Après Interview Germany, Kristen et Juliette Binoche font la couverture du prochain numéro du magazine Interview Russia (septembre 2014). Toutefois, les couvertures des magazines sont différentes. On découvre également un cliché de Kristen en solo.
* Scans + version digitale
* Scans + version digitale
Traduction faite par le staff de Kstew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs.
* Interview
Il semble qu'il était
impossible de mêler une actrice française aristocrate, célèbre
pour son rôle dans Le Patient Anglais, à une jeune fille
américaine à qui tout réussit, célèbre pour son rôle dans la
saga Twilight. Mais le réalisateur français Olivier Assayas
a réussi à les filmer ensemble. Et il s'est avéré que c'est
tellement bien que les critiques à Cannes se sont presque étouffées
avec délice. Une femme au fort caractère, Binoche, et une fille
volage, Stewart, qui fusionnent dans le film mais aussi dans la vie
réelle. Elles ne sont pas assez proches pour que Kristen l'appelle
sa nouvelle meilleure amie durant la soirée, mais elles sont assez
proches pour lui demander son avis et lui raconter des blagues
idiotes sans retenue. Même avec des témoins au cours de
l'interview.
Juliette Binoche :
Wow, tes cheveux sont si courts !
Kristen Stewart :
A la Binoche. J'essaie de te ressembler.
Ca te va bien.
Donc, je suis censée
t'interviewer ? Ou on est censées s'interviewer l'une l'autre ? Écoute, et si on imaginait qu'on est toujours sur le tournage de Sils
Maria ?
En se promenant le
long des prairies couleur émeraude, le soleil brille et il y a des
nuages moelleux qui sont au-dessus de nous, on lit du Nietzsche …
Et on s'est perdues !
Non, c'est pas vrai !
Non, mais on était pas
là pendant le tournage non plus.
Ok, mais on faisait
semblant. C'est simplement que nous sommes des actrices incroyables.
[Rires]
Tu faisais des bonds
devant moi comme un chamois et je traînais des pieds et me
plaignait. C'était génial.
Si seulement on avait
pas toutes ces cigarettes et cet alcool.
C'est vrai, tu fumais et
tu buvais toujours.
Mais ce n'était pas
mon idée ! C'est entièrement de la faute du réalisateur.
Olivier disait toujours, fumes-en juste une ou deux. Ou, bois juste
un verre, s'il te plaîîîîîîîîîîît ! Il pensait que
chaque actrice d'âge moyen se comportait de cette manière. Mais pas
moi !
Malgré tout, tu fumais
comme un pompier et buvait non stop. [Rires]
C'est juste une partie
du rôle. Les cigarettes et l'alcool sont des vieux clichés. Ils
cultivent le talent d'autrui …
… Les faiblesses et les
vices, et un artiste en a besoin pour aller de l'avant.
Est-ce que tu viens de
dire le mot 'vice' ? Je n'ai jamais entendu ce mot employé dans
ce sens.
Il a beaucoup de
significations, du vice-président au comportement. [Rires] Mais
sérieusement, j'aime ça à propos des personnages : ils vivent
tous les deux dans une certaine avarice, une proximité et l'ivresse
qui contribuent à combler le vide. Par ailleurs, après le tournage
, beaucoup de nos collègues ressentent le vide et se plongent dans
la bouteille. Ce cliché n'est pas loin de la vérité.
Tu es sérieuse ?
Comment est-ce que tu le sais ? [Rires]
Je ne bois pas ! Je
le jure !
Ok, je voulais juste
t'embêter. [Rires] Tu as raison, mon personnage passe par tous les
cercles de l'Enfer et c'est difficile. Et l'alcool l'aide ….
… A oublier.
Oui, elle ne veut pas
croire en tout ce qui se passe autour d'elle et en elle.
Dans l'ensemble, c'est un
drame intérieur très compliqué : ton personnage, Maria, est
devenue célèbre grâce à son rôle de la jeune, charmante et
ambitieuse Sigrid et 20 ans plus tard, elle doit jouer son exact
opposé – une actrice fatiguée et qui a vieilli.
Et voici la question :
est-ce que tu voudrais, ma chère Kristen, jouer mon personnage,
abattue, vieille ivrogne, alors que tu as 24 ans ?
Huuuum … Je ne suis pas
sûre.
Quoi ? Tu ne
voudrais pas ?
Quand tu me regardes
comme ça, je ne peux pas dire 'non'. [Rires] Mais tu es d'accord
avec moi, ça serait bizarre. Si seulement nous échangions les
corps.
Pardon ?
Est-ce que j'ai encore
dit quelque chose de stupide ?
C'est rien, oublie ça.
Mon dieu, comment en
suis-je arrivée au point où je m'imaginais être quelqu'un comme
toi ? Tu es parfaite ! Je suis tellement loin de ça. Par
ailleurs, le film est basé sur ça : comment une personne
peut-elle se voir elle-même et son rôle et comment les autres
personnes la voit. Tu te rappelles notre première rencontre,
Juliette ?
