A l'occasion de son 15ème anniversaire, le magazine britannique AnOther Magazine décline sa couverture de sa dernière édition (printemps/été 2016) avec plusieurs célébrités : Kristen, Kate Moss, Björk et Grimes.
Kristen a réalisé son photoshoot devant l'objectif du photographe Paolo Roversi et un stylisme composé par Katie Shillingford. Elle a également rencontré l'acteur et artiste Benn Northover pour une interview.
Le magazine sera disponible dans les kiosques étrangers à partir du 18 février 2016.
Le magazine sera disponible dans les kiosques étrangers à partir du 18 février 2016.
* Scans complets du magazine
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Kristen Stewart –
One More Time, With Feeling
Introduction par Benn
Northover
Kristen Stewart se plonge
dans un tête à tête parisien avec l'acteur et artiste Benn
Northover
Il venait juste de
commencer à pleuvoir lorsque je me suis arrêté devant les
quartiers de Chanel, rue Cambon. J'étais là pour rencontrer Kristen
Stewart, qui était à Paris pour quelques jours après avoir bouclé
le tournage de Personal Shopper, sa dernière collaboration
avec le réalisateur Olivier Assayas. Nous avions prévu de nous
retrouver après son rendez-vous du matin et ensuite de rechercher un
endroit pour déjeuner. Prenant la direction du Nord, nous avons
terminé dans un coin tranquille de la Rose Bakery, dans le 9ème
arrondissement. L'endroit était calme après l'heure de pointe de la
matinée. Assis en face de Stewart, la première chose qui m'a frappé
fut sa concentration totale. Il s'agit d'une présence profonde qui
est tellement évidente dans une grande partie de son travail à ce
jour – cette énergie impulsive qui se tisse à travers ses
performances, en gardant chaque instant en vie avec un sens de la
spontanéité et la rare capacité de révéler une vérité humaine
face à la caméra. Si elle avait arrêté après la franchise de
plusieurs films qui l'a amenée sur la scène mondiale, elle aurait
déjà réalisé une carrière pour laquelle de nombreux acteurs
passent leur vie à lutter ; mais Stewart venait seulement de
commencer. Au cours des dernières années, elle a construit une
impressionnante filmographie, la preuve d'un talent unique et d'une
conviction. Pas étonnant que son interprétation magnétique de
Valentine dans Clouds Of Sils Maria d'Olivier Assayas lui ait
valu ses prix de 'Meilleure Actrice Dans Un Second Rôle' aux New
York Film Critics Circle et aux César. De façon caractéristique
focalisée sur la découverte plutôt que la destination, Stewart
prend tout cela dans son sillon. Avec plusieurs projets en cours, y
compris des films avec Woody Allen, Ang Lee et Kelly Reichardt, 2016
promet d'être une autre année bien remplie pour la star rebelle
d'Hollywood.
Benn Northover
: Tu vis dans la partie Est de Los Angeles. Eh bien je ne connais pas
cette partie de la ville.
Kristen Stewart :
C'est l'un des seuls endroits à Los Angeles où tu trouves des
choses qui n'ont pas un doublon d'eux-mêmes. Ce n'est pas vraiment
commercial. Je ne sais pas où je vivrais à Los Angeles si je ne
vivais pas dans la partie Est.
La dernière fois [que
je suis venu] à Los Angeles, je me suis retrouvé à l'Hotel Ace.
J'aime le centre-ville.
Il y a encore ces
vieux diners et des cinémas désertés.
Ouais ! J'ai vu Patti
Smith au Ace.
Sérieux ?
On a traîné ensemble et
discuté, mais c'est le seul moment où je l'ai vue en live et c'est
vraiment un lieu de malade. Je me suis assise à la console son et au
milieu de son concert, elle est venue jusqu'à moi pour me dire
bonjour. Je disais, 'Retourne sur scène, espèce de cinglée !
Merci mais arrête !'. C'était génial.
Comment est-ce que
vous vous êtes rencontrées ?
