A l'occasion de la press junket européenne de Seberg réalisé par Benedict Andrews, Kristen parle du film, de son personnage Jean Seberg, du tournage, du contexte politique de l'époque, de sa carrière et des réseaux sociaux dans une interview avec le journal suisse Tages Anzeiger.
Traduction faite depuis l'allemand par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Une pause collective devant la porte : Kristen Stewart apparaît, se glisse dans le salon, s'assoit à une petite table, la porte reste ouverte avec un petit écart. Les spécialistes de la beauté commencent à s'activer sur ses cheveux et ses lèvres. Ensuite, on me demande de revenir. Je lance le dictaphone et Stewart demande si elle peut me verser un verre d'eau. 'Je vous remercie !' - 'De rien !'. Elle secoue sa jambe croisée, une sorte de métronome qui ne se reposera pas pendant les 15 prochaines minutes.
Journaliste :
Vous êtes déjà venue en Suisse pour tourner – en 2014 pour
Clouds Of Sils Maria. Quel est votre
souvenir ?
Kristen Stewart : Eh bien, on
filmait dans les montagnes, je me sentais très isolée. Mes
impressions étaient donc essentiellement la nature et Juliette
Binoche, donc des impressions très fortes. [Rires] Nous étions 'au
milieu de nulle part', mais c'était fantastique.
Journaliste :
On dit que vous vouliez faire du shopping à l'époque, mais on vous
a dit que cela n'était pas possible.
Kristen Stewart :
Euh, je ne sais pas ce que vous voulez dire … Attendez une minute !
C'est parce que tous vos magasins en Suisse sont fermés le dimanche,
n'est-ce pas ? Eh bien, cela conduit à certaines frustrations
chez les Américains.
Journaliste :
Vous êtes la seule actrice américaine à ce jour à avoir remporté
un César français pour Clouds Of Sils Maria.
Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Kristen
Stewart : Je suis honoré d'avoir reçu ce prix, mais je ne
peux pas dire que ma connaissance du cinéma européenne est
particulièrement excellente. Je suis fascinée par la philosophie de
ces films, les aspects culturels et je suis attirée par cette
certaine complaisance en Europe, où l'on peut et veut s'afficher
tout en étant détaché des contraintes de l'industrie du
divertissement et du cinéma.
Journaliste :
Contrairement aux films plus commerciaux comme Twilight ?
Kristen
Stewart : Ouais, même si je pense que si vous utilisez des
films commerciaux pour votre propre bénéfice, c'est l'un des trucs
les plus cool que vous puissiez faire. Cependant, mes [films]
personnels préférés sont les films indépendants américains.
Journaliste :
En parlant de ça. Avant de devenir une star avec Twilight,
vous avez joué aux côtés d'Eddie Redmayne, qui était également
inconnu à l'époque, dans le 'road movie' The Yellow
Handkerchief, produit par le suisse Arthur Cohn. Quelle a
été l'importance du film dans votre carrière ?
Kristen
Stewart : Oh, je n'y ai pas pensé depuis un moment. Il fut
un temps où je faisais un film après l'autre, des petits projets
que je semais qui mettaient également en vedette Robert De Niro ou
Sean Penn et qui, avec un peu de chance, ont été sélectionné au
Festival de Sundance. Quand je pense à The Yellow Handkerchief,
c'est une période où je n'ai eu à répondre à aucune question sur
la trajectoire de ma carrière. Je faisais simplement des films et je
voyais ce qu'il se passait. J'essaye toujours de faire ça
aujourd'hui.
Journaliste :
Mais aujourd'hui, vous êtes une star. Et, comme Jean Seberg à
l'époque, vous mâchez rarement vos mots. Comment vous protégez-vous
face au fait d'être chassée ?
Kristen Stewart :
Jean Seberg a été attaquée d'une manière très spéciale, ce qui
était inhabituel à l'époque. À titre de comparaison, la façon
dont nous nous regardons de nos jours me semble parfois flagrante,
mais je n'ai jamais vu une poursuite en voiture comme celle que
Seberg a enduré de la part du FBI – c'était abusif et illégal.
Je n'ai pas moi-même peur d'être aussi perdue que Seberg à la fin
de sa vie. D'un autre côté, j'ai peur que vous puissiez courir à
votre perte beaucoup plus vite aujourd'hui que dans les années
soixante.
Journaliste :
Est-ce pour cela que vous n'êtes pas présente sur les réseaux
sociaux ?
Kristen Stewart : Disons-le de
cette façon : je suis heureuse de pouvoir partager ma vie avec
les autres en faisant des films. C'est un grand terrain de jeu pour
m'exprimer et j'y révèle les détails les plus intimes de mon
existence. Je n'ai pas besoin de Twitter ou de Facebook, mais je
comprends que c'est important pour les autres de communiquer avec.
Journaliste :
Préféreriez-vous vivre dans les années soixante si vous le
pouviez ?
Kristen Stewart : Non. C'est un
privilège de vivre à une époque moderne et de communiquer avec des
moyens modernes. Par exemple, il est possible de parcourir toutes
sortes de mensonges et de les nommer comme tels. Jean Seberg n'avait
pas ces options, car tout se passait en cachette à l'époque. Il y
avait un calme trompeur, ce qui l'a finalement amenée à paniquer, à
quitter son pays et à ne jamais revenir.
Journaliste :
Vous ne quitteriez jamais votre pays ?
Kristen
Stewart : Non, je ne veux pas être une patriote expatriée.
Je crois toujours que nous avons une chance d'être aux Etats Unis.
Journaliste :
Jean Seberg croyait également dans la chance. Qu'avez-vous en commun
avec elle ?
Kristen Stewart : Elle était si
tangible dans tout ce qu'elle faisait. Cela a facilité la sympathie
pour elle. C'était plus difficile parce que je n'avais pratiquement
aucune source disponible, il n'y a presque pas d'enregistrements vidéo
privés. Donc, je ne savais pas comment elle entrait dans une pièce
alors qu'elle était complètement décontractée. En ce sens, le
film était une idée imaginaire de ce que cela aurait pu donner
comme impression d'être Jean Seberg. Il n'y aucun moyen de vraiment
la connaître.
Journaliste :
Pouvez-vous décrire comment vous avez obtenu la vivacité de Seberg
dans le film ?
Kristen Stewart : Eh bien,
c'est toujours un mélange de peur et d'adrénaline qui me pousse
dans des rôles comme celui-ci. Si je suis censée me faire passer
pour quelqu'un comme Seberg, je pense d'abord que ce n'est
certainement pas moi. Et contrairement à elle, j'ai une voix assez
profonde.
Le réalisateur Benedict Andrews m'a alors conseillé de parler une octave plus haut/ cela m'a aidé. De plus, j'admire Seberg pour ses principes généreux et sans compromis/
Journaliste :
Qu'est-ce que cela a à voir avec votre rôle ?
Kristen
Stewart : Je préfère réfléchir à deux fois avant de
dire quoi que ce soit. Jean Seberg était exactement le contraire.
Elle était si incroyablement ouverte. Mais lorsque je vais enfin sur
le plateau de tournage, je dois repousser toutes ces pensées pour
entrer dans le rôle. Si cela fonctionne, si je peux combiner des
choses qui me sont à la fois familières et totalement étrangères,
alors au début, c'est effrayant. Mais alors ça fait du bien.
Source: TagesAnzeiger
Via: @_ReH_ReH
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