A l'occasion de la press junket de Seberg, le réalisateur Benedict Andrews mentionne Kristen et parle du film, du personnage de Jean Seberg, du tournage, du développement du projet, du contexte politique de l'époque et de son admiration et de son choix de caster Kristen dans une interview avec Electric Ghost Magazine.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Seberg :
Conversation avec Benedict Andrews
'Il a fallu un
certain temps pour attraper Kristen, mais une fois que nous l'avons
eu, on se disait, 'Putain de merde, comment cela aurait-il pu être
quelqu'un d'autre !?'
Le maestro du théâtre
australien Benedict Andrews a fait sa transition vers le cinéma avec
ses débuts en tant que réalisateur de Una (2016), une pièce
de caractère brut avec un accent intensif sur ses acteurs Rooney
Mara, Ben Mendelson et Riz Ahmed, excluant presque tout le reste.
Avec son successeur, Seberg, il explose vers l'extérieur,
explorant de nouveaux trucs, de nouveaux mondes et toute une palette
de couleurs et de textures passionnantes.
Le film concerne
l'actrice légendaire Jean Seberg au sommet de sa gloire dans les
années 60, alors qu'elle s'implique (politiquement et
romantiquement) dans le mouvement des droits civiques Black Panther.
Autant un thriller d'espionnage avec un jeu du chat et de la souris
qu'un biopic, Seberg suit non seulement Jean – réalisé par
une Kristen Stewart toujours captivante et dynamique – mais les
agents du FBI dont la surveillance invasive de l'actrice l'a poussé
à la paranoïa et à la manie alors que les murs autour de sa vie
privée s'écroulaient.
Electric Ghost Magazine a
recontré Andrews lors du 63ème Festival du Film de London BFI pour
discuter de la rencontre entre le théâtre et le cinéma, le tirage
durable de l'histoire de Jean Seberg et ce qu'il faut pour réaliser
une légende américaine du cinéma avec l'aide d'une autre.
Journaliste :
Nous parlons lors du Festival du Film de London BFI, où Seberg
vient d'avoir son avant première au Royaume Uno. Quelle est votre
relation avec la ville et le festival ?
Benedict Andrews :
Londres est une deuxième maison pour moi. Film4 a financé mon
premier long métrage Una et
à cette époque, je vivais à Smithfield Market. J'ai aussi
travaillé au Young Vic [Andrews a travaillé sur des productions de
Cat On A Hat Tin Roof
et A Streetcar Named
Desire pour la théâtre
de Waterloo]. Nous vivons Una
au Festival BFI en 2016 et j'ai découvert qu'il y avait une réelle
densité dans le festival, similaire à Melbourne dans mon pays
d'origine. C'est une coupe très intelligente de films que vous devez
tracer. C'est une sorte d'injection dans la vie culturelle complexe
de la ville et sa culture cinématographique forte et critique,
ouvrant une porte sur ce qui existe. Il reconnaît la diversité du
cinéma d'aujourd'hui et l'alimente.
Journaliste :
Una a été votre premier
long métrage après des années de mise en scène. Pouvez-vous me
parler du saut d'un médium à l'autre ?
Benedict Andrews :
Avec Una, j'ai adapté la pièce Blackbird de David
Harrower, donc j'avais encore un pied dans le théâtre. Il s'agit
d'une étude complexe des abus sexuels, mais également d'une
relation nihiliste. Il s'agit de deux personnes coincées l'une avec
l'autre, se déplaçant à travers une série d'espaces et découpant
le reste du monde dans leur petite bulle. Notre grammaire de tournage
était très rigide, la caméra ne sortait jamais des champs. Cela
nous a permis de nous concentrer sur les performances et le dialogue
d'une manière très similaire au théâtre.
Journaliste :
Vous avez parlé de votre grammaire de réalisateur. Sur Seberg,
vous semblez certainement avoir ajouté à votre vocabulaire – il y
a une sensation cinématographique beaucoup plus explicite. Qu'est-ce
qui a changé d'un film au suivant ?
Benedict Andrews :
J'ai travaillé avec Rachel Morrison [directrice de la photographie –
Mudbound, Black Panther] pour Seberg et elle est
une merveilleuse capteuse d'images caméra à la main avec cette
façon de travailler qui est sensible et intuitive. Il y a encore
beaucoup de plans fixes, mais nous avons eu ces moments où je
voulais laisser la caméra sortir du champ, pour ainsi dire, et se
déplacer davantage à travers le monde. C'est une histoire de mondes
qui se chevauchent et nous voulions utiliser la caméra pour
transmettre ce sentiment de traversé de chaque côté du mur. Je
commence maintenant à vouloir m'orienter de plus en plus vers cette
façon d'entrer dans les mondes, donc je pense que c'est la direction
que je continuerai à développer dans mon prochain film.
Journaliste :
L'histoire de Jean Seberg est complexe et bien connue des amateurs de
cinéma. Qu'est-ce qui vous a attiré vers le matériel ?
