A l'occasion de la promotion de Spencer lors du Festival du Film de Telluride 2021, le réalisateur Pablo Larraín mentionne Kristen et parle du film, du tournage, du personnage de Diana, des raisons pour lesquelles il s'est lancé dans le projet ou encore son développement dans une interview avec Vanity Fair.
Pablo Larraín qualifie Kristen Stewart de 'force de la nature' qui porte Spencer sur ses épaules
Le réalisateur chilien voulait faire un film au sujet de la princesse Diana comme quelque chose que sa mère aimerait – et pour ce faire, il avait besoin d'une actrice qui, malgré le rôle énorme qu'elle jouait, 'n'a jamais eu peur'.
Pablo Larraín est à Telluride samedi quelques jours après l'avant première à Venise de son dernier film Spencer, une réinvention de trois jours de la vie de la princesse Diana mettant en vedette Kristen Stewart.
Assis avec Vanity Fair à l'extérieur du Palm Theatre, il attendait ce qui ne serait que la troisième projection du film devant un public, dans le cadre du Festival du Film de Telluride de cette année. Jetlagué mais excité, il savait déjà qu'il n'y avait pas de festival de cinéma comme celui-ci. 'Il s'agit de vraiment voir des films et de se connecter avec eux', a t-il déclaré. 'C'est comme une thérapie par le cinéma, comme une guérison ici. Tout le monde guérit de ces dernières années'.
Spencer, qui courtise déjà de nombreux buzz de la saison des récompenses et des critiques favorables, est décrit comme un 'conte de fées à l'envers', suivant Diana lors d'un week end de Noël au début des années 90, lorsque son mariage s'effondrait et qu'elle était constamment surveillée – à la fois des paparazzi à l'extérieur du domaine et de la famille royale au sein de celui-ci.
Bien qu'il y ait des éléments factuels dans cette histoire, Larraín – qui a déjà réalisé le biopic au sujet de Jacqueline Kennedy, Jackie – ne fait en aucun cas un biopic traditionnel. Ancré par une performance phénoménale de Stewart, Spencer (que NEON sortira en salles le 05 novembre) est une fable imaginative de ces trois jours et une exploration de la maternité et de l'identité inspirée par la propre mère de Larraín. Le cinéaste chilien de 45 ans a parlé avec Vanity Fair, dans sa deuxième interview seulement sur le film, des raisons pour lesquelles Stewart était son roc pendant le tournage, la façon dont il a appris à regarder ses propres films et ce qu'il pense de la façon dont les fils de Diana, le prince William et le prince Harry pourraient réagir au film.
Journaliste : Qu'est-ce que cela fait de s'asseoir avec un public et de regarder Spencer à Venise et maintenant ici à Telluride ?
Pablo Larraín : J'avais l'habitude de l'éviter. Ça me rend un peu nerveux quand je suis avec les autres. Je deviens assez nerveux. Je quittais la salle quand la lumière s'éteignait. Mais alors, lorsque nous étions à Venise pour Jackie, Natalie [Portman] a dit, 'Tu restes'. Alors, je l'ai fait. Et puis à partir de là, je suis resté et c'est magnifique. Après la panique initiale, cela fait du bien de l'expérimenter et d'apprendre [des choses] du processus.
Journaliste : Quand vous est venue l'idée de faire un film sur la princesse Diana ?
Pablo Larraín : J'ai grandi en voyant ma mère s'intéresser vraiment à Diana. Et à un moment donné, avec mon frère, qui produit tout ce que je fais, nous avons pensé à peut être faire un film sur Diana et essayer de faire un film qui plairait à ma mère. Et puis, nous nous sommes entrés en contact avec Paul Webster en Angleterre. Et il a dit, 'Laissez-moi voir s'il y a de l'intérêt autour'. Et il a rappelé et dit, 'Ouais, il y en a'. Ensuite, nous sommes allés voir Steven Knight, avec qui j'allais faire un film avec lui mais ça n'a pas marché, mais ses mots et sa précision sont restés en moi. Nous avons proposé le concept lors d'un déjeuner, puis il est parti, et trois mois après, nous avons eu le scénario. C'était vraiment rapide.
Journaliste : Comment avez-vous décidé de centrer le film sur seulement trois jours de sa vie ?
