A l'occasion de la press junket de Certain Women lors du Festival du Film de New York 2016 [NYFF 2016], la réalisatrice Kelly Reichardt parle de Kristen, du projet, du tournage et du cinéma indépendant dans une interview avec Nylon.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Journaliste :
C'est le jour de sortie de votre film. Comment vous sentez-vous ?
Kelly Reichardt :
Je me sens bien. Je suis assise ici, en train de plier mon linge. Je
veux dire, c'est agréable parce que cela n'est pas comme un festival
où il y a énormément de brouhaha et où il faut s'apprêter. Il
s'agit simplement de prendre le métro et d'aller faire des sessions
questions/réponses, ce qui va être sympathique.
Journaliste :
A quel moment dites-vous au revoir à un projet ? Y a t-il un
moment où vous le laissez complètement partir ?
Kelly Reichardt :
Vous le laissez en quelque sorte partir plusieurs fois. J'ai laissé
Certain Women s'en aller après qu'il ait été fait, donc en
janvier, et puis un mois plus tard, vous allez à Sundance avec lui,
donc vous revenez en quelque sorte vers lui. Et ensuite, je l'ai
laissé partir après Sundance, jusqu'à maintenant. J'ai travaillé
sur quelque chose d'autre tout ce temps et on se dit, 'Oh mon
dieu, replonge ton esprit dans Certain Women'.
Je pense qu'à Thanksgiving, cela sera complètement fini et il sera
derrière moi.
Journaliste :
Je suppose que vous apprenez des nouvelles choses sur la réalisation
avec chaque film que vous faites. Qu'est-ce que Certain Women
vous a appris ?
Kelly Reichardt :
Une chose que vous apprenez encore et encore est de faire confiance à
vos propres instincts. C'est une situation imparfaite mais je trouve
plus facile d'être fâchée contre moi-même que d'être fâchée
contre les autres parce que je finirai éventuellement par me laisser
tomber. Et ainsi, une leçon – nous filmons toujours juste dans un
tel temps volatile, bizarre – est de ne pas réagir à tout ce qui
se passe autour de vous. Tout le monde fait son travail et tout le
monde pense que son domaine est le plus important et c'est ce que
vous voulez qu'ils pensent. Et vous devez écouter et vous devez
répondre à tout le monde et je pense qu'il faut garder votre œil
sur la performance et ce qui va fonctionner pour vos acteurs au lieu
de se préoccuper de ce qui se passe avec la météo. Et cela devient
plus facile alors que vous vieillissez et que vous devenez plus
expérimenté. J'ai autant d'expérience que quiconque sur mon
tournage, donc je pourrais aussi bien m'écouter.
Journaliste :
Est-ce étrange d'avoir quelqu'un d'aussi célèbre que Kristen
Stewart sur le tournage de votre petit film indépendant ? Y a
t-il quelque chose d'anachronique à ce sujet ou est-ce totalement
naturel ?
Kelly Reichardt :
Non, nos films sont un excellent égaliseur parce que nous n'avons
pas d'argent pour traiter avec quiconque s'il y avait cette échelle
différente ou classification de personne. [Durant le tournage de
Night Moves], Dakota Fanning
et Jesse Eisenberg vivaient dans le même hôtel que la personne qui
s'occupait de la restauration. Même chose avec Kristen. Nous n'avons
pas vraiment le budget pour avoir ces différents niveaux, donc il y
a très peu de différenciation entre la distribution et l'équipe.
C'est presque une chose fluide et c'est assez intime. Je me souviens
de Dakota pleurant quand elle nous a quitté parce que nous avions
encore une semaine ou deux semaines de tournage lorsqu'elle est
partie et je me souviens qu'elle m'a appelé depuis un tapis rouge
sur lequel elle était et elle m'a dit, 'Je suis tellement
triste de ne pas être avec vous'.
Les gens sont très impliqués, tout comme Michelle l'a été, parce
qu'ils deviennent amis avec l'équipe.
Kristen
a reçu toute l'équipe chez elle pendant un jour de congé. Je pense
que les acteurs aiment cela, lorsqu'ils ne sont pas dans une caravane
séparée vivant une expérience distincte et mon équipe comprend
des gens vraiment géniaux.
Journaliste :
Y avait-il quelque chose de révélateur en ce qui concernant la
performance de Stewart ? Vous a t-elle appris quelque chose à
propos de l'interprétation ?
Kelly
Reichardt : Oui,
Kristen aime en quelque sorte apprendre des répliques pendant
qu'elle évolue dans le film et j'ai trouvé cela surprenant et
effrayant. Alors cela signifiait que ce monstrueux hamburger qu'elle
mange dans le film, elle allait en manger 13. Je disais, 'Je
ne sais pas comment tu vas faire'.
De plus, il n'y a pas de personnage principal dans le film et elle
n'a même pas le rôle
principal dans sa partie
du film. C'est l'histoire d'une éleveuse. Et j'ai tout de suite su
qu'elle était totalement à l'aise avec cela. Elle voulait toujours
que Lily fasse d'abord sa scène et elle voulait que la caméra soit
d'abord sur Lily. J'étais étonnée de voir à quel point elle se
laissait aller parfois dans une scène sans conséquence. Ensuite, il
y avait d'autres choses que je n'avais pas vraiment réalisé jusqu'à
ce que je sois dans la salle de montage et c'était simplement des
choses plus techniques, elle a un accès facile vis à vis
d'elle-même et vous ne pensez pas nécessairement à cela.
