A l'occasion du Festival du Film de Sundance 2018, Chloë Sevigny mentionne Kristen et parle de Lizzie, de leur collaboration, du développement du projet, des personnages et des mouvements féminins #MeToo et Time's Up dans une interview avec Movie TV Tech Geeks.
Traduction faite par le staff de KStew France. Merci de nous créditer avec LIEN si vous la reprenez ailleurs
Journaliste :
Vous avez été attachée au fait de jouer Lizzie Borden pendant une
décennie alors que le projet a subi divers incarnations. Pouvez-vous
parler du long voyage pour faire de cette histoire un long métrage ?
Chloë Sevigny :
Oh mon dieu, c'est si long et impliqué. [Rires] Cela a commencé la
première fois [lorsque] j'ai visité le 'bed and breakfast' à Fall
River [la maison où les meurtres ont eu lieu est maintenant un 'bed
and breakfast' et un musée]. Je conduisais à travers le
Massachussetts avec mon petit ami de l'époque, nous allions rester
dans la maison, puis aller à Salem, pour une escapade d'Halloween
qui fout la chair de poule et un week end romantique. Dès que je
suis entrée dans cette maison, ce fut un moment qui s'est
cristallisé et j'ai su que je devais jouer cette personne. Je me
sentais si empathique vis à vis de son sort. Son histoire est
tellement fascinante, car il y a tellement de théories différentes
et c'est toujours non résolu. Le monde est fasciné par elle depuis
plus de cent ans maintenant. Elle inspire encore tant de livres, de
films, d'opéras et tant d'autres choses. Elle est emblématique en
tant qu'héroïne marginale. C'est le moment où j'ai réalisé que
j'avais besoin de faire ça.
Journaliste :
Il s'agit clairement d'un projet de passion. Comment avez-vous
commencé le processus de transformation en un film ?
Chloë Sevigny :
Je vivais en colocation avec mon ami Bryce Kass à Los Angeles. Il
était un écrivain en difficulté alors je lui ai demandé de
l'écrire. Il a écrit un plan avec les grandes lignes et il y avait
tellement d'exposition et nous avons appris tellement de choses –
comme par exemple la police était à un pique nique à quelques
kilomètres de là. Il y avait tellement de détails incroyables que
nous pouvions mettre dans cette histoire qu'il était difficile de
comprendre comment nous voulions le faire. J'étais sur Big Love
à l'époque et très proche de Peter Friedlander [un producteurde de
HBO Series], alors je lui ai demandé et il a a dit que nous devrions
le présenter à HBO. À l'époque – c'était il y a 10 ans – ils
nous auraient donné plus d'argent et d'exposition et plus de gens le
verraient sur HBO que si nous le faisions comme un film indépendant.
Cela avait plus de sens pour moi, vous comprenez ? Nous avons
fait le pitch et il a été là pendant un moment. Ils ont gardé le
matériel pendant très longtemps. Bryce a dû le réécrire comme
une mini série. Ce fut à plusieurs reprises une mini série en deux
parties et une mini série en trois partie. Puis, ils nous ont mis
sur le côté et ensuite ils nous ont repris et il y a eu tellement
de réalisateurs attachés. En fin de compte, ça n'a pas marché
pour nous. Nous ne pouvions pas le présenter à d'autres réseaux
pour diverses raisons dont je n'avais aucune idée parce que j'étais
tellement néophyte dans tout ce processus. La prochaine fois, je
prendrai un avocat qui me tiendra la main à chaque étape parce que
c'est complètement dingue.
Journaliste :
Mais votre endurance a finalement porté ses fruits.
Chloë Sevigny :
Finalement, nous avons dû le retravailler en un long métrage et
essayer de le produire de manière indépendante nous-mêmes. Nous
avons organisé beaucoup de réunions et nous l'avons envoyé à
beaucoup de réalisateurs. J'étais attachée et Kristen [Stewart]
était en quelque sorte attachée, donc c'est difficile d'aller voir
des réalisateurs visionnaires qui travaillent sur leurs propres
projets lorsque vous avez déjà des acteurs qui sont attachés. Nous
avons regardé les films de Craig Macneill et nous avons eu des
entretiens avec lui. En fait il venait d'un endroit très proche de
Fall River et il avait un lien très personnel avec Lizzie, alors
nous avons décidé de nous lancer avec lui. Nous avons trouvé des
financiers indépendants et mis en place des ventes à l'étranger et
nous avons tout regroupé. Tout a été réuni très rapidement.
Journaliste :
Vous êtes né dans le Massachusetts, qui est l'état de Lizzie
Borden. A quel moment avez-vous eu connaissance d'elle pour la
première fois ?
Chloë Sevigny :
J'ai d'abord eu connaissance d'elle avec une comptine probablement au
collège ou peut être étais-je plus jeune. Je ne savais pas grand
chose à son sujet. Je suis sortie une nuit pour Halloween dans la
ville et une de mes meilleures amies était habillée comme elle pour
Halloween, alors je me suis penchée sur le sujet.
