A l'occasion de la press junket américaine de Lizzie, Chloë Sevigny et le réalisateur Craig William Macneill mentionnent Kristen et parlent du développement du projet, du tournage, des personnages et de l'histoire des Borden dans une interview avec INTO.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Cela fait 126 ans qu’Andrew et Abby Borden ont été retrouvés assassinés dans leur maison à Fall River dans le Massachussetts, avec leur
fille de 32 ans (et respectivement belle-fille) devant la principale suspecte.
Lizzie Borden, une solitaire célibataire obligée de rester à la maison, a d’un
coup été poussée sous les feux des projecteurs, se défendant de toutes les
accusations comme quoi elle aurait brandi une petite hache et l’aurait enfoncée
dans les crânes de son père et de sa belle mère.
Même si elle n’a jamais été
inculpée pour ce crime, la légende de Lizzie Borden n’a pas seulement donné
naissances à des histoires et des chansons mais aussi à de vrais livres de
crimes, un film TV inoubliable suivi de séries, d’un spectacle musical, et d’un musée 'bed and breakfast', tous nommés en son honneur
(déshonneur ?). Maintenant, un film
mettant en vedette deux actrices du cinéma moderne et icônes rebelles – Chloë
Sevigny et Kristen Stewart – nous plonge dans un aspect souvent oublié de cette
saga sanglante : la supposée homosexualité de Lizzie Borden.
Les historiens ont essayé de savoir si l’amour de Lizzie
Borden pour ses amies et l’évitement de ses compagnons masculins avait une
quelconque signification à propos de sa sexualité (certains, choisissant de ne
pas participer ce débat, l’appelant une vieille fille), il n’y avait de toute
façon pas beaucoup de preuves allant dans un sens comme dans l’autre. Pourtant,
certains pense que la relation qu’elle avait avec Nance O’Neil était
romantique, et que Lizzie avait aussi une relation avec Bridget 'Maggie' Sullivan, la femme de chambre irlandaise de la famille
âgée de 25 ans.
Dans Lizzie, Sevigny joue le personnage principal, une jeune
femme fermée emprisonne dans une routine ennuyeuse dicté par son père
autoritaire et moralisateur (Jamey Sheridan). Stewart est Bridget, calme et
consciencieuse du fait du besoin d’argent, même quand elle doit réaliser des
actes sexuels en dehors de ses objectifs de travail pour Mr. Borden. Alors que
Lizzie et Bridget se découvre une haine commune envers leurs situations de vie
suffocantes, elles créent un lien qui évolue en affection émotionnelle et
physique, menant au point culminant : le matraquage pour lequel Lizzie
Borden est tristement célèbre, qu’elle soit coupable ou non.
'C’est l’histoire de ces femmes qui trouvent la force
à travers l’une l’autre, c’est aussi une tragique histoire d’amour', raconte Sevigny à INTO. 'Lizzie projette tellement sur Bridget et attend
tellement d’elle, et ses attentes sont de penser qu’elle va trouver joie et
liberté à travers l’amour et à la fin, en se battant pour ça elle le perd, et
nous pensons que c’est un tragique revers de situation'.
Sevigny était aux commandes du projet et l’a été pendant de
plusieurs années alors qu’il est passé par de nombreuses itérations – d’abord
en tant que série TV pour HBO qui a été abandonné à cause de la version Lifetime
mettant en vedette Christina Ricci. Il y avait de nombreux réalisateurs attachés
au projet à ce moment-là (Pieter Van Hees devait le réaliser à un moment
donné), mais Craig Macneil a pris finalement les rênes du projet, écrit par
Bryce Kass. Sevigny dit avoir aussi rencontré des réalisatrices, mais elle
aimait le précédent film de Macneill The Boy, et appréciait 'le
respect qu’il avait pour Kristen et moi et le script et pour le projet'.
'J’ai essayé de rester fidèle aux sentiments que j’ai
eu la première fois que j’ai lu le scénario', raconte Macneil à INTO. 'Je tenais réellement à ces deux femmes coincées dans cette maison
oppressante sous le contrôle de cet homme sadique. Ces deux femmes essayaient
seulement de survivre et elles ont trouvé du confort, une source de réconfort
l’une en l’autre. Cette connexion a pris la forme d’intimité. Et
d’amour'.