Lors d'une afterparty
pour un truc de Sur La Route [Stewart a joué dans
l'adaptation du classique de Jack Kerouac en 2012). J'étais dans un
état un peu fragile pour être parfaitement honnête. Aussi, dans
une foule qui était assez focalisée sur, tu sais … Moi. Et elle
est venue vers moi et elle m'a demandé si j'allais bien.
Elle a compris.
Elle a totalement saisi.
J'ai dit, 'Ouais, je vais bien'. Et elle a dit, 'Non, je ne
parle pas du moment présent. Ton entourage est là pour toi'. Et
j'étais tellement désarmée par, Patti Smith, simplement venant
vers moi. Et puis ensuite, je me suis dit, 'Oh mon dieu, c'était
en fait … Un cadeau énorme, mon pote'. Et donc on a commencé
à parler depuis ça. Elle parle du boulot tout le temps et cela me
pousse toujours à me concentrer sur cela. 'Le boulot en tant que
sauveur'.
C'est le truc avec
elle ; c'est une discipline.
Ouais ! Elle est
tellement disciplinée.
As-tu eu d'autres
personnes comme mentors dans ta vie ?
Artistiquement, Patti est
la plus grande.
Elle comprend vraiment
le processus créatif et à quel point il s'agit de quelque chose de
personnel.
Et elle reconnaît
lorsque les gens sont authentiques et il s'agit d'une compulsion et
pas quelque chose qu'ils sont en train 'd'essayer'. Je pense qu’elle
est comme ça pour beaucoup de gens. Elle dit, 'Mec, allez mon
pote. Continue ! Fais quelque chose, impressionne moi, fais
quelque chose, ne t'arrête pas !'.
J'ai acheté un
exemplaire de M Train [le second mémoire de
Smith] juste avant d'aller à l'aéroport.
Je dois lire ça ;
je ne l'ai pas encore lu.
Il y a un passage vers
le début où elle décrit une nuit de Nouvel An. Elle avait fini
d'écrire et elle avait commencé à regarder The Gospel
According To St Matthew de Pasolini. Et elle remarque que
'la jeune Marie de Pasolini ressemblait en tout point à
une jeune Kristen Stewart'. Et ensuite, elle sort pour
embrasser la Nouvelle Année …
[Rires] C'est foutrement
cool !
Tu es immortalisée
dans la littérature.
Wow, c'est dingue !
Je ne savais même pas. Just Kids [le premier mémoire de
Smith] m'a vraiment embarqué, parce que tu sais, je suis une femme
d'action et quelqu'un qui a la bougeotte. Je ne peux pas rester calme
et à ce moment-là, j'étais en train d'essayer de comprendre ce que
je pouvais faire avec cela. Maintenant, j’écris beaucoup plus et
on s'envoie des trucs l'une pour l'autre. Et je peins.
Wow ! Quel genre
d’œuvre ?
Il
s'agit plus d'application, de la manière dont on ressent les choses.
J'adore vraiment les mots. Genre j'adore foutrement le faire. Lorsque
tu trouves le bon mot pour quelque chose, pour moi, il n'y a rien de
plus gratifiant. Je pense que c'est la raison pour laquelle j'aime
jouer la comédie, parce que j'aime être comprise. Je veux ressentir
quelque chose et je veux être certaine que tu es avec moi et que je
n'ai haché aucune putain d'émotion, que je n'ai haché aucun mot.
J'aime ce sentiment. Vous savez, je ne suis pas solitaire,
aucunement. Je veux –
– Partager –
Oui ! Tellement.
Tu sembles vraiment
embrasser le processus de découverte, par opposition à la simple
poursuite d'un résultat final.
Je dois être le
processus parce que je ne suis pas vraiment achevée. Je vais
toujours foirer le grand moment. Toujours. Mais ma façon d'aller
autre part est toujours inattendue. Et j'aime travailler comme ça,
j'aime dévorer l'art comme ça, là où tu sais qu'il est un peu
trouble et un peu dégoûtant, mais tu peux ressentir ce qu'il a
nécessité pour arriver là. Pour aller de A à B, ce qui se trouve
à l'intérieur est tellement rempli et tellement plein. Parfois,
concernant les choses que tu pensais vouloir ressentir, tu as tort et
c'est quelque chose d'autre.