Tu traînais avec ton
producteur et quelques amis sur une terrasse du Soho House à Berlin.
Et soudain :
'Juliette Binoche arrive'.
En passant, j'étais
extrêmement nerveuse avant notre rencontre.
Vraiment ? Je pense
que j'étais beaucoup plus nerveuse que toi. Quand tu es entrée,
tout le monde a sauté sur ses pieds et j'ai flippé et je suis restée
à ma place, seule. C'était un peu une rencontre formelle. Je pense
qu'on a commencé à parler de nos personnages tout de suite.
Et je me souviens de
la façon dont tu as bougé ta jambe tout le temps, comme tu le fais
maintenant.
C'est l'un de mes tics.
[Rires] C'était juste après mon arrivée à Berlin.
C'est vrai.
Contrairement à toi, j'ai eu quelques jours d'acclimatation.
J'étais presque morte
d'angoisse, et tu dis 'jambe'. En passant, as-tu la chance de
faire des recherches sur Google sur moi avant notre rencontre ?
Bien sûr.
Et ?
J'ai lu quelques unes
de tes interviews et j'ai décidé que je t'aime. D'ailleurs, j'ai vu
Sur La Route mais j'ai fait l'impasse sur Twilight.
Pfffff … Admets-le tu
as regardé tous les volets et tu as adoré.
Je suis désolée,
mais non. Mais pour être honnête, c'était à cause de Twilight
que j'ai appris des choses te concernant : la première fois que
je t'ai vue, c'était sur l'affiche dans la chambre de ma fille. Ce
fut un choc ! [Kristen rit] Et à cette rencontre à Berlin, tu
étais cachée derrière la porte et tu m'as fait flippé. Mais la
glace était brisée.
Et on a beaucoup parlé
ce jour-là, et après notre rencontre, j'ai pensé, 'Merde, il y
a tellement de choses que je n'ai pas dit à cette femme !'.
Il y a quelque chose à propos de toi, Juliette, qui fait qu'une
personne s'ouvre tout de suite. C'est facile de te faire confiance.
Comment est-ce que tu fais ça ? C'est un vrai cadeau. Si on
était pas toutes les deux aussi occupées, je t'appellerai
probablement la nuit pour te demander conseil sur n'importe quoi. Écoute, as-tu pensé à quel point nos biographies sont différentes ?
Tu es une star issue
des films d'enfant, scolarisée à la maison, qui a fait son premier
film à l'âge de 9 ans, avec des parents dans le monde d'Hollywood,
qui a fait des blockbusters, etc.
Et tu es une femme
française sophistiquée, scolarisée dans un pensionnat catholique,
qui a décidé d'arrêter de tout abandonner à l'âge de 15 ans pour
travailler dans le théâtre à Paris, pour pouvoir jouer dans les
films de Godard plus tard.
Mais on a quelque
chose en commun. La passion pour le cinéma, les gens, mais surtout –
pour la comédie. C'est ce feu à l'intérieur de toi qui m'a attiré.
Tout le monde se cherche soi-même dans quelque chose, et la passion
nous aide à surmonter les difficultés toujours présentes. Je ne
serais pas assise ici si je ne ressentais pas cette passion
maintenant, 30 ans plus tard. Elle nous conduit à travers la vie.
Je déteste aussi quand
les gens disent, un rôle pour soi-même, un – pour le public. Des
conneries.
Je suis d'accord.
Tout ce que je fais, je
le fais pour moi-même. Des blockbusters, de l'art et essai or de la
publicité pour Chanel – cela n'a pas d'importance. Il apparaît
qu'après un film à succès, je peux me permettre n'importe quoi. Et
tu sais quoi ? Je peux ! C'est incroyable : je peux
foutrement faire ce que je veux. Oui, je suis dans cette position
excessivement privilégiée. Et je n'ai pas honte.
Bien.
Je n'ai jamais supplié
pour un rôle, je peux avoir n'importe quel rôle en un claquement de
doigt et je n'ai pas à me battre et à lutter sur mon chemin, comme
d'autres acteurs. J'imagine une immense carte avec plein de rues et
de routes, et la seule chose que j'ai à faire – est de choisir où
je veux rester. Chaque porte est ouverte pour moi : j'ai
beaucoup de chance dont je n'ai pas eu conscience dans ma vie. Et
c'est suffisant pour comprendre : j'aime jouer dans des
blockbusters car je sais, tout le monde les regarde, ils attirent les
gens, ils sont faciles à aborder et ils sont agréables. Je parie
que ton fils a été heureux quand il a appris que tu serais dans
Godzilla.
Il l'était. Même si
je ne comprendrai jamais ce que font tous ces gens sur les plateaux
de ces films à gros budget. Après tout, tout est pareil : la
caméra, le réalisateur, quelques mots ou phrases dits par
quelqu'un. Mais tu as raison : j'aime toute l'anxiété que seul
les blockbusters peuvent causer. Les attentes sont complètement
différentes.
L'attente est tout autre
sujet. Les lecteurs voudront certainement entendre certains de tes
conseils. Dis-nous des choses sages. As-tu quelque chose sous la
main ?
