Dans
une interview avec Movies.IE, Kristen Stewart revient sur le
tournage de Sur La Route, son personnage, sa passion pour le
livre, le réalisateur Walter Salles et ses partenaires.
Traduction
faite par le staff de Kstew France. Merci de créditer avec LIEN
Movies.IE :
Comment trouvez-vous votre carrière post Twilight ?
Kristen Stewart :
La seule fois où j’ai eu à répondre à cette question est dans
une interview. Je ne m’attends à rien. C’est une chose très
étrangère de faire semblant d’être quelqu’un d’autre et je
ne sais pas jusqu’à ce que je l’ai trouvé. Les gens mettent les
films dans des cases … dans des genres … Quand la vie est
vraiment triste, c'est vraiment drôle aussi et qu'est-ce que c'est ?
Est-ce une comédie noire ? Ou est-ce une comédie dramatique ?
Ou est-ce un drame qui est parfois drôle ? Je n'ai aucune envie
de … Cela semble tellement prétentieux, mais je ne veux pas être
dans l'industrie du divertissement, des films peuvent être assez
importants si vous voulez qu'ils le soient, et c'est la seule fois où
j'ai l'impression que ça vaut la peine de faire une chose si
ridicule comme jouer dans un film.
Comment vous êtes-vous préparée pour jouer Marylou dans Sur La Route ?
C'est bizarre parce que
Sur La Route a été mon premier livre préféré et on a permis
d'en connaître bien plus que ce qui est dit dans le livre. La
version qui est sortie en 1957 par rapport au rouleau [le rouleau
original que Kerouac a écrit], par rapport à la réalité et
réellement qui sont ces gens … Vous ne pouvez faire Sur La
Route qu'une fois, donc je pense que c'est vraiment cool que ces
trois histoires soient réunies en une seule. En tant que personnage,
Marylou ne pouvait pas être plus éloignée de moi. Tout ce qu'elle
fait est visible, elle est l'une des plus généreuses, ouverte aux
gens et dans la réalité … C'est difficile de jouer uniquement
sur une seule note. Dans le livre, elle est amusante et elle est sexy
et elle est progressiste en raison du temps et des choses audacieuses
qu'elle fait, mais vous dites en quelque sorte 'mon dieu'
comme une fille plus sensible, vous dites 'Wow, je ne sais pas si
je pourrais le faire, je ne sais pas si je pourrais m'y tenir'.
C'est ce que j'aime dans le livre car je veux être capable de faire
face à ces gens. Déterminer qui était Luanne en réalité, elle
était un puits sans fond, personne ne pouvait la perdre, elle avait
tout à donner elle attendait tout autant en retour. C'était
vraiment une chance que nous ayons eu les bandes audio et
l'accès au biographes et fondamentalement pour humaniser ces
personnages. Il ne s'agit pas de Marylou, le livre n'est pas à
propos d'elle, elle est un personnage secondaire. Pour la jouer,
c'était vraiment agréable d'être en mesure de comprendre pourquoi
elle a fait certains trucs et pas juste jouer un
personnage sympa, sexy.
Où pensez-vous qu'était sa vulnérabilité ?
