mercredi 12 juin 2019

Photoshoot & interview de Kristen & Lars Eidinger pour le magazine allemand Vogue Germany

Kristen et l'acteur allemand Lars Eidinger, son partenaire dans Clouds Of Sils Maria et Personal Shopper, ont posé ensemble pour de superbes clichés pour le magazine allemand Vogue Germany, pour son numéro de juillet 2019. Un hommage à Karl Lagerfeld est rendu dans le magazine. 
Lars Eidinger a rejoint Kristen à New York, lors de son séjour pour le gala du MET 2019, pour un photoshoot et une interview, dans laquelle ils parlent de leur métier, de la mode, de leur collaboration sur les films avec Olivier Assayas ou encore Karl Lagerfeld.





Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs.

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Kristen Stewart a commencé sa carrière fulgurante en tant que membre des morts-vivants sans aucune effusion de sang, dans la saga vampirique Twilight. Lars Eidinger a également conny d'innombrables morts sur scène. Dans le drame sur la transcience, Clouds Of Sils Maria, ils ont travaillé ensemble pour la première fois. Peu de temps après, il s'en est suivi avec Personal Shopper – également réalisé par Olivier Assayas, dans lequel Eidinger joue un rédacteur du magazine allemand Vogue.
Tous deux ont non seulement vécu la même expérience cinématographique, mais ils partagent une connexion avec Chanel et au travers du cosmos de Karl Lagerfeld. Dans le studio new-yorkais 16 Beaver Studio, ils ont parlé de la puissance de l'instant, d'une surestimation de l'improvisation, de relations sexuelles avec des fantômes, des 320 meurtres paternels et de moments de mode magiques.

Lars Eidinger : Pour être honnête, pour moi, il est toujours étrange de rencontrer des personnes que je connais à travers des films. Lorsque je t'ai rencontrée pour la première fois, j'avais déjà regardé On The Road et Twilight. C'était bizarre de te rencontrer en personne, c'était comme un rendez vous avec Mickey Mouse.
Kristen Stewart : Je me souviens que nous ne nous sommes rencontrés que brièvement lors des essayages sur le plateau de tournage de Clouds Of Sils Maria. On a fait plus fait connaissance après le tournage et on a discuté de l'histoire.

Lars Eidinger : Dans la première scène, je me tenais juste devant ce bar et tu as dit ton texte si doucement que j'ai dû sourire. J'ai été totalement abasourdi, tu as joué ce rôle si facilement, et ensuite Olivier Assayas a choisi cette prise. Et lorsque nous avons commencé à tourner Personal Shopper, je me suis dit que j'allais mettre à profit ce que j'avais appris de Kristen et que j'allais mettre moins de pression dans ma voix. Je me suis assis là et je t'ai parlé tout doucement, si doucement que tu as dit, 'Quoi ?'.
Kristen Stewart : J'ai été complétement époustoufflée. Je pense que la prise a aussi fini dans le film.

Lars Eidinger : Cela m'a montré à quel point tu es excellente aujourd'hui. Tu n'as pas essayé de me mettre sur la sellette ou de me mettre dans le doute, tu ne pouvais simplement pas m'entendre.
Kristen Stewart : La plupart des acteurs ont des difficultés avec ce genre d'impulsion. Tout d'abord, tu dois admettre que tu n'as aucun contrôle sur la situation et que tu es ouvert pour montrer ta vulnérabilité, sans que cela paraisse trop flagrant. Personnellement, j'aime apprendre quelque chose tout au long du processus, pour vivre l'expérience.

Lars Eidinger : C'est ce que j'admire chez toi. Parce que c'est une approche très différente de ce que j'ai appris.
Kristen Stewart : C'est drôle, lorsque je travaille avec toi, j'ai toujours le sentiment que nous suivons la même approche. Chaque prise était complètement différente. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui allait arriver.