Ne laissez jamais vos
enfants jouer avec un Oscar, l'or s'effrite.
[Crie en riant]. Tu es si
sage ! Je l'ai souvent remarqué pendant le tournage. Tu m'as
poussé à apprendre à donner plus de moi-même pour le rôle. Et je
me disais, wow, elle reste juste là, à côté de moi, et je veux
déjà être meilleure. Que moi-même, bien sûr.
[Rires] Tu
plaisantes !
Je le jure ! C'est pour ça que je t'aime.
Je le jure ! C'est pour ça que je t'aime.
Jouer ensemble, c'est
comme faire de la peinture ensemble. Je veux même parler dans les
peintures.
Bien dit. Jouer chaque
scène, c'est comme …
… Les montagnes russes. Tu ne peux
pas dire avec certitude comment ça sera, jusqu'à ce que l'on soit
ensemble dans un chalet. Parfois, on peut perdre pied, ou
soudainement on a besoin de sauter, ou quelqu'un doit attraper
quelqu'un. Voilà la manière dont je reconnais toujours un bon
réalisateur : il laisse toujours les acteurs se trouver
eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle le personnage de Maria m'a
intéressé, c'est une star mourante. Mais la conclusion est la
suivante : tu es la star et je vais mourir.
Juliette !
Je plaisante. J'ai le droit. [Rires]
Foutue toi. Je suis
tellement heureuse que l'on se soit trouvées.
De même. J'ai déjà
été obligée de travailler avec des gens que je n'aimais pas.
C'était comment ?
Acceptable. On doit
bâtir un mur autour de soi. Le pire c'est quand les gens te
déçoivent. Or qu'ils te rendent tellement dingue que tu peux fondre
en larmes dans la salle des habillages. C'est vraiment difficile de
rester devant la caméra après ça, d'oublier la douleur.
Il y a des acteurs et des
actrices qui tentent de faire une impression qu'eux et chaque
personnage qu'ils jouent sont deux personnes différentes. Genre, ils
portent le personnage sur le tournage, ensuite ils le retirent et
s'en vont. Je n'y crois pas. Je crois que l'acteur/actrice joue une
nouvelle version de lui/elle-même dans chaque rôle. Tu peux avoir
une imagination folle, changer le paysage en aller d'un extrême à un
autre, cela n'a pas d'importance, après tout tu joues une partie de
toi-même. Tout le reste, c'est de la connerie.
Tu parles avec
sagesse.
Si deux personnes en face
d'une caméra ont une connexion, ils ressentent les émotions, ils ne
font pas semblant. Tout est réel. Et ce cette façon, le spectateur
le ressent aussi. Comme ça l'était entre nous deux dans Sils
Maria. Dis-moi, est-ce que tout te semble bizarre, toi aussi,
quand tu regardes le film ?
Qu'est-ce que tu veux
dire ?
Il y a des scènes qui
transfèrent les mêmes choses dont je me souviens de ce moment-là.
C'est comme avec tes souvenirs qui restent dans les dessins
d'enfance. Mais ici, ce n'est pas pareil. Ici les souvenirs sont
identiques. À cause de ça, c'est très difficile pour moi de
regarder le film. Et les critiques … Parfois, ils sont rudes, mais
beaucoup de commentaires sont vides, blessants et n'ont rien à voir
avec la réalité. Personne ne sait ce qu'est vraiment le film. Et
comment peuvent-ils exactement avoir une juste compréhension à ce
sujet ? Les gens me demandent souvent ce je pense de l'opinion
publique.
Et toi ?
Et toi ?
Je réponds à la
question: laquelle parmi des milliers d'opinions ? Mais encore,
était-ce difficile pour toi de nous voir à l'écran ?
Pas plus difficile que
de me regarder dans un miroir chaque matin. [Rires] Pourquoi est-ce
que tu t'inquiètes à ce point ? On a fait un film génial !
Beau et puissant.
Mais est-ce un film pour
gonzesses ?
Au moins les rôles
principaux sont joués par des filles.
Je déteste le terme de
'film pour gonzesses'. Il dégrade et simplifie tout. Et 'film pour
gonzesses puissant' sonne encore pire.
Alors accordons que le
film est spécial.
C'est ce que j'aime.
[L'attaché de presse
entre et demande de conclure, car Kristen a un avion à attraper à
13h15. Il est 11h45]
Oh je dois faire mes
bagages et courir à l'aéroport.
Comme tu veux. Mais si tu rates ton vol, on peut se retrouver ce soir. [Rires]
C'est tentant. Mais c'est encore mieux de ne pas rater son vol. Et on va se revoir bientôt de toute façon – en Afrique du Sud pour un nouveau projet
Comme tu veux. Mais si tu rates ton vol, on peut se retrouver ce soir. [Rires]
C'est tentant. Mais c'est encore mieux de ne pas rater son vol. Et on va se revoir bientôt de toute façon – en Afrique du Sud pour un nouveau projet
Chut ! C'est un
secret !
Source: @InterviewRussia kstewartfans eli221981
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