connais assez pour savoir qu'elle pouvait
aller dans cette direction.
Honnêtement,
je pense qu'elle est bien meilleure dans ce film que dans beaucoup de
films qu'elle a fait, mais ce n'était pas ma préoccupation. Parce
que je pense que Juliette, aussi géniale qu'elle soit, vous savez,
parfois elle peut ne pas être vraiment concentrée. Donc je savais
que je devais l'aider à se concentrer. Mais, pour Kristen, j'ai été
étonnée par la facilité qu'elle ressentait avec des objets qui
étaient totalement pour elle. Mais ensuite, la petite chose – les
nuances, la manière dont elle bouge son corps, la manière dont elle
regarde – ce sont des trucs que j'ai découvert lorsque je faisais
le montage. J'ai simplement été stupéfié par la précision. Vous
ne pouvez pas vraiment le voir lorsque vous tournez. Vous enregistrez
et vous dites, 'Oh ouais,
ça semble génial. Avançons'.
Nous passons à un autre plan, et ensuite lorsque vous êtes dans la
salle de montage et que vous regardez les trucs encore et encore,
vous réalisez la précision, l'intelligence, la subtilité de ce
qu'elle fait. J'étais juste constamment impressionné.
Source: TheFilmStage Via: TeamKristenSite
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