Contrairement à
quelqu'un d'autre dans toute l'histoire et contrairement à quelqu'un
d'autre à ce point dans ce mouvement, elle était en mesure de
jongler avec toutes ses valeurs qui ne coïncident pas vraiment, mais
elle le faisait avec une telle habileté. Elle pouvait
compartimenter sa vie avec une grande habileté, elle avait des
valeurs très traditionnelles, elle voulait des choses qui étaient
tout à fait caractéristiques d'une jeune fille de cet âge et
aussi, des désirs très très atypiques et des limites vraiment
illimitées. Elle pouvait faire les deux et c'est pourquoi la fin des
histoires des garçons est si triste car ils ne pouvaient pas, ils
n'avaient pas cette capacité, et peut-être sa vulnérabilité et en
quelque sorte la force des mensonges entre ça. Elle n'est pas
quelqu'un qui ne peut pas ressentir, tout l'affecte sans aucun doute,
elle n'est pas quelqu'un qui est au-dessus de la jalousie … Elle
est si tolérante et très consciente de la beauté dans les gens,
même s'ils sont enterrés très profondément et elle n'a pas besoin
de tout ce qu'elle veut issu d'un endroit, elle peut l'obtenir de
plein d'endroits différents. Bien sûr, elle était en avance sur
son temps et elle a totalement modelé la route, et elle était
carrément une pionnière pour nous les filles, mais elle n'avait
aucune idée de ce qu'elle faisait. Je pense qu'elle serait tout
aussi spéciale et tout aussi unique aujourd'hui. Je pense qu'elle
impressionnerait les gens tout autant.
Pourquoi estimez-vous comme vulnérabilité qu'elle puisse comprendre les gens ?
Tout simplement car vous
comprenez quelque chose, ne signifie pas qu'elle ne vous touche pas.
Elle pouvait surmonter des choses qui font mal, mais elle était
encore blessée, mais elle pouvait comprendre la douleur et l'aimer
ainsi et apprendre d'elle. Elle n'a jamais vraiment eu quelque chose
de méchant, c'était juste qui ils étaient, ils ne pouvaient pas
s'aider eux-mêmes et elle ne pouvait pas s'aider elle-même de temps
en temps. Elle avait une compréhension très pointue de cela et elle
était si mûre. Je suis beaucoup plus sensible et peut-être plus
vulnérable qu'elle. C'est une fille …
J'ai entendu dire que vous n'aviez pas besoin de participer au 'Beatnik Bootcamp' [camp d'entraînement sur la Beatnik] auquel les autres sont allés, que vous connaissiez tout par cœur lorsque vous avez commencé le film …
Je connaissais le roman
par cœur, et ça a vraiment ouvert des portes aux autres écrivains.
Je suis venue Burroughs mais … C'est bizarre et c'est amusant à
lire, mais ça ne pénétrait pas en moi. Je connaissais très bien
Tom Sturridge, c'est un très bon ami, et quelques semaines avant que
nous allions au camp d'entraînement, on a anticipé car on avait
peur [rires] et on ne voulait pas aller là-bas et nous sentir comme
ces gens qui sont tellement investis, et l'ont été durant toute
leur vie, dans ce projet … On ne voulait pas être vus comme des
enfants stupides qui entrent et se traînent sur tout ce qu'ils
aimaient. Donc on a lu I Celebrate Myself ensemble qui était
vraiment le plus grand ouvrage sur [Allan] Ginsberg … Pas que j'ai
quelque chose à voir avec ce personnage, mais c'est tellement
triste, c'est tellement bon. Dans le camp d'entraînement il était
plus question d'apprendre des choses – il ne s'agit pas de dates et
quand les choses se sont passées et qui est qui, même si par défaut
on a beaucoup ce genre d'informations tournant dans nos têtes
maintenant – c'était plus apprendre à danser avec Garrett
[Hedlund], écouter de la musique, fumer trop de cigarettes sur un
balcon … Je déteste fausser quoique ce soit, heureusement, on ne
se détestait absolument pas les uns les autres. Heureusement, tout
le monde était en quelque sorte tombé amoureux. Tout le monde dit
qu'on devient si proche et qu'on forme cette famille … inégalée.
Je n'avais jamais eu ça sur un film auparavant, donc je pense que
les quatre semaines étaient vraiment importantes pour cela. De plus,
tout ce qu’on apprend doit être oublié ; le seul vrai moyen
de faire l’histoire est d’apprendre chaque ligne, la connaître
par cœur et l’oublier et trouver votre propre façon de la dire.
