lundi 8 octobre 2018

Lizzie : Interview de Chloë Sevigny & Craig William Macneill avec INTO

A l'occasion de la press junket américaine de Lizzie, Chloë Sevigny et le réalisateur Craig William Macneill mentionnent Kristen et parlent du développement du projet, du tournage, des personnages et de l'histoire des Borden dans une interview avec INTO.


Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs


Cela fait 126 ans qu’Andrew et Abby Borden ont été retrouvés assassinés dans leur maison à Fall River dans le Massachussetts, avec leur fille de 32 ans (et respectivement belle-fille) devant la principale suspecte. Lizzie Borden, une solitaire célibataire obligée de rester à la maison, a d’un coup été poussée sous les feux des projecteurs, se défendant de toutes les accusations comme quoi elle aurait brandi une petite hache et l’aurait enfoncée dans les crânes de son père et de sa belle mère.

Même si elle n’a jamais été inculpée pour ce crime, la légende de Lizzie Borden n’a pas seulement donné naissances à des histoires et des chansons mais aussi à de vrais livres de crimes, un film TV inoubliable suivi de séries, d’un spectacle musical, et d’un musée 'bed and breakfast', tous nommés en son honneur (déshonneur ?).  Maintenant, un film mettant en vedette deux actrices du cinéma moderne et icônes rebelles – Chloë Sevigny et Kristen Stewart – nous plonge dans un aspect souvent oublié de cette saga sanglante : la supposée homosexualité de Lizzie Borden.

Les historiens ont essayé de savoir si l’amour de Lizzie Borden pour ses amies et l’évitement de ses compagnons masculins avait une quelconque signification à propos de sa sexualité (certains, choisissant de ne pas participer ce débat, l’appelant une vieille fille), il n’y avait de toute façon pas beaucoup de preuves allant dans un sens comme dans l’autre. Pourtant, certains pense que la relation qu’elle avait avec Nance O’Neil était romantique, et que Lizzie avait aussi une relation avec Bridget 'Maggie' Sullivan, la femme de chambre irlandaise de la famille âgée de 25 ans.

Dans Lizzie, Sevigny joue le personnage principal, une jeune femme fermée emprisonne dans une routine ennuyeuse dicté par son père autoritaire et moralisateur (Jamey Sheridan). Stewart est Bridget, calme et consciencieuse du fait du besoin d’argent, même quand elle doit réaliser des actes sexuels en dehors de ses objectifs de travail pour Mr. Borden. Alors que Lizzie et Bridget se découvre une haine commune envers leurs situations de vie suffocantes, elles créent un lien qui évolue en affection émotionnelle et physique, menant au point culminant : le matraquage pour lequel Lizzie Borden est tristement célèbre, qu’elle soit coupable ou non.

'C’est l’histoire de ces femmes qui trouvent la force à travers l’une l’autre, c’est aussi une tragique histoire d’amour', raconte Sevigny à INTO. 'Lizzie projette tellement sur Bridget et attend tellement d’elle, et ses attentes sont de penser qu’elle va trouver joie et liberté à travers l’amour et à la fin, en se battant pour ça elle le perd, et nous pensons que c’est un tragique revers de situation'

Sevigny était aux commandes du projet et l’a été pendant de plusieurs années alors qu’il est passé par de nombreuses itérations – d’abord en tant que série TV pour HBO qui a été abandonné à cause de la version Lifetime mettant en vedette Christina Ricci. Il y avait de nombreux réalisateurs attachés au projet à ce moment-là (Pieter Van Hees devait le réaliser à un moment donné), mais Craig Macneil a pris finalement les rênes du projet, écrit par Bryce Kass. Sevigny dit avoir aussi rencontré des réalisatrices, mais elle aimait le précédent film de Macneill The Boy, et appréciait 'le respect qu’il avait pour Kristen et moi et le script et pour le projet'.

