A l'occasion d'une projection de Clouds Of Sils Maria à Los Angeles, Kristen a répondu aux questions d'Indiewire.
Traduction faite par le staff de Kstew France. Merci de nous créditer AVEC lien si vous la reprenez ailleurs.
Nous avons discuté
dans la cour déserte du Musée d’Art de Los Angeles County, pendant une
projection de Clouds Of Sils Maria, avec ses agents à une table à
proximité, avec ses talons aiguilles et son téléphone sur une autre. Elle admet
que toutes les actrices limitent le temps qu’elles passent à porter des talons
hauts – elle, elle porte des mocassins.
Journaliste : Vous êtes allez à
Cannes avec deux films, Sur la Route et Sils Maria.
Pour lequel vous avec remporté le César. Comment était-ce ? Ce n’était pas
quelque chose à laquelle vous vous attendiez ?
Kristen Stewart : Non. Ces Frenchies [rires] n’aiment pas récompenser ceux qui
ne le sont pas [français]. J’étais vraiment choquée. Même Juliette était genre,
'Eh, c’est vrai cool que tu aies été nominée. C’est fou que tu sois
nominé, en fait'. Si vous y regardez de plus près, elle était encore plus
choquée. Quand ils ont dit mon nom, elle a littéralement hurlé dans mon oreille
si fort que je ne savais pas ce qu’il se passait. Je n’ai même pas entendu mon
nom être prononcé. J’étais genre, 'Attendez, quoi ?'. Elle
était, 'Tu as gagné ! Tu as gagné !'. Elle était tellement
choquée, c’est comme ça que j’ai ensuite réagi. 'Wow, ça doit être super
important, car Juliette n’arrive pas à y croire !'.
Vous le méritiez.
C’est le genre de film que j’aime. Mais je respecte aussi vos choix passés. Il
y a un mode de fonctionnement ici – quelque chose que vous recherchez – et ce
n’est pas le confort.
C’est toujours assez difficile de le trouver. Vous pourriez
trouver un passage là… j’ai été assez chanceuse pour jouer des personnages qui
se distinguent en tant que personnes qui racontent des histoires uniques. J’ai
beaucoup lu. On m’a envoyé beaucoup de scénarios qui sont superficiels, des
choses qu’on a déjà vues auparavant, récemment, des personnes incroyablement
talentueuses m’ont appelé pour que je les aide à faire leurs films. Mais ces
choses doivent vraiment se distinguer des autres, et j’ai été assez chanceuse
pour pouvoir me jeter sur ces projets.
En d’autres mots, il
y en a une énorme pile. Vous nagez aux milieux de tout ça, beaucoup d’entre eux
sont de la merde, et il y a ceux que vous faites qui sont ceux qui vous sont
apparus comment les plus 'intelligents'. Qu’est ce qui ne va pas
dans les scripts qui vous sont envoyé, du moins la plupart d’entre eux ?
Probablement parce qu’ils sont assez archaïques, ennuyeux, au
départ animé par des idées qu’une femme peut être une histoire ultra consumé.
J’ai fait beaucoup de films indépendants, des trucs plus petits récemment qui
ne manque pas d’intérêt sur des histoires à raconter qui parlent de femme.
Vous avez aligné
quelques impressionnants projets. Je ressens une certaine maturité à travers
ça. Je sais que vous avez beaucoup d’estime envers la franchise
« Twilight » et la liberté que ça vous a apporté – ce qu’ils
appellent « argent, va te faire foutre ». Donc vous êtes capable de
dire, « Je vais faire un film de Kelly Reichardt. » Pouvez-vous me
donner un aperçu de ce que vous avez appris de ces réalisateurs avec lesquels
vous avez travaillez l’année dernière ?
J’ai été assez chanceuse, à un très jeune âge, de travailler
avec des gens qui affirme ce en quoi ils croient, chaque catalyseur par
lesquels j’ai été excitée. Tout ce qui m’a mis un coup de pied aux fesses et
qui était, 'C’est pour cela tu devrais être en train de faire ces
films'. Ca a toujours été un réalisateur ; ça a toujours été
quelqu’un qui raconte une histoire qui, d’un coup, va imprégner un projet avec
cet honneur qui est tout simplement impossible à renier et à ne pas respecter.
Par conséquent, vous donnez tout ce que vous pouvez pour ce projet.
Est-ce que David
Fincher était qualifié pour Panic Room ?
Absolument. C’était mon second film, et tout à commencer
avec lui.