Quand l’avant première de Lizzie a eu lieu à Sundance en
janvier dernier, c’était l’un des quatre films très en vue dont les
protagonistes principales étaient des femmes homosexuelles, et un des premiers
dont les droits ont été achetés pour la distribution (Saban Films ont acquis
les droits pour l’Amérique du Nord). Le vainqueur du prix du jury, Miseducation
of Cameron Post, était le seul film avec une femme scénariste/réalisatrice et on
pouvait noter que les autres (Lizzie, Colette et Hearts Beat Loud),
tous réalisés par des hommes, ont vu leurs droits pour la distribution acheté
plus rapidement et de manière plus importante.
'Cela a pris deux mois pour vendre les droits de ce
film', indique Desiree Akhavan le réalisateur de Cameron Post, en août à INTO. 'Le film pourrait parler de la même chose, mais être réalisé
par un homme blanc hétéro et parler d’un garçon, et il serait distribué par
Focus, avec une sortie dans les salles importante dans tout le pays. Les faits
sont les faits'.
C’est un scénario omniprésent et frustrant dans le cinéma
moderne, et bien qu'il ne soit pas aussi rebutant que cela peut l’être dans
d’autres drames de cette nature, le regard de l’homme est peut être aussi bien
illustré dans une des scènes de Lizzie : quand Lizzie et Bridget
deviennent finalement intimes – croyant qu’elles sont finalement seules toutes
les deux, ne pouvant pas être vues – elles sont tellement concentrées à faire
l’amour qu’elles ne se rendent pas compte qu’elles sont observées par la
fenêtre par le père de Lizzie, l’agresseur de Bridget.
'Il m’a semblé important de laisser Lizzie et Bridget
couverte pour la scène d’amour et ne pas l’embellir à plus soif de quelque manière
que ce soit', dit Macneil à INTO. 'On l’a filmé avec des caméras
portables avec de grands objectifs, ce qui vous donne l’impression de participer
et de partager l’espace avec elles plutôt que de l’observer de loin'.
Le refoulement inévitable est palpable à ce moment,
réitérant le fait que les femmes comme Lizzie et Bridget, il n’y a aucune échappatoire
– elles sont coincées sous la grippe des hommes à moins qu’elles ne fassent
quelque chose de drastique.
Bien que les critiques qui sont ressorties de Sundance soient
bonnes, surtout concernant les performances des actrices principales, Sevigny exprime
qu’elle ait été quelque peu déçue avec les décisions de Macneil concernant le
fait d’avoir couper des scènes qu’elle a partagé avec Stewart et Fiona Shaw
(qui interprète sa belle-mère). En considérant que les meilleures scènes sont
celles quand Sevigny et Stewart ont une quelconque chance de partager une conversation
secrète ou un échange d’émotions dans une existence sinon plutôt stoïque, cela
a été frustrant pour Sevigny, qui a essayé d’apporter quelques itérations à ce
projet créer depuis 2010.
'C’était vraiment difficile', dit Sevigny au
Huffington Post. 'Je disais, ‘Si vous avez une autre scène avec
Kristen Stewart et que vous ne l’intégrez pas au film, vous êtes stupide. C’est
quoi votre problème ?’. Mais la plupart des films passent par là. La
plupart des scènes écrites ont été tournées, et beaucoup d’entre elles ne sont
pas incluent dans le film … Il y avait plus à ces relations qui les rendaient
encore plus complexes, et qui expliquait la raison pour laquelle Lizzie [a commis ces
meurtres]. Maintenant c’est un peu plus vague que ce que Bryce et moi voulions
faire au départ'.
'Il y avait plusieurs scènes qui n’ont pas été
incluent dans la version finale du film à cause du temps du film qu’on devait
respecter', explique Macneil à INTO. 'C’est toujours difficile de
laisser de côté des moments et des scènes que vous aimez, surtout quand vous
vous souvenez de comment c’était excitant de les filmer sur le tournage – mais c’est
simplement la nature de la post-production. C’est comme ça pour tous les films'.
Sevigny comprend comment cela fonctionne – elle travaille
dans ce business depuis 25 ans maintenant, ayant eu son premier rôle dans Kids
de Larry Clark. De dire qu’elle a mis tout son corps et son âme dans le rôle
de Lizzie est un euphémisme, il n’est donc pas difficile de croire que les scènes
coupées dont elle fait référence étaient nécessaires à cette nouvelle version
de l’histoire féministe de Lizzie Borden.