'J’ai essayé de rester fidèle aux sentiments que j’ai eu la première fois que j’ai lu le scénario', raconte Macneil à INTO. 'Je tenais réellement à ces deux femmes coincées dans cette maison oppressante sous le contrôle de cet homme sadique. Ces deux femmes essayaient seulement de survivre et elles ont trouvé du confort, une source de réconfort l’une en l’autre. Cette connexion a pris la forme d’intimité. Et d’amour'

Quand l’avant première de Lizzie a eu lieu à Sundance en janvier dernier, c’était l’un des quatre films très en vue dont les protagonistes principales étaient des femmes homosexuelles, et un des premiers dont les droits ont été achetés pour la distribution (Saban Films ont acquis les droits pour l’Amérique du Nord). Le vainqueur du prix du jury, Miseducation of Cameron Post, était le seul film avec une femme scénariste/réalisatrice et on pouvait noter que les autres (Lizzie, Colette et Hearts Beat Loud), tous réalisés par des hommes, ont vu leurs droits pour la distribution acheté plus rapidement et de manière plus importante.

'Cela a pris deux mois pour vendre les droits de ce film', indique Desiree Akhavan le réalisateur de Cameron Post, en août à INTO. 'Le film pourrait parler de la même chose, mais être réalisé par un homme blanc hétéro et parler d’un garçon, et il serait distribué par Focus, avec une sortie dans les salles importante dans tout le pays. Les faits sont les faits'.

C’est un scénario omniprésent et frustrant dans le cinéma moderne, et bien qu'il ne soit pas aussi rebutant que cela peut l’être dans d’autres drames de cette nature, le regard de l’homme est peut être aussi bien illustré dans une des scènes de Lizzie : quand Lizzie et Bridget deviennent finalement intimes – croyant qu’elles sont finalement seules toutes les deux, ne pouvant pas être vues – elles sont tellement concentrées à faire l’amour qu’elles ne se rendent pas compte qu’elles sont observées par la fenêtre par le père de Lizzie, l’agresseur de Bridget.

'Il m’a semblé important de laisser Lizzie et Bridget couverte pour la scène d’amour et ne pas l’embellir à plus soif de quelque manière que ce soit', dit Macneil à INTO. 'On l’a filmé avec des caméras portables avec de grands objectifs, ce qui vous donne l’impression de participer et de partager l’espace avec elles plutôt que de l’observer de loin'.

Le refoulement inévitable est palpable à ce moment, réitérant le fait que les femmes comme Lizzie et Bridget, il n’y a aucune échappatoire – elles sont coincées sous la grippe des hommes à moins qu’elles ne fassent quelque chose de drastique.

Bien que les critiques qui sont ressorties de Sundance soient bonnes, surtout concernant les performances des actrices principales, Sevigny exprime qu’elle ait été quelque peu déçue avec les décisions de Macneil concernant le fait d’avoir couper des scènes qu’elle a partagé avec Stewart et Fiona Shaw (qui interprète sa belle-mère). En considérant que les meilleures scènes sont celles quand Sevigny et Stewart ont une quelconque chance de partager une conversation secrète ou un échange d’émotions dans une existence sinon plutôt stoïque, cela a été frustrant pour Sevigny, qui a essayé d’apporter quelques itérations à ce projet créer depuis 2010.

'C’était vraiment difficile', dit Sevigny au Huffington Post. 'Je disais, ‘Si vous avez une autre scène avec Kristen Stewart et que vous ne l’intégrez pas au film, vous êtes stupide. C’est quoi votre problème ?’. Mais la plupart des films passent par là. La plupart des scènes écrites ont été tournées, et beaucoup d’entre elles ne sont pas incluent dans le film … Il y avait plus à ces relations qui les rendaient encore plus complexes, et qui expliquait la raison pour laquelle Lizzie [a commis ces meurtres]. Maintenant c’est un peu plus vague que ce que Bryce et moi voulions faire au départ'.

'Il y avait plusieurs scènes qui n’ont pas été incluent dans la version finale du film à cause du temps du film qu’on devait respecter'explique Macneil à INTO. 'C’est toujours difficile de laisser de côté des moments et des scènes que vous aimez, surtout quand vous vous souvenez de comment c’était excitant de les filmer sur le tournage – mais c’est simplement la nature de la post-production. C’est comme ça pour tous les films'

Sevigny comprend comment cela fonctionne – elle travaille dans ce business depuis 25 ans maintenant, ayant eu son premier rôle dans Kids de Larry Clark. De dire qu’elle a mis tout son corps et son âme dans le rôle de Lizzie est un euphémisme, il n’est donc pas difficile de croire que les scènes coupées dont elle fait référence étaient nécessaires à cette nouvelle version de l’histoire féministe de Lizzie Borden.