Et Jon Favreau avec
Zathura ? Je vous ai découverte dans ces deux films.
Oui. Ces deux-là sont vraiment de très bon réalisateurs avec
lesquels j’ai travaillé quand j’étais très jeune. J’ai été formé par chaque pas
que j’ai effectué de ces moment-là jusqu’à aujourd’hui. Je veux dire, une
grande partie de tout ça est dû à la chance, car j’ai pu travailler avec ces
personnes qui sont incroyablement influentes, dans le bon sens du terme, mais,
ces grâce à tout ça que j’ai pu me construire et identifier très distinctement
ceux que je voulais faire ou pas, et pourquoi je le fais. Et c’est tellement
facile d’identifier ou de rejeter les gens qui sont pour ou contre tout ça.
Et à propos d’Olivier
Assayas ? Qu’est-ce qu’il a apporté ?
Il était dans une attitude ‘non interventionniste’. Il me
semble que le plus grand pas qu’il est fait avec nous est le travail qu’il a
effectué avec le scénario, et ensuite le casting. Et ensuite, il nous a laissé
vivre à travers tout ça.
Comment c’était le
quotidien en travaillant avec Juliette Binoche ?
La seule question critique pour nous était d’avancer –
chaque question posée, était totalement nécessaire pour nous, tant est que si
nous n’obtenions pas de réponse nous étions frustrées – il y avait peut-être
des jours où je rentrais à la maison et j’étais « Je n’en ai aucune idée.
Je ne suis pas très sûr à propos de cette scène. Je ne sais pas ce que je
ressens à propos d’elle. Je ne sais pas ce qu’elle raconte. » Et
maintenant je la regarde et je suis, 'Oh, mon Dieu. Tu es un génie
savant, magistral, sournois, manipulateur. Comment nous as-tu emmené
ici ?'. A ce moment-là, je me demandais si il était réellement
conscient, des complexités qu’il écrivait, et maintenant je me rends compte
qu’il le savait certainement. Je n’ai même jamais parlé avec lui de l’'à propos » du film, jusqu’à ce jour.
Est-ce qu’il tourne
avec de nombreuses caméras ?
Non, seulement deux. La plupart du temps cela va de une à
deux caméras. Et il filme beaucoup. Il veut être sûr de filmer le bon moment. Vraiment.
Vous avez tournez un
film avec un réalisateur français, et c’est un film très européen. Est-ce que
cela vous attire pour le futur ?
Oui. Oui, absolument.
Et donc, Woody
Allen : est-ce que c’était quelque chose que vouliez faire depuis
longtemps ? Quel personnage allez-vous interpréter ?
Oui, pourquoi pas ? En fait, pour être honnête, je ne
sais pas ce que je suis autorisée à vous dire sur ce projet. Ils m’ont envoyé
un script et quelqu’un attendais à l’extérieur de ma maison. Quand j’ai fini de
le lire, j’ai dû retourner à l’extérieur et leur rendre le scénario. Les scènes
avec lesquelles j’ai auditionné pour le film, je ne connaissais pas du tout
leur contexte. J’ai eu une conversation avec lui [NT :Woody Allen].
Il vous a laissé
seule, vous aussi. Cate Blanchett a aussi un peu flippé sur Blue
Jasmine. Mais ça marche bien pour elle aujourd’hui.
Apparemment. Très français de sa part. Il l’a fait, oui. [Rires]
Vous avez fini de
tourner le film de Nima Nourizadeh, American Ultra (Lionsgate)
avec votre pote d’Adventureland, Jesse Eisenberg ? (Le
casting au complet était génial – Bill Hader et Kristen Wiig et Ryan Reynolds.)
C’était génial. C’est terminé. C’est très commercial, ce qui
est assez de ce que je fais en ce moment. Très drôle, ce qui est aussi de moi
dernièrement. C’est une histoire d’amour drôle à la Broadway, et ultra
violente. Jesse est la star du film, et il est tellement incroyable qu’il n’y a
aucun moyen pour que le film ne soit pas
fantastique.
Travailler avec Kelly
Reichardt : comment c’était ? C’est une femme intelligente.
Oh, mec. C’est un génie. J’aurais aimé pouvoir passer plus
de temps avec elle.
Elle vous fera
travailler les Structuralists. Qu’avez-vous joué pour elle ?
