A l'occasion de la press junket de Come Swim lors du Festival du Film de Cannes 2017, Kristen évoque le développement de son premier court métrage, le tournage ou encore le métier d'actrice et celui de réalisatrice dans une interview avec Women And Hollywood.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Interview à Cannes –
Kristen Stewart explique pourquoi la réalisation ne devrait pas être
de la rectification
Kristen Stewart est en
train de se construire une belle carrière. Elle a connu la célébrité
internationale dans Twilight, mais c'est ce qu'elle a fait
après la franchise à propos d'une histoire d'amour vampirique qui
l'a vraiment révélé. Au lieu de graviter autour de blockbusters ou
vers l'appât que représentent les Oscars, elle a signé pour
apparaître dans des films indépendants intéressants et elle a
livré des performances remarquables dans des films comme Certain
Women de
Kelly Reichardt et Personal Shopper
et Clouds Of Sils Maria d'Olivier
Assayas. Et maintenant elle
se lance dans la réalisation. Elle est à Cannes pour son nouveau
court métrage, Come Swim.
J'ai parlé avec Stewart
à propos de la raison pour laquelle a décidé de passer derrière
la caméra, ce qu'elle cherche dans un projet et la raison pour
laquelle elle pense que la réalisation ne devrait jamais être
rectificative.
Come Swim a été
projeté en avant première mondiale à Sundance en janvier et il a
fait ses débuts à Cannes le 20 mai.
Journaliste :
Merci d'avoir pris
le temps de me
parler. Women And Hollywood se focalise sur le féminisme et le
business. Voici l'un de nos badges.
Kristen Stewart : 'Éduquer. Militer. Agiter'. Foutrement vrai !
Kristen Stewart : 'Éduquer. Militer. Agiter'. Foutrement vrai !
Journaliste :
J'ai pensé que
vous seriez d'accord. Alors, d'où provient l'inspiration de ce
film ?
Kristen Stewart :
J'étais en quelque sorte
focalisée sur une image : une personne dormant sur le fond de
l'océan – ce qui est évidemment un lieu très inhospitalier
pour qu'un homme
y dorme – et de voir ce contentement étrangement
placé, la satisfaction de cet isolement et se demander pourquoi
il s'agit de quelque chose de plaisant pour lui.
Tout le monde – les jeunes en
particulier – passent par ce genre de chose : votre première
désillusion ou peine de
cœur qui vous place en périphérie de la vie. Vous avez le
sentiment que vous ne pouvez pas participer aux choses normales. Vous
vous demandez, 'Putain ?
Je suis là, j'ai
l'impression que je suis là, mais putain je ne suis pas là. Je suis
saturé. J'évolue dans l'eau'.
Il ne s'agit pas
nécessairement de dépression autant que d'anxiété ou d'incapacité
de participer à des choses 'normales'. Vous aggravez cette douleur
lorsque vous êtes petit ; vous croyez que votre douleur est
différente de la norme.
Donc, l'idée était de faire ressentir cette douleur, puis de
regarder quelqu'un, pendant un instant, simplement pour réaliser
qu'en fait ils vont très bien. Voir cela un jour de deux
perspectives différentes. L'un des deux est le sien et c'est
tellement graphique, surréaliste et anormal. Ensuite, vous sortez de
cela, vous allumez les lumières et vous réalisez que, en fait, tout
le monde a fait quelque chose comme cela.
Journaliste :
Le début du film
suggère certainement le sentiment d'être simplement submergé et
sous l'eau, donc l'explication aide énormément. Si vous deviez
le décrire en une phrase, que diriez-vous aux gens ? 'Come
Swim est …' ?
Kristen Stewart : Je
dirais qu'il s'agit de deux points de vue sur l' 'évolution' d'un
homme. De plus, en ce qui concerne l'utilisation de la voix off du
film, elle parle de la
perspective et de la façon dont vous vous souvenez d'une situation.
Vous pouvez absolument vous auto attaquer avec des souvenirs, et
ensuite si vous regardez la même situation sous un point de vue
légèrement différent, cela peut apparaître [très différemment].