Pablo Larraín : Eh bien, après Jackie, nous avons appris qu'en restant trois jours avec quelqu'un, vous pourriez probablement élaborer une belle transformation tout au long d'une crise très spécifique. Nous savons qu'en cas de crise, nous apprenons à très bien connaître les gens. Cette crise était probablement simplement de trouver sa propre identité. Comment comprenons-nous qu'elle était quelqu'un qui pouvait facilement exister par elle-même et avoir sa propre identité en plus de son mariage, la famille royale. Et puis, Spencer est venu comme une idée très singulière et simple. Je me demande toujours qu'elle est le nom de famille de la famille royale ? Ils sont membres de la Maison de Windsor et ils deviennent des 'De Galles'. Princesse est un titre, et alors où est son nom ? Je ne sais pas, c'est une grande transformation.
Puis en même temps, nous avons compris que le conte de fées qui suivrait pouvait être aussi très dramatique et tragique. Et au lieu d'être présent dans cette tragédie et de l'intégrer à l'histoire, nous avons pensé qu'il valait mieux l'étendre à un type de tragédie plus existentielle. Et aussi ce qui s'est passé, c'est que ces dernières années, la façon dont je me rapporte à sa mémoire et à son processus, c'était évidemment tout au long vis à vis de William et Harry, vous savez ? Alors je les vois, je sais qui ils sont. Je les respecte. Et quelque part avec mes limites, j'essaie de la comprendre. Mais je vois Diana comme une mère, et c'est là que nous essayons en quelque sorte de comprendre que nous avions une belle histoire à raconter autour de la maternité.
Journaliste : L'une de mes scènes préférées est celle où Diana joue à ce jeu avec ses fils, dans lequel elle prétend être une capitaine militaire et ils sont ses soldats et doivent répondre à ses questions rapidement et honnêtement. C'est tellement ludique et mignon.
Pablo Larraín : Vous savez comment ça s'est passé ? Nous étions en train de caster les garçons, et ensuite j'ai commencé à jouer à ce jeu parce que c'est un bon moyen de le faire improviser et de voir comment ils réagissent. C'était via Zoom. Nous avons vu beaucoup, beaucoup d'enfants, puis nous avons fait une liste d'environ trois. Alors j'ai dit, 'Soldat, quelle est la couleur de tes chaussettes ?'. Et ils disaient, 'Jaune, monsieur'. Et je disais, 'Quel est votre club préféré ?'. Et ils disaient, 'Manchester United'. C'était tellement drôle et nous avons créé quelque chose, et j'ai appelé Steve et j'ai dit, 'Steve, peux-tu l'écrire ?'. Alors, il l'a écrit, puis Kristen, avec les deux enfants, a en quelque sorte proposé la logique du jeu. C'est la seule scène du film à moitié improvisée.
Journaliste : Comment avez-vous fini par décider que Kristen Stewart était la bonne pour le rôle ?
Pablo Larraín : Nous avons discuté avec d'autres personnes. Nous avons eu quelques hésitations – pas pour moi, de la part d'autres personnes finançant le projet – à avoir une actrice américaine. Et je pensais que c'était évidemment un point, mais je pense que Kristen a ce mystère et ce magnétisme. J'ai vu un film intitulé Personal Shopper et j'ai adoré et je ne l'ai pas complètement compris à cause d'elle. Cela m'a beaucoup fait réfléchir. Je n'étais pas vraiment capable d'habiter sa présence. Et quand ça arrive, ça passe à un niveau poétique, je pense, de la façon dont je le vois.
Nous lui avons donc envoyé le scénario et j'étais assez nerveux de savoir si elle était partante. Et puis, elle m'a appelé et m'a dit avec son accent américain, 'Mec, je suis partante'. Et puis, le processus a commencé et elle n'a jamais, jamais pendant tout le processus, même pas à Venise l'autre jour ou ici, même pas quand elle portait les costumes, jouait la comédie et répétait, ou peu importe, elle n'a jamais eu peur. Ce que j'ai fait à plusieurs reprises à cause de ce qui se passait. Contrairement à ce qui se passe habituellement, je me suis accroché à sa force. Elle a vraiment porté le film sur ses épaules. J'ai bien sûr fait mon travail. Je l'ai dirigé. J'ai dirigé l'orchestre qui devient un film, mais elle est la force de la nature.
Journaliste : Vous avez mentionné avoir peur. Est-ce que cela était spécifique à ce film ou en général faisant partie de votre processus ?
Pablo Larraín : Non, ce n'est pas une peur spécifique avec ce film. C'est simplement une sorte d'incertitude régulière que vous ressentez avant de se lancer dans un film qui, comme tous les films, est tellement fragile. Même si vous travaillez très dur pour organiser toutes les choses avant, la réalité est qu'un film est fait dans la salle de montage et que tout le reste est approché pour y arriver. Je ne pense pas que la peur soit le mot juste. C'est comme, c'est simplement faire face à ce vide, cette incertitude de ce que ce serait. Je pense vraiment que Kristen est une sorte de miracle.