Honnêtement. C’est une cinéaste il n’y a pas de doute. Ce
n’est pas une réalisatrice du style « j’ai trouvé ! », elle sait
ce qu’elle veut, à tout moment. J’ai joué dans une partie du film où des
personnages motivés qui pensent qu’ils savent qui ils sont, et qui veulent
absolument quelque chose qu’ils ne peuvent pas avoir.
Ça sonne comme du
Kelly Reichardt.
Oui, pas vrai ? Et je suis allée dans ce petit bar dans
le Montana quand ils étaient en train de tourner, et il y avait quelques gars
de la ville à l’intérieur qui joué aux paris sportif pendant qu’on tournait. Ils
étaient genre, 'De quoi parle le film ? Qu’est-ce que vous faites
ici ? Nous savons que vous êtes ici, donc dîtes nous de quoi parle le
film'. Et je ne pouvais pas leur dire en une phrase de quoi parler le
film. Et c’est ce que j’aime dans le film, c’est que j’étais littéralement, 'Et bien…'. Et j’ai dit ce que je viens juste de vous dire. Ça en
dit long sur la manière dont elle fait les films.
Et ensuite il y a
Equals ?
Que j’ai pu voir, et c’est aussi pas mal du tout. La
mentalité de Drake [Doremus] est totalement européenne.
Eh bien, il garde la
caméra assez éloigné, c’est ça ?
Il utilise des lentilles [des caméras] longue portée. Même
si c’est pour filmer directement votre visage, la caméra est à l’arrière. Tout
le reste est flouté, et tout ce concentre sur le visage. Ce que je recherche
chez un réalisateur américain c’est ce qui est le plus standardisé en Europe et
en France : des personnes qui vont, de manière imperturbable, faire des
choses en prenant tous les risques et leur foi pour ce qu’ils ont besoin de
faire, plutôt que de faire ce qui va les rendre riche et célèbre. C’est
simplement plus simple de la trouver là-bas, car c’est plus typique. Mais, ici,
je gravite aux alentours et trouve les mêmes choses chez des réalisateurs américains.
C’est juste que s’est plus rare.
Ecoutez, vous l’avez
trouvé à un jeune âge. Pour la plupart des personnes ça prend plus de temps.
Matthew MacConaughey a mis du temps pour
arriver où vous en êtes. Je pense aussi que les personnes dans l’industrie commencent
à comprendre que le studio modèle ce n’est pas forcément vers là que tu veux te
diriger.
Ce n’est simplement pas intéressant. C’est la sécurité.
C’est simplement un pari sûr, et quand est-ce que c’est excitant, si vous savez
que vous allez gagner ?
Equals a été tourné à Singapour. Pourquoi cet endroit ?
L’histoire a lieu dans une sorte de monde alternatif. Ça ne
se passe pas nécessairement dans le futur, mais c’est très surréaliste et de
science-fiction, et le monde est très surnaturel, donc c’était une bonne chose
de tourner là-bas.
Vous avez été exposée
à des endroits très exotiques. Quand vous êtes en mission, est-ce que vous avez
la chance de sortir et de voir le monde ?
Oui. [Rires] Vous avez pas l’air de le penser, mais
spécialement quand vous tournez dans ces endroits. Quand il y la publicité,
tout ce que je vois sont les murs des chambres d’hôtels. Mais tourner dans ce
genre d’endroit permet de vous imprégner d’une culture. C’est une des raisons
pour laquelle je suis chanceuse. Dès un jeune âge, j’ai pu vivre à Portland et
New-York et le centre du pays, au milieu de nulle part, Columbus, Ohio pendant
un moment. Ça vous façonne.
Et quelle sera
l’endroit le plus exotique qui a eu le plus d’impact sur vous ?
[Rires] J’adore travailler à la Nouvelle Orléans. Nous avons
tourné American Ultra et On The Road et un film
dont le titre est The Yellow Handkerchief .
Le film Sony, de Ang
Lee Billy Lynn’s Long Halftime Walk est un exposé militaire basé
sur une histoire vraie. Qu’allez-vous jouer dans ce film ? Le tournage va
commencer plus tard, cet été, au Texas ?
Oui, et ça se passe au Texas. J’interprète sa sœur, je suis
une sorte de porte-parole pour quiconque ne serait pas d’accord avec le
pourquoi la guerre est combattu, et aussi pour toute personne qui serait lié de
manière très proche à quelqu’un qui se bat pour quelque chose, pour laquelle
ils ne veulent pas se battre. Je suis la seule personne dans tout le film qui
pose la question évidente.
