jeudi 19 janvier 2017

Personal Shopper : Interview de Kristen avec Frankfurter Allgemeine Zeitung

Dans une longue interview avec le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Kristen évoque Ôlivier Assayas, Personal Shopper, le personnage de Maureen, la mode, les fantômes et le Festival de Cannes.



Traduction faite depuis la VO par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs




Le surréalisme de la renommée
L'actrice Kristen Stewart révèle ce qu'elle pense des fantômes, ce dont elle a peur et la raison pour laquelle elle n'a elle-même pas besoin d'acheteuse de mode, même si elle en joue une dans son nouveau film.


Journaliste : Personal Shopper traite du surréalisme de la célébrité. Vous jouez une jeune femme qui fait des choses pour une personne, qui sont naturelles pour les gens ordinaires : acheter des vêtements, aller au pressing, acheter des cadeaux. Parmi ces dispositions, combien d'entre elles devez-vous faire dans votre propre vie ?
Kristen Stewart : Le personnage de Maureen évolue entre l'industrie de la mode et le monde lumineux très ambivalent, parfois avec impatience, parfois avec haine de soi. Oui, maintenant, je me trouve même de l'autre côté. Je connais cela, ne pas pouvoir aller faire du shopping. Techniquement, cela peut être possible, mais c'est impossible du point de vue logistique. Ou le problème c'est tout simplement que cela n'en vaut pas la peine. [Rit brièvement] Maureen, cependant, est en plein mouvement, elle est si alerte et agile que j'ai le sentiment par rapport à elle de ne pas avoir de jambes.


Journaliste : Quelle est votre relation avec les smartphones ? Est-ce, comme pour Maureen dans le film, le principal moyen de communication de votre vie quotidienne ?
Kristen Stewart : Les smartphones sont une source constante de distraction. Je plaide également coupable sur le fait de me laisser trop souvent distraire. C'est étrange de voir la manière intense avec laquelle on interagit vis à vis des SMS : on interprète un sens plus profond dans le fait que l'on ait utilisé trois points au lieu d'un ou qu'il y ait un espace supplémentaire d'ajouter entre les mots.


Journaliste : Dans Personal Shopper, le smartphone est en quelque sorte votre partenaire. Vous jouez principalement seule. Comment avez-vous fait pour interpréter [votre jeu] uniquement grâce à des SMS, qui engendrent énormément de tension ?
Kristen Stewart : Chaque fois qu'un SMS est montré en grand [à l'écran], cela devait donner l'impression que vous avez un gros plan de mon visage. La tension qui traverse mon corps à ce moment-là devait devenir visible. Chaque lettre, chaque faute d'orthographe, chaque ponctuation devait exprimer des volumes. C'est fascinant, chacun de nous a une façon différente d'écrire les SMS. Il s'agit d'un code de langue individuel, une nouvelle image de votre pensée.
Journaliste : Avez-vous déjà essayé la 'digital detox' et ignoré le smartphone ?
Kristen Stewart : Je ne suis pas accro, jusqu'à présent, un 'rejet' n'a jamais été nécessaire. Une fois que je me rends compte que je m'attache sans raison au smartphone, je cherche quelque chose de plus significatif pour passer le temps. Je ne gère qu'un compte Instagram privé, grâce auquel je reste en contact ceux que j'aime avec lesquels je ne parle pas aussi régulièrement. Sinon, vous ne trouverez aucun média social en ce qui me concerne.


Journaliste : Il s'agit de votre second film avec Olivier Assayas. Est-il un réalisateur
Kristen Stewart : L'amitié et la proximité nous lient. J'ai le sentiment qu'il me comprend vraiment – je n'ai pas besoin d'en faire des tonnes pour expliquer [les choses]. Notre confiance nous permet de traiter les questions difficiles. Nous pouvons être sûrs que l'un va rattraper l'autre avec un filet de sécurité, au cas où vous deviez tomber trop violemment. De plus, il me donne le champ libre, il m'encourage comme aucun ne l'a fait auparavant. Pour moi, Olivier est un catalyseur, qui met des processus de réflexion intensives en mouvement, pour lesquels je dois contribuer. Grâce à cela, je me sens créative et impliquée et pas seulement pour répondre aux besoins de quelqu'un d'autre.