'C’est toujours un pari', dit-elle, reconnaissante le fait que trouver un réalisateur pour monter à bord d’un projet ayant déjà un
scénario et ses stars en place les laissaient avec moins de libertés.
L’actrice de 43 ans a été a plusieurs reprises choisies pour
jouer dans des rôles explicitement sexuels et souvent violents. La plupart de
ces films avaient un thème homosexuel pour le meilleur et pour le pire, car cela veut
parfois dire des conséquences et de rudes épreuves pour ces personnages LGBTQ –
Lizzie inclue. Le rôle de Lana Tisdel qui a fait connaitre Sevigny dans le film
des années 2000 Boys Don’t Cry de Kimberly Peirce est peut être le rôle
pour lequel elle est la plus connue, il lui a apporté un Indie Spirit et Satellite Award et des nominations pour les Oscars, les Golden Globe et les SAG Awards. […]
Sevigny explique que les rôles qu’elle choisit, aussi
explicite ou osé, parfois-même, controversé, ne le sont pas sans raison ou
peine.
'Je pense que d’autres films sont plus, je ne sais
pas, titilleux ou quelque chose comme ça – comme Bound', dit
Sevigny. 'Je pense que mes films – pas que je sois meilleure – mais je
pense qu’il y a un certain respect autour d’eux, que peut être que ce genre de
dialogue [salace] n’est pas quelque chose de prévalent autour d’eux. Je pense que ce qu’il se
passe entre Kristen et moi dans le film et notre amitié fait que nous sommes
liées en dehors de barrière de classe ou de sexualité ou d’identité sexuelle,
vous comprenez ? C’est quelque chose de plus grand. Et ce n’est pas non plus
gratuit, et je pense que c’est quelque chose d’important qui traverse tous mes
films. A chaque fois qu’il a du sexe, cela sert vraiment à l’histoire. Même
dans ce film – on n’est même jamais sans nos vêtements mais cela reste aussi
sexy, ou aussi possible que si nous étions nues car quand vous arrivez à ce moment-là
du film vous avez vu au combien elles sont oppressées, c’est donc gratifiant
quand on arrive à ce moment-là'.
La relation de Lizzie et Bridget ayant été découverte, cela pèse
tout au long du reste du film, avec l’homophobie qui mène M. Borden à s’assurer
que sa fille n'hériterait jamais rien de lui s’il venait à mourir. (Il donnerait
tout à la place à l’oncle de Lizzie, le tout aussi malfaisant Denis O’Hare). Le
public soutiendra certainement Lizzie pour qu’elle réussisse, et pour que sa
relation avec Bridget survive en dehors de cette ambiance suffocante dans laquelle
elles sont forcées de vivre. Au lieu de voir l’homosexualité de Lizzie comme un
péché, et la considérer comme une méchante qui mérité d’être puni, Lizzie
fournie un contexte beaucoup plus complexe dans lequel essaye de comprendre
pourquoi une jeune femme peut avoir en elle la capacité d’assassiner ses propres
parents.
'Oui je pense vraiment qu’elle est sympathique', dit Macneil à propos de Lizzie Borden. 'Le film se balade volontairement
entre une mince frontière. Cela vous permet vous identifier et de sympathiser
avec une personne qui a fait quelque chose d’extrêmement violent. Je veux que
le public se sente concerne pour elle – mais je veux aussi que nous ayons peut
d’elle'.
Sevigny dit à INTO qu’elle aime les films comme Heavenly
Creatures, 'où les femmes trouvent la force en elles et se battent contre
leurs agresseurs'.
'Si Lizzie l’a, en fait, réellement fait, il n’y avait
aucun moyen pour que Bridget ait pu savoir que ça se passé et/ou qu’elle soit
impliquée d’une quelconque façon', dit-elle, basant sa théorie d’une visite
qu’elle a effectué dans la maison des Borden. 'Pour nous, l’histoire d’amour
est plus importante que tout. Ce sont ces deux jeunes femmes qui trouvent la
force l’une en l’autre, et c’est aussi une tragique histoire d’amour. Lizzie projette tellement sur Bridget et attend tellement, et ses attentes sont qu’elle
pense qu’elle va trouver le bonheur et la liberté à travers cet amour – et à la
fin, se battre pour lui, elle finit pourtant par le perdre. C’était pour nous
un dénouement tragique'.
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