Benedict Andrews :
J'ai fait du théâtre partout dans le monde – en Australie, à
Berlin, à Londres – et c'est un espace tellement privilégié pour
approfondir la condition humaine où j'ai travaillé avec de nombreux
acteurs très talentueux. J'ai développé mes muscles là-bas et,
avec Seberg, je me suis intéressé à ces questions de
voyeurisme et à l'opportunité d'étudier la vulnérabilité et la
bravoure des acteurs – la façon dont ils montrent leurs cicatrices
au monde. Ce film reflète cela et dépeint le traumatisme de voir
votre espace privé sous les projecteurs et, que ce soit Jack
[O'Connell] en tant qu'agent secret jouant au super héros ou
l'activisme dont Jean fait partie. Cela fait partie de ma philosophie
de base [qui dit que] tout le monde est une scène.
Journaliste :
Donc, vous êtes familier avec le théâtre et les processus et les
traumatismes qui vont avec, mais connaissiez-vous l'histoire de Jean
avant de vous lancer dans le projet ?
Benedict Andrews :
Je ne connaissais pas vraiment Jean, j'en savais beaucoup plus sur
les Black Panthers. Le film ne parle pas entièrement d'eux, mais il
examine sa relation avec Hakim Jamal [activiste du [mouvement] des
Black Panther, joué par Anthony Mackie]. Après avoir tourné Una,
j'ai été présenté à l'équipe d'Automatik – cette maison de
production indépendante passionnante réalisant des films
intéressants comme Teen Spirit (2018) et Destroyer
(2018) – et ils m'ont envoyé une pîle de choses. Je voulais faire
partie de cette centrale électrique en faisant des choix créatifs
courageux et le scénario de Seberg a été le premier à
vraiment m'attraper. C'était tellement de choses – pas seulement
une lumière sur cette période de l'histoire, mais elle avait
également le pouls d'un thriller et a plongé profondément dans sa
vie d'actrice, ce qui m'a vraiment parlé.
Journaliste :
Parlons de Kristen Stewart. Comment en êtes-vous venu à lui confier
ce rôle ? Comment avez-vous trouvé le fait de travailler avec
l'une des artistes les plus demandées d'aujourd'hui ?
Benedict Andrews :
Il a fallu un certain temps pour atterrir sur Kristen, mais une fois
que nous l'avons fait, on s'est dit, 'Putain de merde, comment
cela aurait-il pu être quelqu'un d'autre ?'. Après avoir
parcouru le monde avec elle dans des festivals pour promouvoir le
film, je constate de plus en plus qu'il n'y a pas d'autre version de
ce film avec une autre actrice. C'est simplement une de ces rares
choses ; sa symbiose avec le rôle et l'endroit où elle
rencontre Jean au milieu ne peut venir que de la compréhension
qu'elle a de ce genre de vie. C'est une icône de style contemporain
qui est incapable de faire semblant et je pense qu'elle et Jean sont
les mêmes à cet égard. À partir du moment où je l'ai rencontrée
dans un restaurant de LA, il n'y a pas eu de petites discussions
pendant quatre heures.
Journaliste :
La version de Jean que vous décrivez à l'écran n'est bien sûr pas
une copie conforme de l'actrice elle-même. Cela ressemble plus à
une interprétation de la part de Kristen. Alors, comment avez-vous
conçu le personnage 'Jean' et sa relation avec la vraie Seberg ?
Benedict Andrews :
Nous avons décidé rapidement que nous étions pas intéressés par
le fait de faire une impression de Jean, alors nous avons beaucoup
travaillé ensemble sur le scénario pour changer les choses et j'ai
nourri Kristen avec énormément de choses à lire également, mais
elle a trouvé beaucoup de choses elle-même au-delà du matériel
évident. Beaucoup d'amants de Jean ont écrit sur elle ces œuvres
romancées qui ont donné cette grande impression métaphysique de ce
que les autres pensaient d'elle. Il n'y a que deux moments dans le
film où nous avons recréé des choses exactement basées sur des
images d'archives, l'un d'eux étant un clip que nous avons recréé
à partir de Jeanne d'Arc (1957), mais sinon c'est entièrement
interprétatif. La performance devait être vivante, pas robotique,
pour vraiment capturer Jean. Si vous écoutez des vieilles archives
d'elle, elle parle avec cet accent médio-atlantique affecté que
nous n'avons pas utilisé, mais parfois il faut se plier à la vérité
pour vraiment la découvrir.
Journaliste :
Chez Electric Ghost Magazine, nous parlons du cinéma comme guide de
vie. Que faut-il retenir de votre film et de la vie de la vraie Jean
Seberg ?
Benedict Andrews :
Je ne me souviens pas de la citation exacte, mais il y a une
interview quelque part où elle dit quelque chose comme, 'Entre
une carrière et l'aventure de la vie, je choisis l'aventure de la
vie'. Il y avait simplement quelque chose dans la façon dont
Jean était câblée où elle était incroyablement ouverte et
défendait ce en quoi elle croyait, ce qui, je pense, est très
précieux. En termes de notre film, nous représentons une femme qui
traverse un incendie et en sort radicalement transformée. Elle et le
personnage de Jack sont des gens qui veulent trouver la vérité
durement gagnée et changer le fait de le faire. Notre monde marche
au bord du gouffre et je pense que, plus que jamais, la grâce de la
vérité est une chose très urgente.
Source: ElectricGhostMagazine
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