jeudi 24 septembre 2020

Seberg : Interview de Stewart avec Berliner Zeitung (Allemagne)

A l'occasion de la press junket européenne de Seberg réalisé par Benedict Andrews, Kristen évoque le film, son personnage Jean Seberg, le contexte politique de l'époque et d'aujourd'hui, sa carrière, ses amis ou encore Karl Lagerfeld dans une interview avec le journal allemand Berliner Zeitung.



Traduction faite depuis l'allemand par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs


Journaliste : Mademoiselle Stewart, connaissiez-vous bien le personnage culte Jean Seberg ?

Kristen Stewart : Je ne connaissais que sa photo et le film A Bout De Souffle. Mais quand on sait ce que cette femme a vécu, on se demande la raison pour laquelle son histoire n'est pas beaucoup plus connu. Le fait que je n'en ai jamais entendu parler me semble complètement fou aujourd'hui. Enfant, elle a fait campagne pour les opprimés. Elle s'est battue pour ses idéaux, même si c'était dangereux pour elle.


Journaliste : Seberg a fait campagne pour le mouvement Black Panther. Cela a déplu au FBI, qui l'a ensuite poussé vers l'ombre et l'a ruiné avec une campagne de dénigrement.

Kristen Stewart : Jean Seberg s'est toujours plus souciée des autres qu'elle-même et a fait campagne pour les outsiders. C'est d'autant plus tragique que sa vie a été pratiquement détruite par d'autres. J'ai appris à la connaître et à l'aimer à travers ce film. Et ça m'a brisé le cœur de voir ce qui lui était arrivé. En tant que jeune femme, elle avait ce rayonnement éblouissant, cette énergie sans limites. La vie lui a volé ce rayonnement et vous pouviez voir la tristesse en elle.


Journaliste : Avez-vous trouvé une sorte d'âme sœur en Seberg ?

Kristen Stewart : Je dirai ça. Elle avait une honnêteté et une humanité que j'admire.


Journaliste : Seberg avait l'impression d'être surveillée tout le temps. Est-ce que c'est devenu une pensée normale pour nous à l'ère numérique ?

Kristen Stewart : Il n'y a pas de comparaison : les informations la concernant ont été illégalement collectées et falsifiées. Elle a été victime d'intimidation, dépeinte comme une folle, tellement torturée qu'elle a fait une fausse couche. Le FBI a même publié des photos du bébé mort. Seberg n'a jamais commencé une rébellion ou renversé un gouvernement – elle a seulement fait campagne pour plus d'humanité.


Journaliste : Pensez-vous que les acteurs devraient être politiquement actifs par principe ?

Kristen Stewart : Je suis convaincue qu'il n'est pas possible en tant qu'artiste de rester apolitique. L'art reflétera toujours sa propre attitude. On atteint un point où vous vous censurez pour ne pas offenser. À partir de ce moment, vous n'avez plus que du divertissement. Rien contre un bon divertissement – parfois vous n'avez besoin de rien d'autre. Mais les vrais artistes expriment toujours leurs opinions politiques. Votre travail est une déclaration.


Journaliste : Vous n'êtes pas active sur les réseaux sociaux. Avez-vous renoncé à contrôler votre image ?

Kristen Stewart : Je n'utilise pas les réseaux sociaux moi-même, mais je ne peux pas m'en protéger. Dois-je me cacher de tous les smartphones ? Ce serait sans espoir si j'essayais de contrôler ce que les gens pensent de moi. Les nombreux messages sur les réseaux sociaux vous déchirent en plusieurs petits morceaux. Mais la vue d'ensemble manque. Nous sommes tous coincés dans le cirque, malheureusement. La solution pour moi est de cesser de m'inquiéter de la façon dont je vais affecter les autres, mais seulement d'agir de manière authentique, entièrement moi-même.


Journaliste : Quel est votre regard en arrière sur la folie médiatique de l'ère Twilight ?

Kristen Stewart : La folie n'est pas finie. Il y a encore des fous qui me suivent pour des photos. Mais j'ai changé et je peux gérer la folie plus calmement. Je pensais que je devais trouver une réponse à chaque question et je disais souvent des choses étranges. Maintenant, je ne commente plus toutes les conneries. J'ai réalisé que je peux parfois me taire.


Journaliste : Mais êtes-vous politiquement active ?

Kristen Stewart : Bien sûr, je communique également mon opinion publiquement. À chaque respiration que je prends, je me positionne politiquement. Si je soutenais soudainement les républicains, tout le monde serait choqué.


Journaliste : Que pensez-vous de Trump et du climat politique aux Etats Unis ?

Kristen Stewart : Nous, Américains, avons tous cette illusion collective que nous appelons le rêve américain : nous croyons que nous pouvons faire tout ce que nous avons l'intention de faire. Bien sûr, ce sont des conneries. Ce système conduit seulement les riches à s'enrichir et les pauvres à s'appauvrir. C'est tellement dingue que le gouvernement renforce ce mauvais mensonge. Je ne comprends pas pourquoi le public ne se réveille toujours pas et ne voit pas ce qu'on lui fait.


Journaliste : N'êtes-vous pas l'exemple parfait du rêve américain ? La jeune fille de 18 ans qui est devenue mondialement célèbre du jour au lendemain – et qui est également tombée amoureuse de son prince du film …

Kristen Stewart : Exactement, je n'avais que 18 ans, n'avais pas de repères et j'étais complètement surprise par le succès. Soudain, j'étais au centre d'un ouragan – et tout le monde autour de moi est devenu fou. Rien n'aurait pu me préparer à cela.


Journaliste : Vous semblez plus confiante aujourd'hui. Avez-vous l'impression de contrôler votre vie ?

Kristen Stewart : Oui. Je peux faire confiance à mon instinct et ne travailler qu'avec des personnes qui me permettent cette liberté. Les rôles s'améliorent également à mesure que les voix des femmes de l'industrie se font de plus en plus entendre.


Journaliste : Comment gérez-vous la critique aujourd'hui ?

Kristen Stewart : Je ne laisse plus mon estime de moi être déterminée par des personnes qui n'ont rien de constructif à apporter elles-mêmes. Je ne peux pas plaire à tout le monde de toute façon. Et au risque de paraître incroyablement arrogante : je me contrefous de la critique. Si quelqu'un ne m'aime pas, ce n'est pas mon ami. J'ai de très bons donc je préfère placer mon énergie en eux.


Journaliste : Un ami manque depuis 2019 : Karl Lagerfeld. Qu'avez-vous particulièrement aimé chez lui ?

Kristen Stewart : Karl était un conteur fantastique. Il a vu les gens tels qu'ils sont vraiment. Sa mode n'a jamais été une apparence superficielle, mais il a plutôt aidé les femmes devenir une meilleure version d'elles-mêmes. Je me suis souvent demandée pourquoi il était considéré comme arrogant. Peut-être a t-il gardé une distance extérieure pour qu'on ne puisse pas regarder à l'intérieur de lui.


Journaliste : Savez-vous ce qu'il aimait chez vous ?

Kristen Stewart : Nous étions unis par notre conscience. Pour moi, c'est toujours un honneur de représenter Chanel car la maison n'embauche pas une personne qui ne lui convient pas. Ceux qui représentent Chanel sont aimés par Chanel. Travailler avec eux est toujours authentique, jamais un spectacle superficiel.


Source: BerlinerZeitung


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