Essentiellement, j'avais mes deux
acteurs qui traînaient dans une piscine et qui se chamaillaient ;
ils prétendaient noyer l'autre, ce qui semble dramatique, mais en
fait c'était mignon. Dans le film, le personnage principal est un
peu revêche et peu disposé à nager ; il n'aime pas l'eau.
Théoriquement, ils ont rompu et tout ce qu'il fait est de penser à
ce qu'il aurait pu faire différemment pour éviter de foirer tout
cela. Il se demande toujours, 'Pourquoi
n'ai-je pas envie de nager avec elle ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
Mon dieu, tout ce qui me concerne est terrible'.
Vous commencez simplement à revenir dans votre mémoire, en vous
demandant ce que vous auriez pu faire différemment. Mais, si vous
dépassez cela, vous vous rendez compte que ce sont des souvenirs
amusants que vous utilisez comme horribles.
Donc, j'ai utilisé les mêmes messages vocaux dans différents
endroits avec des lectures légèrement différentes. Certains sont
sinistres, agressifs et effrayants et ensuite les mêmes mots sont
exprimés par le rire pour créer un souvenir différent et charmant.
Journaliste :
Était-ce personnel
pour vous ?
Kristen Stewart : A
100 %.
Journaliste :
Qu'est-ce qui vous
a décidé à écrire et réaliser ? A quel moment avez-vous su
que vous vouliez faire cela ?
Kristen Stewart :
J'ai toujours voulu faire
des films depuis que j'ai 9 ou 10 ans – dès que j'ai voulu jouer
la comédie. J'ai regardé le processus depuis je suis un bébé. Ma
mère, Jules Mann-Stewart, est une responsable scénariste et mon
père, John Stewart, est un producteur pour la télévision. J'ai
toujours été sur les tournages avec ma mère et elle a toujours
travaillé très étroitement avec les réalisateurs.
Je voulais être sur les tournages. J'ai adoré l'effort de l'équipe.
J'ai vraiment aimé que les gens fassent des choses totalement folles
et j'ai pensé que le rudiment de tout cela devait valoir quelque
chose. Faire partie de cela était vraiment attrayant.
Au fur et à mesure que j'ai vieilli et en fait commencé à faire
partie de ce processus, j'ai compris à quel point cela pouvait être
spirituel ; la seule chose qui pourrait obliger quelqu'un à
travailler dur est cette nature compulsive, artistique et
protectrice ; la nécessité de protéger une histoire, de
s'assurer que l'expérience de celle-ci peut être transférée sur
d'autres parce qu'elle en vaut la peine.
Les meilleurs réalisateurs avec lesquels j'ai travaillé vous
donnent toujours le sentiment que vous avez une main qui tient ce bol
d'eau. Vous devez avoir terminé à la fin de la ligne et cela part
dans tous les sens. Mais, si nous avons tous un rôle égal, nous
pouvons le mener jusqu'à la fin et toute l'eau sera encore dans le
bol.
Journaliste :
C'est une belle
image. Je suis certaine que vous avez travaillé avec des
réalisateurs que vous avez aimé et certains que vous n'avez pas
aimé. Qu'avez-vous appris des réalisateurs – bons et mauvais –
que vous avez amené dans ce projet ?
Kristen Stewart : La
réalisation est un mot étrange parce
que cela implique que vous disiez aux gens ce qu'il faut faire. Le
meilleur sentiment dans le monde entier est de vouloir quelque chose,
de transmettre ce désir aux autres et de le voir devenir une chose
égoïste pour eux – quelque chose qui n'a rien à voir avec le
fait de me faire une faveur ou de satisfaire un travail. C'est
en fait ce transfert de désir. Tout à coup, ils atteignent un
endroit où ils commencent en prendre possession par eux-mêmes.
La réalisation n'est jamais à
propos de la rectification ; c'est le pire. Vous
pouvez influencer les gens, mais, à la fin de la journée, vous avez
amené les gens dans un endroit parce que vous êtes inspiré par
eux. Vous voulez regarder ce qu'ils font.
Journaliste :
L'autre jour, lors
d'une interview 'Women In Motion', Robin Wright a déclaré, 'ne
jamais dire non'.