Journaliste : Votre personnage Maureen …
Kristen Stewart : … Est entièrement de son propre fait. Elle est seule, ne peut parler à personne. La raison est qu'elle a perdu son frère jumeau et par conséquent elle est seulement une 'demie humaine', dans le vrai sens du terme. Le téléphone portable vous donne le sentiment d'être vivant et de ressentir des émotions. Cela crée une lumière assez effrayante sur la façon dont la communication entre les humains fonctionne aujourd'hui et de quelle manière notre relation à la technologie est faite.


Journaliste : Que pensez-vous des phénomènes surnaturels, des connexions avec l'au-delà ou l'au-delà de notre monde sensoriel direct ?
Kristen Stewart : Je suis une agnostique ; je ne sais pas s'il y a effectivement ces forces, j'en doute mais pas toujours. Je ressens parfois des énergies et j'ai le sentiment que quelque chose me pousse et que je peux rationnellement détecter, qui se déplace au-delà de l'esprit.


Journaliste : Quelle est votre conclusion vis à vis de l'hypothèse qu'il existe probablement quelque chose entre le ciel et la terre, qui nous laissent, en tant qu'humains, rêver ?
Kristen Stewart : L'hypothèse déclenche en moi à chaque fois un processus de réflexion intéressant, mais mon évasion disparaît après plus de cinq minutes, si terrifiant que ce soit. Voilà ce qui rend ce film si effrayant. Il s'agit une histoire de fantômes – mais les questions posées sont de nature fondamentale : 'Suis-je en train d'imaginer des choses autour de moi ? La 'réalité' est-elle différente des perceptions ou savons-nous ce qu'elles ont réellement en commun?'. On ne peut pas traiter ces questions, sans que le peur physique ne nous secoue parfois.


Journaliste : Qu'est-ce qui vous fait peur ?
Kristen Stewart : La pensée que nous ne saurons jamais exactement qui et où nous sommes. Les moments où Maureen titube et les choses autour d'elle ne peuvent plus être en sécurité, je trouve cela inquiétant et désagréable. Je connais cette anxiété de ma propre expérience. Et je suis heureuse quand je suis là.


Journaliste : Comment vivez-vous cette anxiété, comment vous échappez-vous de tout cela ?
Kristen Stewart : Je suis physiquement très tendue avec la peur. La seule façon de le contrer c'est lorsque je vais courir ou faire toute autre activité corporelle et en faisant cela ne m'amène pas à penser. Encore une fois : de toute façon, on n'obtiendra jamais les réponses à ces 'grandes' questions. Vous devez faire avec, vous ne saurez jamais exactement comment tout cela se comporte en fait avec la paix. Néanmoins, je suis convaincue qu'il y a quelque chose d'invisible que nous lie tous ensemble et qui nous empêche de nous sentir seul.


Journaliste : Avez-vous le sentiment, qu'à 26 ans, vous êtes sereine ?
Kristen Stewart : Oui je pense avoir trouvé ma paix intérieure. La paix ne doit pas être confondue avec la satisfaction – mais ce n'est pas ce que je cherche. Je pense que c'est bon de se sentir mal à l'aise et de remettre en question les choses. J'aime les choses inconnues, désagréables et explorer de nouveaux territoires . Cela n'est pas paisible – mais cela m'offre la paix intérieure.


Journaliste : Dans une scène dans Personal Shopper, on vous voit nue.
Kristen Stewart : En fait, je suis toujours prête pour tous les crimes. Ici, je joue une personne dans une crise d'identité massive. Je voulais aller profondément dans mon interprétation – totalement irréfléchie, présente et jouer nue, seulement de la manière dont je le peux. La meilleure chose que vous puissiez vivre en tant que comédienne, n'est pas seulement d'offrir une performance, mais aussi d'être choquée par son propre jeu et de laisser le réalisateur le capturer. Ce que vous obtenez, alors, si vous vous dévoilez complètement. Pour moi, c'est plus important lorsqu'il y a quelque chose dont je ne savais pas qu'elle était en moi.