Journaliste : Le pitch appelle cela un conte de fées à l'envers. D'où vient cela ?
Pablo Larraín : Oui, ce qui est vrai et cela a du sens. Et c'est quelque chose dont nous avons discuté. Connaissez-vous Walter Benjamin ? C'est un intellectuel. Je dois vous lire ce qu'il a dit, 'Et ils vécurent heureux pour toujours, dit le conte de fées. Le conte de fées, qui est à ce jour le premier tuteur des enfants parce qu'il fut autrefois le premier tuteur de l'humanité, se perpétue secrètement dans l'histoire. Le premier vrai conteur est et restera le conteur de contes de fées. Chaque fois qu'un bon conseil était indispensable, le conte de fées l'avait, et là où le besoin était le plus indispensable, le conte de fées l'avait, et là où le besoin était le plus grand, son aide était la plus proche. Ce besoin a été créé par le mythe. Le conte de fées nous raconte les premiers arrangements que l'humanité a pris pour secouer le cauchemar que le mythe avait placé sur sa poitrine'.
Journaliste : Vous avez lu ceci en préparant le film ?
Pablo Larraín : Non, j'ai lu ça la semaine dernière. Ce n'était pas lié au film. Mais ce que je trouve beau, c'est ce que nous racontons des contes de fées aux enfants. J'ai moi-même des enfants. [Nous le faisons] pour créer la paix et la beauté avant qu'ils ne dorment et pour leur donner une enfance belle et optimiste. Mais ensuite, nous grandissons et nous faisons face au vide de l'âge adulte, à la peur de la crise et aux problèmes que nous avons tous. Et nous avons essayé d'y survivre. Nous travaillons très dur pour survivre à ces problèmes. Parfois, ils ne fonctionnent pas. Donc, je suppose que nous pouvons tous nous identifier à Diana parce que lorsqu'elle grandit après cette enfance de contes de fées, elle a eu tellement de situations terribles. Donc sa vie, son conte de fées qui est devenu réalité, c'est quelque chose qui vaut un film, je pense.
Journaliste : Beaucoup ont souligné comment, comme Diana, Kristen a dû faire face aux paparazzi et être dans l’œil du public depuis qu'elle est très jeune. C'est quelque chose dont vous avez discuté ?
Pablo Larraín : Non. Jamais identifié à elle. Jamais. Je comprends ce que vous dites. Nous étions dans le personnage et extrêmement concentrés là-dessus. Je dirai que puisque le paparazzi est quelqu'un qui est loin, c'est une culture d'objectif long. C'est donc toujours quelqu'un avec un objectif très long qui se cache. Lorsque vous faites un film comme celui-ci, nous avions des objectifs larges près comme ça, mais pas si près. Près comme ça. [Tient la main à quelques centimètres du visage]. Vous respirez avec elle et cela devient intime, et à cause de cela plus énigmatique.
Lorsque nous tournions, nous avions des paparazzi qui nous entouraient tout le temps, et en Angleterre, c'était terrible. Il y avait des gars vraiment grossiers qui étaient là, des gens très violents et agressifs. Mais Kristen n'était tout simplement pas affectée. Je n'ai donc rien eu à faire pour l'aider à quelque niveau que ce soit parce qu'elle y faisait face depuis des lustres. Alors elle n'avait pas besoin de moi là-bas. Je pense qu'elle n'a besoin de personne.
Journaliste : Vous avez mentionné les acteurs qui jouent Harry et William. Pensez-vous à ce que les vrais Harry et William pourraient ressentir s'ils voyaient ce film ?
Pablo Larraín : Écoutez, s'ils veulent le voir, nous finirons éventuellement par entrer en contact avec quelqu'un qui pourrait leur fournir. Nous serons heureux de leur montrer le film. J'ai un énorme respect pour eux et j'ai beaucoup d'admiration pour ce qu'Harry a fait. Mais cela pourrait être une situation qui n'est pas facile pour eux. Je ne sais pas … Je ne voudrais pas faire quoi que ce soit qui créerait des problèmes. Ils en ont eu assez. Je ne veux rien ajouter d'autre. J'ai fait ce film par respect et amour pour leur mère et pour ma mère. C'est un film de maman.
Source: VanityFair @Beccamford
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