Est-ce que ton
processus en tant qu'actrice a beaucoup changé au fil des
années ?Mon processus a plus été validé, mais il n'a
pas changé. J'ai eu quelques expériences avec quelques réalisateurs
et quelques acteurs qui étaient foutrement libres, qui font que je
ne me remets simplement plus en question si mon processus ne
correspond pas avec celui de quelqu'un d'autre. Je suis plutôt bonne
pour sélectionner et choisir les gens avec lesquels je devrais
travailler et je me trompe rarement. Je sais lorsque je rencontre
quelqu'un si on va s'entendre et tilter. Et je ne veux pas construire
quoique ce soit avec qui que ce soit. Je veux foutrement m'entendre.
Comme sur ce film que je viens juste de finir [Personal Shopper].
C'est à propos de cette gamine qui pleure la perte de son frère,
qui vit à Paris et essaye de communiquer avec lui de manière
obsessionnelle. Et il s'agit également d'une histoire de fantômes
vraiment terrifiante à propos de la solitude et ce dont vous croyez
qui est la réalité. Le film m'a tué – littéralement – il m'a
fait bouger mon putain de cul à travers Paris, 15 heures par jour, 6
jours par semaine. Genre simplement se battre, se battre, se battre,
se battre. Et donc, maintenant, je suis morte. Je vais littéralement
rentrer chez moi et être sur le point de m'effondrer, mais j'aime
ça. Genre, honnêtement, je ne sais pas combien de personnes
ressentent cela de cette manière. J'ai le sentiment que je me suis
poussée à un putain de degré de folie qui m'a permis de savoir ce
que est être en vie, bien plus que la plupart des gens se
permettent.
Il s'agit de cet
incroyable sentiment d'immersion.
J'aime le mot
'immersion'. Je l'ai récemment écrit dans un poème qui s'intitule
'Gravé dans ton immersion'.
Lorsque tu te donnes
complètement dans quelque chose.
Oh mon dieu, lorsque tu
es sur le plateau de tournage et que tu as 10 heures derrière toi,
mais tu es en fait en train de trembler et que tu pourrais
t'effondrer mais tu ne le fais jamais. Et tu es en quelque sorte en
mesure d'aller jusqu'à la fin, à chaque fois et tu te dis, 'Comment
est-ce possible ? Je suis tellement plus forte que le crédit
que je m'accorde à moi-même'.
Tu as une véritable
curiosité en toi. Est-ce que tu le nourris grâce à des recherches
ou es-tu plutôt impulsive ?
C'est bizarre. En fait,
j'ai fait cette étrange aversion pour le fait de travailler trop
avant un projet et ensuite je me donne vraiment un coup de pied pour
ça. Je crois vraiment au moment et j'ai le sentiment que si je
commence à me lancer dans quelque chose et si j'ai une idée et que
ce n'est pas le bon moment et qu'elle n'est pas capturée, ensuite je
vais mourir, je vais être tellement énervée.
Tu protèges l'idée
jusqu'à ce qu'elle soit prête à sortir ?
Ouais, je l'ignore
littéralement jusqu'à ce je doive la fixer. Pour des rôles pour
lesquels j'ai vraiment dû faire des recherches, j'ai eu de la
chance. Comme lorsque j'ai joué Joan, elle était là. Et donc, elle
ne m'aurait pas laissé chuter.
Avoir Joan Jett avec
toi sur le tournage pour te filer un coup de main ? Wow !
[Rires] C'était la seule
façon avec laquelle je ne me sentais pas en totale imposture. Et de
plus, elle est un Patti pour moi, c'est certain.
Tu viens juste de
travailler avec Tim Blake Nelson. J'adore son travail. En quoi
était-ce différent de travailler avec un réalisateur qui a été
acteur ?
Tellement différent.
Parce que, eh bien, il y a une compréhension concernant le fait
qu'il s'agit d'un processus et que cela ne va pas toujours marcher.