Lars Eidinger : Cela fait plaisir à entendre. On m'a appris au théâtre à reproduire la même chose encore et encore.
Kristen Stewart : Je ne sais pas si je pourrais faire ça. Le pire qu'un réalisateur puisse faire, c'est souligner quelque chose qui a réussi ; alors, je gâche tout tout de suite. Le perfectionnisme bloque souvent mon cheminement.

Lars Eidinger : Tout le rythme d'une scène, le langage, tout dépend de ta conscience à ce moment précis. C'est l'idéal dans le fait de jouer la comédie pour moi, c'est là que j'essaie d'aller – d'être dans le moment présent.
Kristen Stewart : Malheureusement, certains personnages requièrent une attention si particulière, des détails si inhabituels que tu n'as pas complètement dans le moment présent, à moins d'être un génie absolu. Si le personnage est proche de toi, il est assez facile de rester dans le même présent. Même si je suis censée avoir des relations sexuelles avec des fantômes et des meurtriers, je peux être présente. Je pense que tu joues souvent des personnages incroyablement compliqués et que ce n'est pas si facile.

Lars Eidinger : A l'école d'art dramatique, on nous a toujours dit qu'il y a des acteurs qui ont une présence et d'autres qui n'en n'ont pas ; c'est le talent avec lequel certains sont nés.
Kristen Stewart : C'est drôle, je n'y ai jamais pensé, les termes 'être présent' et 'avoir une présence' sont interdépendants et liés. Celui qui est présent à une présence.

Lars Eidinger : Pendant longtemps, j'ai pensé que c'était quelque chose sur lequel on n'avait aucune influence, quelque chose de mystique. C'est la raison pour laquelle j'aime tellement le théâtre parce qu'il est immédiat et qu'il se déroule dans le même présent.
Kristen Stewart : Sans entrer trop profondément dans le jeu d'acteur, mais c'est quelque chose de similaire dans les relations. Si tu laisses tes peurs prendre le dessus, tes mécanismes de contrôle et ton incapacité à être dans le présent pour contrôler ta vie, alors tu t'enfermes et tu te prives d'un processus important, à savoir faire l'expérience de ce que tu ressens. Tu retires ta propre expérience en la laissant entraver ta vie.

Lars Eidinger : J'admire ton apparente indépendance du jugement des autres.
Kristen Stewart : Je pense que je n'ai jamais été guidée par le besoin d'être au centre de l'attention. Mais en même temps, je reviens sans cesse à des situations qui suscitent de nombreuses critiques et des processus d'auto évaluations inutiles, fondées sur les opinions merdiques d'idiots.

Lars Eidinger : Mais cela ne te dérange pas que l'on écrive du mal te concernant sur le net ? Simplement en raison de ton importance, tu offres une surface d'attaque énorme.
Kristen Stewart : Je pense que la seule façon de limiter les dégâts est d'optimiser les dégâts. Cela signifie expérimenter le pire. Je le fais depuis plusieurs années maintenant, il y a des hauts et des bas, certains d'entre eux égalisent les autres.

Lars Eidinger : Quoi qu'il en soit, il est plus facile de jouer quelqu'un qui n'est pas proche de ta propre personnalité. Par exemple, je pense qu'il est plus facile pour moi de jouer un méchant parce que je suis plutôt amical et bienveillant. C'est qu'on m'a dit à l'école d'art dramatique, 'Lars, tu est trop gentil, tu ne peux pas jouer le rôle d'un méchant'. Si quelqu'un me demande, 'Faut ou Méphisto ?' – bien sûr, c'est Méphisto ! 'James Bond ou le méchant ?' – toujours le méchant. C'est beaucoup plus facile de jouer quelque chose d'étranger. Je ne me connais pas assez pour jouer moi-même.
Kristen Stewart : Il faut que tu baisses le armes et que tu abandonnes le contrôle. C'est particulièrement ridicule si cela se base sur l'improvisation.