Journaliste :
Que voulez-vous dire lorsque vous parlez de compétences techniques ?
Kelly
Reichardt : Elle
sait en quelque sorte à quel moment jeter un regard et même
lorsqu'elle n'a pas de dialogue, c'est presque comme si elle pouvait
anticiper là où la coupure allait se faire et elle vous donne un
mouvement pour couper. Alors, vous vous rendez compte [et vous vous
dites], 'Oh elle fait ça depuis très longtemps'
et elle est vraiment consciente de l'espace et de l'endroit où elle
est dans le cadre, comme les acteurs qui le font depuis longtemps. Je
ne rendais pas compte que cela se produisait sur le tournage, j'étais
en quelque sorte rattrapée par la performance et lorsque je suis
entrée dans la salle de montage, j'ai réalisé qu'elle me donnait
quelques petits cadeaux.
Journaliste :
Vous avez vécu sur la côte Est pendant la majeure partie de votre
vie et pourtant, vous faites tous vos films à l'Ouest. Avez-vous
déjà été tentée de faire un film à New York, là où vous
vivez ?
Kelly Reichardt :
J'aime être loin pour faire un film. Avec ce film, je fais un effort
conscient pour faire quelques intérieurs. J'ai commencé à tourner
des extérieurs parce que je ne pouvais pas me permettre d'avoir des
lumières ou une équipe. Et puis je suis devenue, au fil du temps,
plus à l'aise pour tourner à l'extérieur et savoir comment
travailler un paysage plus qu'un intérieur. Et lorsque nous faisions
Night Moves, en nous concentrant sur le barrage et toutes ces
manœuvres énormes qui allaient se passer à l'extérieur, je savais
comment faire. Et puis, nous nous sommes lancés dans une scène de
cuisine un jour, pour laquelle je n'avais pas accordé autant de
pensée et il y avait quatre murs et je me disais, 'Putain qu'est-ce
que tu vas faire avec quatre murs?', je vais faire faire fausse
route et faire des films en privé, où les tracas de la vie
quotidienne ne sont pas présents. Et aussi, égoïstement, vous
emmenez votre équipe loin de toutes les choses dans leur vie
quotidienne, donc il sont complètement concentrés sur votre film.
Vous
parlez du tournage avec des noms d'acteurs, mais lorsque vous êtes
dans le Montana, cela n'est pas grave. J'ai regardé mes amis faire
un film avec Kristen Stewart dans les villes et à chaque fois
qu'elle franchit la porte, il y a des adolescents qui l'attendent. Je
ne veux pas de cette merde autour de mon plateau de tournage.
Journaliste :
Etes-vous consciente de votre position dans le cinéma américain ?
Beaucoup de gens vous vénèrent vous et votre travail. Est-ce
quelque chose à laquelle vous portez attention ?
Kelly Reichardt :
Je ne rencontre simplement pas vraiment cela. Donc ce n'est pas
vraiment dans ma vie.
Journaliste :
D'accord, mais en ce moment, il y a une grande histoire à propos de
vous dans le New York Times. Est-ce que cela vous dérangerait de
nous en parler ?
Kelly
Reichardt :
Mon ami l'a lu pour moi et m'en a parlé. En fait, j'aime vraiment
l'écriture d'Alice Gregory, elle est vraiment excellente. Quand cela
n'aura plus d'incidence, je reviendrai et je le lirai, mais je ne
vais pas le lire maintenant. Vous ne pouvez pas avoir trop de ces
choses dans votre vie. Cela n'est pas bon pour vous. Y a t-il une
partie du processus de réalisation que vous détestez ? Le
froid. Le froid. Totalement, le froid. Il faisait si froid en faisant
[Certain Women],
et à un moment donné, je me disais, 'Oh
mon dieu, c'est le jeu d'une personne plus jeune, je ne peux pas
tenir ici pendant 18 heures dans un temps avec des températures
négatives'.
Et je pense que c'est la chose la plus difficile, parce que nous
travaillons avec des petits budgets dans des endroits éloignés,
nous tirons tellement sur nous-mêmes que vous n'avez pas vraiment le
temps de vous installer de la façon dont vous le souhaitez. Les
acteurs sont plus surpris par la vitesse avec laquelle nous faisons
les choses que par le manque de fioritures. Le manque de temps pour
faire des choses, c'est la chose la plus difficile. Il n'y a rien de
tel que de faire un film sans stress. Je pense que s'il y avait un
peu plus de soutien – je comprends la nature de ces films et je
comprends pourquoi les budgets sont bas et le monde dans lequel je
vis. Mais parfois j'ai le sentiment que si vous êtes dans un groupe
dans les années de vos 50 ans et vous voyagez toujours dans un van
et vous vous dites, 'Ugh,
est-ce qu'on aura un jour un bus ?'.
Source: Nylon
Via: TeamKristenSite
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