Il y a quelques réalisateurs qui disent, 'Ok, j'ai fait mon
boulot, maintenant c'est ton tour. Vas-y. Et tu dis, 'Uhhhhh
…'. Je n'ai pas des petits boutons que je peux pousser. On
a besoin de trouver ces boutons et tu as besoin de filer un coup de
main. Donc ouais, travailler avec des acteurs en tant que
réalisateurs est incroyable parce qu'ils sont si sensibles et
conscients du temps et de l'humeur et de l'énergie et c'est comme
éclairer une putain de bouteille lorsque tu captures quelque chose
et ce n'est pas un mensonge et ce n'est pas une construction. C'est
vraiment une expérience qui a été trouvée et activée.
Je suppose que c'est
cet équilibre sur la concentration et ne pas laisser le côté
technique de la réalisation prendre le dessus.
Pour lequel j'ai un
immense respect. J'aime le processus de cela également. Tu sais, mes
parents font partie du métier. Ma mère est une scénariste
superviseur, mon père un producteur superviseur. Tous mes frères
sont des techniciens. Mon grand-père a été le premier producteur
superviseur de Cecil B DeMille.
Un vrai héritage
cinématographique.
Cela a été ancré en
moi, je n'ai jamais voulu faire quoi que ce soit d'autre. Même si je
n'étais pas une actrice, je serais tout de même dans l'industrie du
cinéma dans une certaine mesure.
Sur un tournage,
l'équipe devient presque une famille élargie.
Ouais, c'est une putain
de famille ! Et tu peux ressentir leur passion. Tu ne peux pas
faire ce boulot si tu ne l'aimes pas, parce que c'est foutrement
difficile et en quelque sorte ingrat à moins que tu l'envisages
comme un travail. Mais pour être un vrai 'membre d'équipe heureux',
tu dois aimer ça et c'était le cas de mes parents.
Voudrais-tu faire des
films par toi-même ?
Oh ouais, je prévois de
le faire. Genre, je suis impatiente de le faire. J'en ai besoin.
Quelle est cette
impulsion ?
Tu dois avoir le goût de
cela sur un film lorsque tu travailles avec quelqu'un qui comprend ce
que vous êtes en train de faire ensemble. Je veux être en mesure
d'aider les gens à ressentir des choses. Il ne s'agit pas simplement
d'être un conteur d'histoire, il s'agit d'une expérience, il s'agit
d'aller d'un point A à un point B. Permettre aux gens d'être
complètement à l'aise afin qu'ils baissent leur garde. J'aime quand
cela m'arrive.
C'est subtil.
C'est foutrement
difficilement à faire. Ouais ! Encore une fois, c'est cette
putain de danse.
Quels films vont ont
inspiré enfant ?
J'ai adoré Taxi Driver. Je l'ai vu un million de fois.
J'ai adoré Taxi Driver. Je l'ai vu un million de fois.
Je ne m'attendais pas
à celui-là.
Mes parents ne m'ont pas
protégé de quelque chose comme cela. J'ai certainement vu des
choses que le plupart des parents n'auraient jamais permis à leurs
enfants de voir, mais vraiment – si jamais j'ai des enfants, ce que
je prévois probablement, je ne vais vraiment pas les protéger d'un
monde dans lequel ils vivent, afin qu'ils puissent simplement
reproduire la peur. Je veux dire, il y a un équilibre là-dedans,
mais …
La balance penche
lorsqu'il s'agit de télé poubelle et de conneries exposées par les
tabloïds.
Les gens qui sont
intéressés par le fait de vendre une vie comme s'il s'agissait
d'une histoire de bande dessinée ? C'est simplement de
l'argent, argent, argent, argent. C'est simplement une putain de
distraction et beaucoup de gens font beaucoup d'argent là-dessus
parce qu'on veut se laisser distraire.
Et il y a un appétit
vraiment malsain pour la distraction qui doit être nourri.
Totalement et on est tous
concernés. Je vais regarder mon fil d'actualité Instagram toutes
les 30 secondes, attendant qu'une autre photo apparaisse pour
laquelle je ne suis carrément pas intéressée.