Kristen Stewart :
Tout à fait. Parce que si
vous n'aimez pas quelque chose, ne leur dites pas. Si quelqu'un est
sur le chemin, ne les dévalorisez pas. La raison pour laquelle vous
êtes là est d'explorer quelque chose. Il ne s'agit pas de contrôler
finement cette expérience. Vous souhaitez que quelqu'un découvre et
expérimente.
Je ne veux pas emballer et livrer
des idées ; je veux que tout le monde soit dans une pièce,
médite sur un sujet, le capture, l'assemble
et l'étend. Je ne suis pas trop précieuse à ce sujet.
Journaliste :
C'est
la raison pour laquelle je pense que les femmes sont vraiment des
bonnes réalisatrices ; nous savons comment rassembler
énormément de gens parce que c'est ainsi que nous sommes
socialisés.
En
parlant de femmes réalisatrices, vous avez fait Twilight
avec Catherine Hardwicke. Bien que ce soit le
film qui ait fait le plus de bénéfices réalisé par une femme à
cette époque, elle a dû subir une réduction de salaire pour son
film suivant. Même aujourd'hui, elle continue de lutter pour faire
ce prochain film. Quelles sont vos réflexions à ce sujet et les
opportunités pour les femmes ?
Kristen Stewart : Il
existe une valeur absolue dans un processus de prise de décision
induite par l'argent. Je veux que les gens voient les films sur
lesquels je travaille. Je veux qu'ils touchent autant de personnes
que possible. Mais, les gens qui réussissent vraiment à faire sont
tellement compulsifs.
Regardez quelqu'un comme Andrea Arnold. Elle raconte ses propres
histoires. Elle n'est pas engagée. Personne ne peut raconter les
histoires qu'elle raconte. Elles sont les siennes. Elles viennent d'elles.
C'est indubitablement ennuyeux
qu'énormément de temps
soit nécessaire pour trouver un équilibre. Il n'y a pas d'égalité
dans ce business.
Journaliste :
On ne s'en approche
même pas. Les femmes réalisatrices représentaient 4% dans le top
100 des films ayant le plus rapporté au box office l'année
dernière.
Kristen Stewart :
C'est toujours un peu
difficile d'en parler.
Journaliste : Je sais. Il n'y a pas de réponse, mais vous êtes une personne tellement engagée. Vous avez travaillé avec des hommes et des femmes comme Kelly Reichardt. Tout le monde veut travailler avec, mais elle gagne si peu d'argent pour ses films.
Journaliste : Je sais. Il n'y a pas de réponse, mais vous êtes une personne tellement engagée. Vous avez travaillé avec des hommes et des femmes comme Kelly Reichardt. Tout le monde veut travailler avec, mais elle gagne si peu d'argent pour ses films.
Kristen Stewart : Je
sais, mais cela montre également qui elle est.
Journaliste :
Elle aimerait un
peu plus d'argent.
Kristen Stewart :
Certainement, mais si vous
regardez les types de films qu'elle fait, ils ne rapportent pas
beaucoup d'argent.
Journaliste :
Eh bien, je crois
également que c'est un cercle vicieux. S'ils étaient projetés dans
plus de cinémas, alors plus de gens les verraient et ainsi de suite.
Kristen Stewart : Bien
sûr. Pensez-vous qu'ils ne sont pas projetés dans plus de cinémas
parce que c'est une femme ?
Journaliste :
Je pense que
certains films ne sont pas plus projetés dans les cinémas parce
qu'ils n'ont pas assez de budget pour justifier plus de cinémas ;
ils n'ont pas le budget marketing pour les repousser. Mais, même le
dernier film d'Andrea Arnold, American
Honey, était assez
commercial. Il aurait pu être plus projeté et cela aurait être une
option pour les Oscars.
Kristen Stewart :
J'ai été choquée que
cela n'est pas été le cas.
Journaliste :
C'est vrai.
L'occasion ne s'est pas présentée et cela montre le nombre écrasant
des critiques masculines à un certain niveau. C'est un cycle très
difficile à briser. Vous en avez déjà énormément vu et
maintenant vous entrez dedans. Vous allez devenir une réalisatrice
et vous voulez continuer à jouer la comédie et également à
écrire. Vous allez être dans ce monde. Comment naviguez-vous dans
cela ?
