samedi 13 octobre 2018

Lizzie : Interview de Kristen avec Entertainment Weekly

A l'occasion de la press junket américaine de Lizzie, Kristen parle du film, des personnages, du tournage, de l'histoire des Borden et de sa collaboration avec Chloë Sevigny dans une interview avec Entertainment Weekly.



Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs


Kristen Stewart s'exprime sur le fait d'avoir filmé des scènes lesbiennes 'honnêtes' dans le biopic Lizzie

Lizzie de Craig William Macneill (en salles aux Etats Unis le 14 septembre), se plonge dans les entrailles de l'histoire spéculative avec sa réinterprétation féministe des meurtres mystérieux de la famille Borden, qui suggère que l'infâme meurtrière (Chloë Sevigny) s'est révoltée contre les abus de son père avec sa petite amie et femme de chambre irlandaise lesbienne, Bridget, interprétée par Kristen Stewart. Elle explique à Entertainment Weekly la raison pour laquelle les oppresseurs patriarcaux devraient tenir compte de l'avertissement sanglant du film – et comment le projet évite d'habiller ses amants centraux dans des clichés de cinéma homosexuels.


Journaliste : Alors, du sexe dans un pigeonnier et un meurtre sanglant : c'est l'histoire d'amour qui réchauffe le cœur de l'année.
Kristen Stewart : [Rires] Putain ouais !

Journaliste : L'histoire de Lizzie est en réalité devenue au fil des ans une légende pulpeuse, presque naïve, qui la déshumanise en quelque sorte. Pensez-vous que ce film réintroduit un élément humain manquant ?
Kristen Stewart : Je pense que le véritable crime salace, frénétique dans les médias s'est transformé en folklore. Tout le monde connaît le titre, mais c'est sympa de regarder à l'intérieur, de lire le texte et de considérer que de nombreux détails ont été ajoutés … Elle était vraiment en colère. Quelque chose a dû la mettre en colère. Elle n'est pas juste folle dans son esprit … Je n'encourage pas à faire preuve de compassion pour les meurtriers. Je ne pense jamais que le fait d'être super violent est nécessairement la solution à tout. Mais c'est bien de prendre une histoire que tout le monde connaît si bien sur un plan vraiment noir et blanc et lui donner vie.

Journaliste : Y a t-il une rébellion punk-rock dans tout cela, étant donné toutes les libertés tordues que vous prenez dans ce film ?
Kristen Stewart : Absolument … Je suis allée à Savannah [pour tourner] deux jours après l'élection de Trump. Ces conversations très bruyantes qui se déroulent actuellement ne sont pas nécessairement au premier plan du fil d'actualité de chacun sur son téléphone. Ce n'était pas quelque chose qui a été si persistant dans la presse en ce moment. Alors oui, je pense que lorsque nous avons fait le film, on se disait, 'Mon dieu, imaginons deux femmes qui ont ces vides béants, et elles se reconnaissent mutuellement' … Leurs instincts sont tellement opposés, mais elles remplissent la voix de l'autre de telle manière qu'elles se renforcent suffisamment pour en quelque sorte dire, en fait, 'J'ai en fini avec le fait d'être exploitée et totalement contrôlée sans aucune option pour le reste de ma vie. Je suis fondamentalement une prisonnière dans mon propre ménage'.
C'est divertissant et c'est une histoire tragique. Tout le monde est à fond dans le vrai crime, tout le monde veut savoir comment quelqu'un pourrait être capable de quelque chose d'aussi odieux … Mais pour ce film, nous ne sommes pas des compatisseurs, mais nous disons simplement qu'il était beaucoup plus difficile de vivre en tant que femme à l'époque et nous continuons à batailler et nous battre et à reconnaître des choses pour la première fois, donc c'est plutôt excitant à imaginer : A quoi ressemblait 'le fait d'être gay' à l'époque ? A quoi [la vie] de jeunes filles qui avait des sentiments vraiment chaleureux, transcendants avec des phéromones qui volaient entre elles et un soutien qu'elles n'avaient pas imaginé de la part d'une autre personne ressemblait ? Et pourtant, elles portent des corsets et [Bridget est en train de] de balayer le sol et elle est mise à profit par [son] employeur. Imaginez toutes les histoires différentes qui ont été racontées, mais en partie complète.

Journaliste : Chloë m'a dit qu'elle voulait faire tomber le patriarcat avec ce film. Avez-vous canalisé votre rage contre le patriarcat ?
Kristen Stewart : [Bridget est] en conflit sur ses sentiments naturels et elle n'est pas aussi franche que Lizzie car, dans son esprit, elle n'a pas ce droit. Elle vient de l'extrême pauvreté ; elle est complètement perdue en Amérique. Elle est complètement seule. Lorsqu'elle rencontre Lizzie … C'est un esprit qui l'a convaincue à cause de leur reconnaissance mutuelle … Je n'ai jamais goûté à cette [rage] parce que je jouais contre quelqu'un qui était complètement maîtrisée. Théoriquement, oui, je voulais absolument faire partie de ce film parce que vous voyez ces deux filles complètement opprimées et incapables de respirer et d'être étranglées. Le choix n'est probablement même pas un mot qui existe dans le domaine de leur vocabulaire … Même si cela ne se termine pas très bien pour l'une ou l'autre, simplement être capable de regarder deux personnes qui ne sont pas autorisées à foutrement être elles-même et simplement être bien ou heureuses pendant une seconde, simplement partager quelques instants et en quelque sorte respirer ensemble à l'unisson est, pour moi, si triomphant.