Je pense que si on récite le livre, tous ceux qui ont vraiment aimé
le livre seraient déçus. On veut le voir sauter, on veut le voir
respirer, on ne veut pas savoir exactement où ça va, on ne veut pas
avoir de fin intermédiaire, on veut se promener. J’ai l’impression
que chaque fois que j’ai lu le livre, j’ai eu une expérience
différente et avec le film vous pouvez choisir de parcourir tant de
chemins différents. Il ne vous mène pas un endroit ; il vous
permet de le découvrir et c’était la façon dont on avait abordé
les répétitions et le tournage.
Quel âge aviez-vous lorsque vous avez lu le livre ?
14 ans. Je l’ai aimé,
foutrement aimé. Je n’étais pas trop pour la lecture avant
d’avoir lu le livre et ça m'a remué. La lecture auparavant
pour moi … J’étais bonne élève mais ce n’était pas quelque
chose qui m’a ennuyé et j’ai aimé. Je pense que cela représente
une étape de la vie où vous êtes enfin capable de choisir qui sont
les membres de votre famille et de choisir qui sont vos amis, plutôt
qu’être entouré par quiconque qui arrive pour être entouré.
Quand j’ai lu le livre, je me suis, ‘J’ai besoin de trouver
des gens qui me poussent comme ça et j’ai besoin de trouver des
gens qui me font me sentir comme ça’ et je pense que c’était
vraiment important à un jeune âge. Certaines relations sont
confortables, elles sont bien, mais on devient paresseux et
complaisant. Je veux que mes amis me piègent. J’ai dit ça à
propos de beaucoup de films que j’ai fait récemment, mais je pense
que c’est à cause de mon âge. A cet âge, vous êtes rempli par
quelque chose qui déborde, et il est difficile de mettre le doigt
dessus. Ces personnages ont une telle foi dans ces sentiments et un
tel respect pour les sentiments de leurs amis, c’est genre
‘Attends, ils auront du sens, ils auront bientôt du sens’.
Donc beaucoup de gens ignorent ces sentiments s’ils ne signifient
pas immédiatement quelque chose pour eux d’une manière logique
qu’ils peuvent exprimer. C’est tellement important de ne pas les
ignorer et je pense qu’ils sont tellement de respect pour eux-mêmes
et une telle confiance en eux-mêmes et en leurs ambitions n’ont
pas nécessairement besoin d’un résultat, il s’agit de
l’expérience.
Carolyn Cassady a également écrit un livre intitulé Off The Road. L’avez-vous également lu ?
Oui, c’est vraiment
difficile pour moi de livre ce livre. Je suis plus sensible que
Luanne …Il y a un autre livre qui vient de sortir qui s’appelle
The One And Only, et c’est l’histoire inédite de Sur
La Route et il y a ses interviews retranscrits qu’on a écouté.
Une version différente de l’histoire de chacun ... On ne peut pas
juste en lire un seul pour avoir une idée de ce qu’il s’est
passé et la manière dont ces hommes sont complètement entrés dans
la vie les uns des autres et vécu tant de vies différentes.
Emotionnellement parlant, lire la version différente de chacun était
tellement tellement utile.
Vous avez dit que parfois les gens essaient de vous convaincre de ne pas faire des films car il n’y a pas assez de choses captivantes pour vous dedans. Qu'avez-vous vu qu'eux n'ont pas vu ?
J’ai lu le livre et je
savais que Walter allait le réaliser. Dès que je me suis assise
face à lui, je savais. Vous trouvez des gens dans la vie qui... Ce
n'était pas le propos de ce dont on a parlé ce jour-là, c'est plus
le fait que nous savions que nous l'aimions pour les mêmes raisons.