Kristen Stewart : Je suis tellement chanceuse. J'ai des
gens qui écoutent. Je suis dans un endroit très chanceux.
Journaliste :
C'est intéressant
parce que je vis à New York et j'écris sur le féminisme et sur
Hollywood. Je suis toujours un peu choquée lorsque je vais dans un
endroit comme celui-ci ou que je vais à Los Angeles et que je vois
toute la machinerie derrière tout cela.
Il s'agit de quelque chose que vous vivez. Vous semblez être un
individu extrêmement heureux et charmant. Je ne vous connais pas,
mais les gens croient bizarrement qu'ils vous connaissent. Comment
gardez-vous votre propre identité et comment leur donnez-vous
aujourd'hui ce dont ils ont besoin pour promouvoir vos films ?
Kristen Stewart : En
ce moment, c'est étrange parce que je ne travaille pour personne. Je
suis moins nerveuse ici parce que je ne suis pas vraiment préoccupée
par le fait de représenter un réalisateur et la façon dont il veut
parler d'une histoire.
Journaliste :
Parce que vous êtes
la réalisatrice.
Kristen Stewart :
Ouais. C'est une aventure
et c'est foutrement génial. Je devais en quelque sorte abandonner
l'idée que vous pouvez contrôler la façon dont les gens vous
voient. Vous ne pouvez pas. Lorsque vous essayez, vous commencez à
devenir bizarre et ironiquement insensé parce que vous voulez que
les autres pensent une certaine chose.
Honnêtement, vous devez littéralement être protecteur – mais pas
surveillé – et être honnête sur ce dont vous vous souciez et sur
ce dont vous ne vous souciez pas.
Je peux vous parler parce que c'est une conversation – mais je dois
abandonner l'idée que quelqu'un va lire tout cela, parce qu'à ce
moment-là vous commencez à penser à ce à quoi cela va ressembler
pour tous les autres. Cette conversation peut exister ici et les gens
peuvent la lire pour ce qu'elle est, mais aborder le monde en général
est [écrasant]. Je n'y pense pas. Je veux simplement essayer d'avoir
des conversations individuelles avec des gens et lorsque je n'ai pas
à rencontrer la presse, je travaille.
Journaliste :
Donc, vous recevez
probablement des tonnes et des tonnes de scénarios et vous avez pris
des décisions vraiment intéressantes. J'ai adoré Clouds
Of Sils Maria. Quel
film superbe ! Parlez-nous un peu de la façon dont vous faites
vos choix en matière d'interprétation.
Kristen Stewart :
C'est toujours instinctif.
Je ne sais jamais ce que je vais faire. Il peut y avoir un sujet que
je veux explorer, mais c'est typiquement plus en tant que
réalisatrice qu'actrice. En tant qu'actrice, je veux lire quelque
chose et tellement avoir envie de livre complètement que je dois
conserver cette vie. Il est difficile pour moi de développer des
projets avec des gens parce que cela doit me préoccuper intimement
pour que je puisse l'honorer.
Journaliste :
Êtes-vous
également intéressée par la production ?
Kristen Stewart :
Non. C'est la dernière
chose que je veux faire. Je déteste les rencontres de développement.
Si un personnage n'existe pas pour le moment, bien sûr je suis
intéressée par l'écriture et la réalisation de ce projet. Mais je
ne sais pas si je pourrais nécessairement jouer la comédie dans
quelque chose comme cela parce que je ne sais qu'il s'agit d'une
farce – je sais que j'aurais inventé.
Je dois avoir l'impression qu'un
personnage a réellement existé, comme si je lis un livre
d'histoires et
que les gens doivent connaître cette histoire.
Journaliste :
Vous avez eu
beaucoup de membres féminines dans l'équipe sur celui-ci. Est-ce
quelque chose que vous vouliez ou était-ce simplement les meilleures
personnes pour le job ?
Kristen
Stewart :
Pour
être honnête, elles étaient les meilleures personnes pour le job.
Cela n'était pas totalement intentionnel. Mais, je pense que si
j'avais eu une équipe complètement masculine, je l'aurais remarqué
et j'aurais fait quelque chose pour réparer cela.
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