Journaliste :
Quel était l'attrait de son histoire pour vous ?
Chloë Sevigny :
Tout d'abord, elle était si mal comprise et elle n'avait pas de
véritable exutoire. J'étais très empathique vis à vis de cela. Je
ne dirais pas qu'elle est folle de quelque manière, contour ou
forme. Je pense simplement qu'elle était dérangée. Jouer une
personne subtilement perturbée était quelque chose que je n'avais
jamais fait auparavant et cela m'intéressait en tant qu'actrice.
Journaliste :
Quelles recherches avez-vous faites ?
Chloë Sevigny :
Je suis restée dans la maison à Fall River plusieurs fois. J'y suis
allée une fois seule, une fois avec Bryce et une fois avec l'amie
qui s'était déguisée en Lizzie pour Halloween. [Rires] Nous sommes
allés à son dernier lieu de repos à Fall River et nous avons
marché autour de Bedford. J'y suis retournée avec Craig et notre
directeur de la photographie et notre directeur artistique pour faire
plus de recherches à la Fall River Historical Society. C'était très
utile pour créer une version totalement complète d'elle. Nous avons
vu ses objets et ils nous ont donné la permission d'utiliser une
photo de sa mère dans le médaillon. J'ai lu presque tous les livres
sur elle et il y en a beaucoup. J'ai lu [des choses] à propos de
différentes femmes à ce moment-là, même Emily Dickinson. Il y a
une bonne biographie sur sa vie et [le fait] d'être emprisonnée
dans sa maison, ce qui m'a donné un aperçu de ce qu'était la vie à
cette époque. Mes recherches étaient assez étendues.
Journaliste :
Vous avez vraiment monté une rage palpable lorsque vous étiez en
train de manier la hache. De quelle manière vous préparez-vous
psychologiquement à jouer une scène comme celle-là ?
Chloë Sevigny :
Je me suis préparée pour ça pendant 10 ans. J'étais nue dans
cette scène et maintenant je suis incapable de dormir tous les
soirs. [Rires] J'ai 43 ans et je ne peux pas croire que je l'ai fait.
Ce n'est pas que je le regrette parce que je voulais que ce soit très
charnel et choquant, mais maintenant je me sens très vulnérable, en
toute honnêteté. C'est mon opinion et celle des écrivains qu'elle
a fait ça et il y a beaucoup de gens qui prétendent qu'elle ne l'a
pas fait. Il y a une théorie qu'elle est entrée dans un état de
choc épileptique.
Journaliste :
Lizzie a une relation amoureuse avec Bridget, la femme de ménage,
interprétée par Kristen Stewart. De quelle manière cela est-il
basé sur des faits ?
Chloë Sevigny :
Cela n'est pas vraiment basé sur des faits. Il y a beaucoup de
récits de ses relations avec d'autres femmes, en particulier Nance
O'Neill, qui était une actrice. Il y a des théories qui expliquent
la raison pour laquelle Emma, sa sœur, et elle, ne se parlaient pas
les dernières années de leur vie. Nous avons pris une liberté avec
ça. Il y a des preuves que Bridget était de mèche et devait être
dans la maison [lorsque les meurtres ont eu lieu]. Peut être que ces
dames avaient l'une des amitiés que certaines femmes avaient à
cette période, qui étaient plus intimes parce qu'elles n'avaient
personne d'autre. Je pense qu'après avoir passé du temps à la
maison, nous avons déterminé qu'il était impossible que Bridget ne
soit pas de mèche.
Journaliste :
Il s'agit d'un film dont l'époque résonne aujourd'hui de bien des
façons. Lizzie et Bridget ont toutes les deux été abusées par un
homme dans le film. De quelle manière pensez-vous que le film
résonnera dans le climat actuel alors que les mouvements #MeToo et
#TimesUp invoquent un comportement inacceptable de la part des
hommes ?
Chloë Sevigny :
Depuis que tout cela est arrivé récemment, eh bien, je veux dire
que j'ai toujours considéré ce film comme une claque face au
patriarcat. C'est extrême, c'est violent et cela explose au visage
du patriarcat. C'est ainsi que je l'ai présenté il y a 10 ans.
Mettre plus de femmes au pouvoir est le seul moyen de protéger les
jeunes filles. Je pense que les hommes en abuseront toujours et plus
ils seront dénoncés et tenus responsables, moins ils seront
susceptibles d'agir de façon fâcheuse envers les femmes – donc
les femmes doivent occuper plus de postes de pouvoir. C'est le seul
moyen de changer la dynamique. Il y a plus de poids et d'importance
pour les les films aujourd'hui. Même pour Beatriz At Dinner
[son fils a été projeté en avant première à Sundance en 2017],
qui traite de tellement de choses différentes maintenant. J'ai
vraiment de la chance de faire partie de films qui reflètent ce qui
se passe dans la société d'aujourd'hui.
Source: MovieTVTechGeeks
Via: TeamKristenSite
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