Journaliste : Bridget fait face à des problèmes qui font actuellement les gros titres : elle est agressée sexuellement par Andrew et elle hésite à en parler, de peur de perdre son emploi. Je sais que vous ne tentez pas de comprendre les meurtriers, mais dans le monde tordu de ce film, les meurtres sont-ils justifiés puisque le père de Lizzie est un agresseur ?
Kristen Stewart : Je ne veux pas mâcher mes mots et dire que c'est évidemment la raison pour laquelle Lizzie a dû le tuer. Je ne justifierai jamais la violence, mais nous sommes tous des animaux. Si vous attrapez un animal après l'avoir enfermé dans une cage et avoir fait des choses bizarres, que va t-il se passer ? Il va mordre en retour. C'est satisfaisant de voir ce tournant … Théoriquement, c'est une justification totale. Lizzie n'était pas un monstre diabolique et fou ; elle était une victime d'abus.

Journaliste : La scène de meurtre célèbre se déroule à nu. Qu'avez-vous ressenti à ce sujet ?
Kristen Stewart : J'adore ce détail … Le fait que nous la voyions commettre ce meurtre entièrement nu, elle devient sauvage. Elle devient un animal. Elle est visuellement, remarquablement féminine à ce moment-là et aussi remarquablement forte … L'image du visage de Chloë, concentré, éteint, exécutant ce meurtre avec des éclaboussures de sang alors que vous voyez ses tétons en premier plan – vous feriez mieux de faire attention, mon pote !

Journaliste : C'est intéressant pour moi car la scène de sexe est entièrement habillée et ce n'est que lors des meurtres qu'elles ont dénudé leurs corps.
Kristen Stewart : Nous n'avons jamais incluses dans des [scénarios] trop beaux. Nous ne nous sommes jamais dit, 'Bon alors arrache ton corset !'. Bien sûr on ne l'arrache pas ! Il faut environ 10 minutes pour le retirer, alors si nous allons b**ser, nous allons le faire avec nos vêtements ! Ce niveau d'intimité, cette sorte d'échange silencieux, calme et chuchoté qu'elles ont [convient]. C'était présent et honnête. Idem pour la scène du meurtre : elles ne pouvaient pas porter des vêtements parce que le sang leur coulait dessus, elles ont donc dû les enlever. [Mais] voir Chloë nue avec une hache … Est tellement représentatif de ce que raconte ce film. Inversement, nous, dans nos vêtements, tout en étant intimes, essayons de passer sous ces liens, en essayant tellement fort de gagner quelques centimètres de proximité … Nous avons réalisé ce que qui est sexy, c'est l'immédiateté de ne pas se déshabiller.

Journaliste : Comment avez-vous abordé le fait de présenter la relation de même sexe de manière intime, sans l'exploitation sexuelle ?
Kristen Stewart : Naturellement, du point de vue d'un initié. [C'est] une histoire bizarre dans un film qui ne définit pas le film dans son intégralité – c'est foutrement cool de faire des films nuancés, superposés et fidèles à la vie plutôt que de prendre quelque chose qui compte pour moi et de d'en faire quelque chose de cliché et de large. Cela pénètre sous ma peau ; je déteste le voir présenté de cette façon. {Pour elles], le mot 'gay' ne compte pas. C'est un instinct qui n'a pas de nom.

Journaliste : Chloë et Bryce ont déclaré avoir eu des rencontres spirituelles avec quelques présences fantomatiques avant et pendant le tournage de ce film. Avez-vous été épargnée ?
Kristen Stewart : Non, je n'ai jamais été visitée. [Rires] Je pense totalement que Chloë a eu une expérience vraiment trippante … Elle a eu une nuit troublée et elle ne pouvait pas dormir et elle était persuadée que c'était Andrew qui disait, 'Non !'. Moi, par contre, je n'ai pas eu d'expérience spécifique. Lorsque vous faites un film sur une personne réelle – surtout s'ils ne vivent plus – c'est comme cette chose où … Vous vous demandez s'ils peuvent vous voir attraper votre nez ou quelque chose comme ça. Vous vous demandz comment ils vous oublient … Une petite rafale de vent. Chloë était tellement consumée, oh, ça doit être Lizzie !


Journaliste : Eh bien, si les esprits vous rendent visite à l'avenir, nous espérons pouvoir dire que vous avez fait un excellent travail sur le film.
Kristen Stewart : Mon dieu, j'espère que oui !

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