Et rencontrer Ang
Lee, ça a dû être génial. Je l’ai interviewé plusieurs fois, et c’est un homme
très intelligent et spécial. Vous n’allez pas d’un genre à un autre sans avoir
une certaine finesse.
J’ai seulement parlé avec lui une fois, au téléphone. Il
était vraiment très gentil. Je sais ! C’est fou.
Dans Sils
Maria, vous interprétez un personnage, l’assistante de la star – l’opposé
de qui vous êtes, d’une certaine manière. Vous la connaissez bien, car les
femmes comme celle-là font partie de votre vie. Cela a dû vous donné un certain
degré de confort. En même temps, vous creusez dans un duo très intime et très
précis avec cette superbe actrice. Ca a dû représenter un défi.
La partie facile pour moi, personnellement, était d’être
quelqu’un qui pouvait prendre soin d’une femme dans sa position. Je serais la
[assistante] meilleure que vous pourriez engager pour une actrice.
Personnellement, j’ai cette expérience, et j’ai cette nature innée de
protection, car je sais ce que c’est d’être dans cette position. C’est marrant
pour moi, car c’était sympa d’utiliser ce porte-parole comme … Ce n’est pas
comme tune grande déclaration. C’est une déclaration évidente dans le film, que
nous parlons de la nature superficielle du business, mais l’attrait principal
était d’être capable de servir quelqu’un d’une manière plus similaire à ce que
je suis à l’intérieur, et aussi de parler de cet aspect du business que je
connais si bien de l’intérieur.
Cela sonne vrai pour
moi.
Bien. Et, ensuite, regarder à nouveau le film – je l’ai vu à
Cannes pour la deuxième fois – en parler avec des journalistes et Olivier près
la projection, cela s’est vraiment développé en quelque chose qui était assez
lourd. Je pensais au début que c’était marrant – c’était un aperçu personnel
dans quelque chose qui était ésotérique et intéressant, car peu de personne
font ce qu’ils font. Mais, en même temps, prendre une certaine distance, je l’ai
regardé et c'était 'Wow. C’était un stresse assez important à supporter'.
Et ça parle vraiment de la manière dont on consume les autres artistes, ça
parle de la manière dont on idéalise et jette les choses.
J’ai trouvé ça très touchant, mais je me suis identifié au
personnage de Juliette Binoche. Je ne pense pas que ton personnage est superficiel.
Je la vois comme sournoise et manipulatrice et facilement identifiable avec le
personnage qu’elle lit [NT : dans la pièce de théâtre] les lignes. C’était
perturbant pour elle, donc vous faites deux choses en une. Et il y avait une
charge érotique entre les personnages.
Oui. Ils se
manipulent mutuellement, inconsciemment en quelque sorte, durant tout le film.
Mais Valentine aime Maria pas vrai ? Elle creuse quand Maria va bien. Elle
est fière d’elle.
Absolument. Ces deux-là s’aiment tellement. Une chose
importante pour moi était de faire de Valentine quelqu’un qui n’était pas
typique. Pas quelqu’un que vous vous attendez à voir servir quelqu’un d’autre,
mais quelqu’un qui vous rend curieux à son sujet – quelqu’un qui vous fera dire
'Ok, donc qu’est-ce qui t’a mis dans cette position ? Normalement
tu n’en ferais pas autant pour quelqu’un à laquelle tu t’entends bien'. C’est
clairement quelqu’un qui se lève pour ce qu’elle pense et pour les choses
auxquelles elle croit, alors elle prend ce rôle en tant qu’assistante, donc par
conséquent devrait être sans voix.
D’une certaine
manière elle vit à travers l’autre femme, mais ensuite, dans cette situation
intime, forcée ses propres besoins refont surface. Elle a besoin de respect.
Absolument. Je pense que la seule raison pour laquelle elle
est là est que, si ce respect n’est pas mutuellement requis, alors elle devrait
être ailleurs.
Elle part, et j’adore
la manière dont Assayas laisse ça. Ça semble mystérieux, mais elle démission !
Elle démissionne. Pour moi, durant tout le film elle essaye de
marquer des points pour elle, essaye de lui transmettre un message,
verbalement, et Maria pourrait un moment considérer ses opinions et pensées, et
le moment suivant elles sont parties. Tout se qu’elle a laissé derrière elles
sont ses pensées personnelles et sincères. A la fin, Valentine est genre, 'Je
t’ai crié dessus durant tout un film. Maintenant je vais te montrer ce que je
voulais dire et je vais partir. C’est donc ce que je voulais dire'.
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