Je savais qu'il la respectait et je savais qu'il allait me guider
pour la connaître davantage – parce à ce moment-là je ne la
connaissais pas – et j'étais si intimidée, je suis pas cette
fille. Cela ne veut pas dire que vous pouvez devenir une personne
complètement différente, ce serait une revendications insensée. Il
y a certaines qualités qui sont parfois enfouies très profondément
et je ne peux pas croire que j'ai été en mesure de le faire
émerger. Tout ce que je voulais faire, c'était perdre le contrôle,
et je suis une personne qui contrôle un peu … [rires] Je suis
extrêmement consciente de moi-même et elle est très consciente
d'elle-même mais elle est complètement sans une once de conscience
en soi.
Lorsque vous l'avez regardé, avez-vous eu le sentiment que c'était vous ?
Non, pas du tout. Mais
quand je suis avec eux, je deviens cette fille. C'est trop bizarre.
Ce que je veux dire, vous ne changez pas vraiment en fait, ce sont
juste certains aspects de vous-mêmes dont vous n'aviez pas
connaissance et qui s'animent. C'est la raison pour laquelle mon
travail est tellement cool.
Vous avez signé pour être dans le film bien avant qu'il ne soit en fait réalisé. N'aviez-vous pas peur de perdre votre rôle rêvé car vous vieillissiez ?
Cela commençait a
atteindre ce stade en fait, mais j'avais besoin de grandir. J'étais
beaucoup plus jeune à 16 ans que Luanne. Je n'aurais pas pu être en
mesure d'être sans limites … J'ai eu la chance qu'il vienne à
point nommé. Je pense que c'était en quelque sorte l'âge parfait à
ce moment de la vie.
Pensez-vous que Jack et Neal pourraient encore exister aujourd'hui ou sont-ils un produit de leur temps ?
Non. Je pense que c'est
la raison pour laquelle ça convient. Cela n'a jamais été un livre
très pertinent. Vous aurez toujours de gens qui ont des valeurs et
des priorités différentes dans la vie, et qui sont prêts à suivre
cette ligne. Je pense que des Jack et des Neals sont intemporels.
Vous avez dit que vous étiez tous liés à ce film. Mais est-ce vraiment facile de simuler lorsque vous ne sentez pas proches des gens avec lesquels vous travaillez ?
C'est douloureux ;
c'est juste décevant. Il y a toujours une telle responsabilité vis
à vis du personnage que vous jouez que vous feriez n'importe quoi
pour le garder. Ce n'est tout simplement pas aussi amusant, et vous
pouvez le voir, ça se voit. Je compte énormément sur la relation
acteur/réalisateur, et j'aime ça me concernant. Je trouve que si
vous n'avez pas une bonne relation avec un acteur, vous comptez sur
le réalisateur. Si vous n'avez pas une bonne relation avec un
réalisateur, comptez sur vous-même. Vous n'allez jamais détester
quiconque. J'essaye d'habitude de ne pas me focaliser sur ça, et
c'est facile à faire, surtout avec moi, car une toute petite chose
ne va pas et je dis [grogne], 'Quitteeeeeeeez le plateau !'
[rires] mais ça va tout ruiner.
Comment était votre relation avec le réalisateur Walter Salles ?
Je n'ai jamais vu
quelqu'un avec le pouvoir d'évoquer un dévouement absolu et complet
à tant de gens. Bien sûr, c'est Sur La Route, mais il s'agit
de lui aussi. On pourrait tous se coucher sur le sol et le laisser
traverser la rue nous marchant dessus. Je ne sais pas pourquoi, je
pense que c'est juste lui. Il y a juste quelque chose le concernant.
Parfois, vous rencontrez des gens et la dynamique est simplement ,
'Wow, tu es mon patron'. Je ne sais pas nécessairement ce que
c'est. Bien sûr il en sait plus que quiconque, il a fait plus de
recherches, il en sait probablement plus que la plupart des
biographes, mais ce n'est pas seulement ça. Il est tellement obsédé,
au point qu'à la fin du film, on s'inquiétait pour lui. Il était
maigre et fatigué. C'est la seule raison pour laquelle vous devez
faire des choses dans la vie ; il raconte des histoires car il
en a besoin. Il est génial.
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