Lars Eidinger : On dit qu'en improvisant le dialogue, tout devient plus vrai. Je pense que c'est une idée fausse. Je pense plutôt que l'improvisation n'est qu'une autre façon de jouer la comédie, surtout dans un dialogue. Dans la vraie vie, parfois, les gens ne disent rien et s'accordent la liberté de garder le silence. Parfois, on n'a pas besoin de composer du texte pour remplir un script.
Kristen Stewart : C'est vrai, les gens blablatent souvent des conneries lorsqu'ils improvisent, parce qu'ils croient devoir combler le silence.

Lars Eidinger : Lorsque j'ai commencé, j'ai pensé que j'avais besoin de mon intimité pour le transformer en art. En attendant, je pense que c'est l'inverse. Les expériences que je fais en tant qu'acteur influencent ma personnalité, la rendent plus complexe. C'est ce que je fais en jouant la comédie, l'expérience est tellement plus profonde, plus complexe et plus vraie que ma vie quotidienne. Je dirais même que plus je me laisse aller en jouant, plus j'évolue dans ma vie personnelle.
Kristen Stewart : En tant qu'acteur, est-ce que tu t'abordes consciemment certains moments et est-ce que tu les expérimentes comme une sorte de purification ? Je vis souvent la vraie catharsis et le fait qu'il s'agisse simplement de jouer la comédie n'enlève rien à l'expérience. C'est une vraie expérience de vie. Tu te tiens là et tu te dis, 'Wow, je le ressens maintenant !'.

Lars Eidinger : Oui, parfois, c'est presque comme une psychothérapie. Par exemple, j'ai jouée Hamlet 320 fois. Cela signifie que j'ai vécu 320 fois l'assassinat de mon père par mon oncle. Le fantôme de mon père m'appelé 320 fois pour me demander de le venger. 320 fois, je me suis perdu derrière le masque de l'illusion. 320 fois je vais tuer mon oncle. Ophelia devient folle parce que je la traite comme une saleté et je la tiens responsable de tous les actes répréhensibles de ma mère. Si tu agis à travers cela comme un rituel 320 fois …
Kristen Stewart : … Alors cela devient une méditation. On intériorise cette expérience.

Lars Eidinger : Tu vis des expériences que tu ne pourrais jamais vivre dans la vie réelle. Impossible. La réalité et la fiction forment un lien étrange. Fassbinder a dit un jour que la vie est un plus gros mensonge que le cinéma. J'aime tellement ça au théâtre - tu laisses les choses aller là, pendant que tu essayes de garder quelque chose alors que tu tournes. Le mouvement représente la vie et la mort au repos. C'est la raison pour laquelle la photographie semble morbide. Parce que tu regardes quelque chose du passé, inébranlable. Ces derniers, j'ai beaucoup voyagé et de nombreuses affiches publicitaires sur lesquelles tu es ont été exposées partout dans les aéroports du monde entier. Je t'admire pour avoir affronté cette pression.
Kristen Stewart : Pour moi, ce qui se passe devant la caméra ne se reflète jamais le produit final. Qu'il s'agisse d'une photo ou d'un film, cela prend sa propre vie, ce qui n'a finalement pas grand chose à voir avec moi, personnellement. Lorsque les gens font leurs propres films, alors tu as peu d'influence sur la façon dont les autres te voient et c'est la raison pour laquelle tu ne peux pas être aussi sensible.

Lars Eidinger : Cela ne te met pas sous pression ?
Kristen Stewart : Bien sûr, tu trébuches et tu penses, 'Wow, c'est tellement irréel'. Mais en même temps, je ne m'associe pas à la photo. Je n'ai aucun lien réel avec les affiches dans les aéroports et je ne l'aurais probablement pas fait sans Karl Lagerfeld. Cela m'a aussi rapproché de Chanel.