'C’est toujours un pari', dit-elle, reconnaissante le fait que trouver un réalisateur pour monter à bord d’un projet ayant déjà un scénario et ses stars en place les laissaient avec moins de libertés.

L’actrice de 43 ans a été a plusieurs reprises choisies pour jouer dans des rôles explicitement sexuels et souvent violents. La plupart de ces films avaient un thème homosexuel pour le meilleur et pour le pire, car cela veut parfois dire des conséquences et de rudes épreuves pour ces personnages LGBTQ – Lizzie inclue. Le rôle de Lana Tisdel qui a fait connaitre Sevigny dans le film des années 2000 Boys Don’t Cry de Kimberly Peirce est peut être le rôle pour lequel elle est la plus connue, il lui a apporté un Indie Spirit et Satellite Award et des nominations pour les Oscars, les Golden Globe et les SAG Awards. […]

Sevigny explique que les rôles qu’elle choisit, aussi explicite ou osé, parfois-même, controversé, ne le sont pas sans raison ou peine.

'Je pense que d’autres films sont plus, je ne sais pas, titilleux ou quelque chose comme ça – comme Bound', dit Sevigny. 'Je pense que mes films – pas que je sois meilleure – mais je pense qu’il y a un certain respect autour d’eux, que peut être que ce genre de dialogue [salace] n’est pas quelque chose de prévalent autour d’eux. Je pense que ce qu’il se passe entre Kristen et moi dans le film et notre amitié fait que nous sommes liées en dehors de barrière de classe ou de sexualité ou d’identité sexuelle, vous comprenez ? C’est quelque chose de plus grand. Et ce n’est pas non plus gratuit, et je pense que c’est quelque chose d’important qui traverse tous mes films. A chaque fois qu’il a du sexe, cela sert vraiment à l’histoire. Même dans ce film – on n’est même jamais sans nos vêtements mais cela reste aussi sexy, ou aussi possible que si nous étions nues car quand vous arrivez à ce moment-là du film vous avez vu au combien elles sont oppressées, c’est donc gratifiant quand on arrive à ce moment-là'.

La relation de Lizzie et Bridget ayant été découverte, cela pèse tout au long du reste du film, avec l’homophobie qui mène M. Borden à s’assurer que sa fille n'hériterait jamais rien de lui s’il venait à mourir. (Il donnerait tout à la place à l’oncle de Lizzie, le tout aussi malfaisant Denis O’Hare). Le public soutiendra certainement Lizzie pour qu’elle réussisse, et pour que sa relation avec Bridget survive en dehors de cette ambiance suffocante dans laquelle elles sont forcées de vivre. Au lieu de voir l’homosexualité de Lizzie comme un péché, et la considérer comme une méchante qui mérité d’être puni, Lizzie fournie un contexte beaucoup plus complexe dans lequel essaye de comprendre pourquoi une jeune femme peut avoir en elle la capacité d’assassiner ses propres parents.

'Oui je pense vraiment qu’elle est sympathique', dit Macneil à propos de Lizzie Borden. 'Le film se balade volontairement entre une mince frontière. Cela vous permet vous identifier et de sympathiser avec une personne qui a fait quelque chose d’extrêmement violent. Je veux que le public se sente concerne pour elle – mais je veux aussi que nous ayons peut d’elle'.

Sevigny dit à INTO qu’elle aime les films comme Heavenly Creatures, 'où les femmes trouvent la force en elles et se battent contre leurs agresseurs'.

'Si Lizzie l’a, en fait, réellement fait, il n’y avait aucun moyen pour que Bridget ait pu savoir que ça se passé et/ou qu’elle soit impliquée d’une quelconque façon', dit-elle, basant sa théorie d’une visite qu’elle a effectué dans la maison des Borden. 'Pour nous, l’histoire d’amour est plus importante que tout. Ce sont ces deux jeunes femmes qui trouvent la force l’une en l’autre, et c’est aussi une tragique histoire d’amour. Lizzie projette tellement sur Bridget et attend tellement, et ses attentes sont qu’elle pense qu’elle va trouver le bonheur et la liberté à travers cet amour – et à la fin, se battre pour lui, elle finit pourtant par le perdre. C’était pour nous un dénouement tragique'.



Source: INTO
Via: TeamKristenSite

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