Beaucoup d'acteurs
ressentent une pression poussant à sauter sur les réseaux sociaux,
genre, 'Je dois le faire ou je ne vais pas travailler !'.
Non, ne le fais pas !
Tu n'as pas à le faire – qui t'a dit ça ? Ce sont des
gamins, aussi, des acteurs plus jeunes, à qui on a dit ça, et c'est
genre, 'Mec, qui t'a dit ça ? Qui traîne autour de toi ?'.
Cela rend le processus
concernant le fait d'être conscient de soi, le fait de rechercher
l'approbation.
Ouais, tu dois vraiment
le faire selon ta propre manière, en créant une attente. Je suis
vraiment en train de me débarrasser de cela.
On a l'impression que
tu protèges vraiment ce qui est important pour toi. S'agit-il plus
de décision ou d'impulsion ?
Je suis foutrement super
impulsive, à défaut. Une fois que Twilight est sorti et que
je suis devenue super célèbre du jour au lendemain, j'étais
tellement dégoûtée et effrayée. J'étais simplement terrifiée.
J'ai carrément commencé à construire ces murs de briques partout.
Beaucoup de méfiance ?
Exactement, ce qui est
une déception. J'ai carrément abaissé certains d'entre eux depuis.
Tu as besoin de savoir ce qui se passe, tu as besoin de voir
par-dessus le mur. Cela ne peut pas être si haut alors que tu es
totalement isolé. Mais je n'ai jamais vraiment eu le désir de
partager avec les gens que je ne connais pas.
Je ne pense pas
qu'Instagram soit vraiment basé sur le partage.
Il ne s'agit pas de
partage, il s'agit simplement d'attention. C'est simplement à propos
de gens peu assurés ayant besoin [d'entendre], 'Tu es génial, tu
es sensationnel', à chaque seconde de la journée. Et la plupart
des acteurs sont comme ça. On est sensibles. Même les bons.
J'ai entendu parler du
prix New York Film Critics Circle pour Sils Maria. Pour
quelqu'un qui ne veut pas se définir par les réalisations passées,
où se situe t-il ?
Je
ne suis pas vraiment la personne qui gagne des trucs. Donc je me suis
habituée à penser que cela n'arriverait jamais ô grand jamais.
Même si je fais un truc qui va rester dans les annales, même si je
déchire et que je ne pourrais jamais faire mieux ou être plus
authentique, je ne vais tout de même pas gagner. Comme le César,
gagner ça en France ! C'est fou ! De plus, le film est
sorti il y a un bail et c'est un film étranger et il est en quelque
sorte en diagonal, il ne suit pas la ligne. Les performances qui sont
reconnues aux États-Unis sont toujours assez extrêmes, c'est
généralement, 'Je crie et je pleure !'.
Ou, en tant que femme, 'Je surmonte … Un putain de
truc !'. Tu vois ?
Mais Sils Maria était
vraiment réfléchi et calme et discret et comme une petite
méditation sur quelque chose. J'ai adoré le film, j'en suis
foutrement fière et je pense que Juliette [Binoche] et moi avons
puisé dans quelque chose avec l'aide d'Olivier. Cela m'a vraiment
surpris.
Et
à l'intérieur ?
C'est
agréable de recevoir une petite tape sur l'épaule, c'est certain.
Surtout si on considère d'où je viens. Les gens se battent vraiment
pour ces trucs. C'est comme la course pour devenir président,
essayer de gagner un putain d'Oscar. C'est comme la diplomatie. Et je
te le dis, une partie de toi se sent bien en quelque sorte avec ça,
parce que tu veux que les gens que tu connais s'en soucient. Et il
n'y a pas de malhonnêteté dans cela, mais tout le truc de la course
pour ça …. Je ne ferais jamais ça. Honnêtement j'étais choquée
par ça, je dis toujours que je suis 'immense' en France [Rires].
Je
me souviens avoir parlé avec Ben Gazzara une fois. Il disait,
[intensifie sa voix], 'Tu sais, j'ai réalisé qu'ils
m'aiment en France'.