Journaliste : A Cannes le film a polarisé les applaudissements mêlés aux huées.
Kristen Stewart : J'ai un faible pour tous les festivals où les films sont considérés. Cannes est un endroit très spécial : là, on vient exclusivement pour faire face à la cinématographie. Par conséquent, cela ne me donne pas le sentiment d'être là pour vendre quoi que ce soit. Mais pour l'amour du cinéma.


Journaliste : Vendre est devenu une partie de votre travail. Avez-vous une acheteuse de mode à vos côtés ?
Kristen Stewart : J'ai une styliste qui me conseille depuis que je suis très jeune. Mais elle ne va pas faire du shopping pour moi.


Journaliste : Vous nous donnez un aperçu d'un monde inconnu. Une boutique Chanel n'est-elle rien d'autre pour une acheteuse de mode qu'une sorte de supermarché de luxe pour la haute couture ?
Kristen Stewart : Ceux qui achètent réellement dans les showrooms de Chanel sont ultra riches ou des acheteurs de mode. Seuls ces groupes peuvent se permettre les œuvres d'art de la mode exquises de Chanel. Fondamentalement, il s'agit d'un investissement dans une forme d'art, rien d'autre, comme vous investiriez votre argent dans un tableau.


Journaliste : Vous vous considérez comme une artiste. Pour vous, n'est-ce pas un dilemme, d'être une sorte de panneau publicitaire changeante pour une maison de couture, que ce soit en s'affichant dans des publicités ou en portant la marque pour des apparitions publiques ?
Kristen Stewart : Je n'ai pas le sentiment d'avoir été un jour utilisée de manière désagréable. Mais c'est parce que Chanel se distingue dans le monde de la mode parmi tous les concurrents. Parce qu'il s'agit toujours d'une société indépendante – la dernière marque de luxe qui ne fait pas partie d'un groupe. Et cela se ressent. Cela se manifeste dans leurs relations avec l'esthétique. Cet art signifie vraiment quelque chose pour eux. Nous devons comparer les salariés de Chanel avec des gens vivent une émotion, ont des larmes tout admirant un coucher de soleil, tandis que d'autres ne l'apprécient pas.


Journaliste : Pour vous, comment est-ce de jour quelqu'un dont l'existence n'a pas de pertinence ?
Kristen Stewart : Je connais ce boulot de l'intérieur, même si je n'ai personnellement pas besoin d'acheteuse de mode. Tout ce que je porte sur les gros événements de presse ou les tapis rouges est emprunté. Par conséquent, je n'ai besoin de personne pour choisir quelconque vêtement pour moi. Je vois cela comme une interaction avec cette forme d'art, mais c'est seulement dans le contexte d'un film.




Journaliste : Les vêtements de marque sont-ils pour vous une sorte d'armure, un uniforme pour les événements de presse ?
Kristen Stewart : Pour moi, ces vêtements, quand ils remplissent bien leur fonction, sont exactement le contraire : ils me donnent plus l'impression que je ne dois pas me cacher. J'aime cela. Je ne trouve pas cela superficiel. Dans ces vêtements, j'ai le sentiment que je veux montrer mon vrai moi. Je peux me sentir en pleine forme, moi-même dedans.


Journaliste : Est-ce que cela pourrait vous tenter de pousser votre art jusqu'à la réalisation d'un film ?
Kristen Stewart : En fait, j'ai réalisé mon premier court métrage l'été dernier. Il s'agit presque de ma tentative personnelle de remplacer des études de cinéma … En tant que film expérimental, il va ressembler à un film d'étudiant. J'ai moi-même écrit le scénario et j'étais vraiment attachée aux mots. Je sais ce qu'ils signifient pour moi et ce qu'ils procurent aux autres personnes. J'espère que cela ne sera pas perdu lors du montage. Le titre est Subjective Change. Peut être vais-je simplement l'appeler Water.


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