Lars Eidinger : Parfois, cela me surprend, à quel point je place de la valeur dans les vêtements que je mets dans un film puis dans ma vie personnelle. Je peux passer des heures à me plaindre de la longueur d'une manche, tandis que dans ma vie privée, je me contente de la taille de mes vêtements habituels.
Kristen Stewart : Le meilleur créateur avec lequel j'ai travaillé, ayant même déterminé le sous vêtement, porté sous plusieurs couches avec des vêtements d'hiver. Même si je m'habille de façon décontractée, presque dans une sorte d'uniforme, je suis obsédée par les détails. Le Levis doit avoir exactement le bon degré de destroy. Tout comme tu as tellement de facettes de toi-même dans le fait de jouer la comédie, c'est le cas de la mode également. Si je mets quelque chose, ce que je ne porterais pas dans un autre cas, j'apprends quelque chose sur moi-même. La vie devient tellement plus intéressante lorsqu'on voit notre reflet dans de nouveaux miroirs. Tu es plus courageux. Tu portes cette veste Chanel et puis c'est tout !

Lars Eidinger : C'est juste une faiblesse. La veste n'est pas du tout une tentative d'apparaître ou de me provoquer. Je l'ai vue et je voulais l'avoir.
Kristen Stewart : J'étais encore très jeune. Au début, je pensais que tout serait beaucoup plus contrôlé et que je serais placée sur un fond tout près et que l'ambiance général du photoshoot serait insérée par la suite. Je n'imaginais pas à l'époque que c'était tout un processus, qui se découvrait lui-même. C'était comme un film en fait. Je ne connaissais pas encore comment fonctionnait le monde de la mode. Je pensais qu'ils avaient des règles strictes à suivre pour créer des vêtements qui allaient se vendre. A ce moment-là, Karl m'a mis un cure dents dans la bouche, il a pris quelques photos et c'était terminé. On avait quand même le sentiment du travail accompli et d'avoir créé quelque chose qui en valait la peine. Ce n'était pas difficile. Il y avait un style très cavalier.

Lars Eidinger : Est-ce que tu te rappelles, la dernière fois que l'on s'est vus, c'était lors d'un défilé à Paris. Cette fois-là, le Grand Palais avait été transformé en station de ski. On se serait crus dans une holodeck [ une salle de réalité virtuelle] tellement l'illusion du décor était parfaite.
Kristen Stewart : Comme de la réalité virtuelle.

Lars Eidinger : A la fin du défilé, il y a eu un moment de calme. Le silence qui entourait ce podium recouvert de neige. Je ne suis d'habitude pas particulièrement sensible à ce genre de chose, mais je l'ai été à ce moment-là. Tout d'un coup, une brise froide a pénétré le lieu, quelqu'un avait-il ouvert une porte peut-être, mais je l'ai ressenti. A ce moment-là, j'ai eu l'impression que Karl Lagerfeld quittait ce lieu. Ça m'a beaucoup touché.
Kristen Stewart : Oh oui ! C'était tout à coup si lumineux ! J'ai vraiment été touchée. Tout ce blanc, le silence ... Peu de temps après, j'ai eu des rêves en lien avec ce moment. Le fondamental, l'existentiel, où se trouve ma place dans cet endroit blanc, abstrait ? Il y avait une direction, une ligne dirigée par les volontés de Karl. Cette ligne a traversé ce blanc, comme vivante ! C'est irréel.

Lars Eidinger : A un moment donné, il a exprimé le souhait - et on en a parlé après le défilé - d'être incinéré. Qu'il voulait disparaître sans laisser une trace. Durant le défilé, il y a eu ce moment où les mannequins avec les grands manteaux foncés ont parcouru le podium. Les capes flottaient au-dessus de la neige et effaçaient les traces derrières elles. C'était un moment vraiment poétique et magique.


* Clichés BTS du photoshoot par Jillian Dempsey



* Scans digitaux



Source: @Kkristenjxp @VogueDe
@AdoringKS @jilliandempsey
Transcription: @GingerHenny
Scans digitaux: @Korita05

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