[Rires]
Pas une si mauvaise chose.
De
quelle manière est née la collaboration avec Chanel ?
Je
les connais depuis des années. C'était genre la prochaine étape
dans la connaissance de l'autre. Karl [Lagerfeld] une personne
incroyable avec laquelle travailler. Il est obsédé par
l'information et les détails, presque à un niveau de TOC. Il est
vraiment obsédé avec l'histoire des choses.
Il
est super bien informé.
Il
a fait des études et il étudie. Tout ce qu'il veut faire c'est
d'apprendre des choses aux gens ; tout ce qu'il veut faire c'est
de s'assurer que tu saches quelle sorte de pellicule il a utilisé
pour filmer une fontaine en Italie et la raison pour laquelle il a
voulu faire ça et qui s'est assis sur cette fontaine en 1910 ou un
truc du genre. Il connaît les années, les noms, les dates – comme
c'est vraiment spécifique et il est obsédé par la transmission. Et
tu peux le dire. Il a vraiment le sentiment d'être comme un grand
père, qui dit, 'Hey écoute ! C'est important !'.
Il ne se remet jamais en question de manière créative sur le
tournage non plus – il est tellement confiant que tu tombes
simplement au bon endroit. Et il ne prend jamais 'trop' de temps.
J'ai tourné avec lui et il a fallu 5 minute et j'ai tourné avec lui
et il a fallu une journée complète. S'il obtient quelque chose en
un instant, il va simplement dire, 'Mets ce cure dent dans
ta bouche, mais un peu plus haut',
et ensuite, 'C'était cool, on est bons ! Ne remets
pas ça en question'. C'est un
preneur de risque.
C'est
amusant, j'ai écrit tout un tas de questions que j'allais te
demander, pendant mon vol pour Paris et je n'ai pas regardé mon
carnet une seule fois.
C'est
le truc ; parfois, tu dois le faire malgré tout. Simplement
pour que tu puisses avoir le sentiment que tu es prêt, pour que tu
aies la confiance nécessaire pour attaquer quelque chose et ensuite
tu peux le jeter. C'est dans ton corps, c'est la mémoire musculaire.
C'est
ce que nous disions plus tôt : impulsion, impulsion, impulsion.
C'est comme cette citation, 'Danse comme si personne ne te
regarde, aime comme si tu n'as jamais été blessé'.
J'aimerais
pouvoir danser comme si personne ne me regardait. J'ai dansé l'autre
nuit et je me sentais foutrement bien. Et ça ne me ressemble pas du
tout. J'envie tellement les gens comme ça. Je suis assez physique,
mais j'ai vraiment besoin de me laisser aller. Honnêtement,
j'aimerais simplement foutrement danser plus. C'est tout.
J'aime
le sentiment de simplement me perdre dans ce moment-là.
Moi
aussi, c'est mon truc préféré au monde.
Je
viens juste de regarder [le biopic de David Foster Wallace] The
End Of The Tour, et à la fin du
film, Jason Segel [dans le rôle de Foster Wallace] se rend dans
cette église baptiste pour se lâcher – il danse simplement,
tellement libre.
Oh
je dois voir ça. David Foster Wallace est un putain d'homme. J'ai
créé un tatouage pour Sils Maria
basé sur son discours This Is Water.
C'était deux petits poissons et ensuite un plus gros poisson.
C'était vraiment cool. Je vais peut être me faire faire un tatouage
aujourd'hui.
Qu'est-ce
que tu vas te faire faire ?
Je
vais me faire tatouer la citation 'One more time, with feeling'. Je
sais que c'est un magnifique cliché, mais 'One more time, with
feeling', face à moi, de manière à ce que je puisse le voir, et
dans mon écriture, sur cette veine. Parce que je foire beaucoup les
trucs. Mais cela ne cesse jamais. Le boulot ne s'arrête jamais,
[cite les paroles de Blink182], 'Une
fois de plus, avec des sentiments. Refais le, refais le. Oh, tu
penses que tu as foiré . Chéri, refais le, refais le, refais le,
refais le'.
Source: @AnOtherMagazine
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